Bonsoir
micnet, cela faisait un moment que nous ne nous n’avons pas échangé, j’ espère
que vous vous portez bien.
-Mon cher MaQ, je connais fort bien votre
rhétorique sur ce sujet et je ne cherche même pas à discuter ce point, d’autant
que vous avez raison au sens stricto sensu du terme (tout comme l’aristocratie
n’a jamais "vraiment" existé non plus). Mais une fois qu’on a posé ce
diagnostic, en est-on plus avancé ?
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Si nous sommes d’ accord que la démocratie, l’aristocratie ou même la monarchie
ne sont que des régimes politiques théoriques qui ne correspondent pas à la
réalité alors oui , nous sommes sacrément avancé.
Cela
signifie simplement que la question de la démocratie (et même celle de l’égalitarisme)
n’en est pas une, puisqu’ elle n’existe
pas et qu’elle n’ existera jamais. C’est un faux problème puisque nous sommes
et seront toujours en oligarchie (du moins tant que la politique, l’économie et
l’Etat existeront).
Comment
gérer cette question d’oligarchie structurelle , voilà la vraie question.
-Là aussi, je reconnais bien votre
relativisme intégral ! Mais c’est très intéressant car cette remarque
illustre parfaitement le coeur du débat et cette tendance moderne
(machiavélienne si vous voulez) à considérer que "tout se vaut",
Je
vous arrête, je n’ai jamais dit que tout se vaut (je ne dis pas non plus que
tout ne se vaut pas). Je dis que les hommes évaluent de façon différente selon
le contexte socio culturel et historique (ce qui est un fait, le meilleur dans une
société guerrière n’ est pas le meilleur dans une société marchande , le
meilleur dans une société Européenne du moyen âge n’est pas le meilleur dans
une société amérindienne précolombienne etc , tout simplement parce que les
valeurs qui traversent ces sociétés sont
différentes).Comprenez vous mon propos ? Je ne pose pas la question de
savoir s’il existe des valeurs absolues qui s’imposent à tous les hommes dans
tous les contextes, peut être que cela existe, peut être pas , je n’ en sais
rien. Mais si ces valeurs existent personne ne les connaît ou ne peut prouver
les détenir même si chacun peut prétendre le contraire.
Vous
avez cité pas delà le bien et le mal, à mon tour de vous renvoyer à Ainsi parlait Zarathoustra : « Zarathoustra a vu beaucoup de contrées et
beaucoup de peuples : c’est ainsi qu’il a découvert le bien et le mal de
beaucoup de peuples. Aucun peuple ne pourrait vivre sans évaluer les valeurs ;
mais s’il veut se conserver, il ne doit pas évaluer comme évalue son voisin.
Beaucoup de choses qu’un peuple appelait bonnes, pour un autre peuple étaient
honteuses et méprisables : voilà ce que j’ai découvert. Ici beaucoup de
choses étaient appelées mauvaises et là-bas elles étaient revêtues du manteau
de pourpre des honneurs ».
Maintenant, si vous, mon cher contradicteur estimez connaître
ce qu’est le meilleur dans l’absolu, je serais bien curieux de savoir comment
vous en êtes arrivé à la connaissance de cette Vérité universelle absolue. Mais
vous et moi savons pertinemment que ces évaluations du meilleur sont relatives
et subjectives. Admettez-le et passons à
autre chose. L’ utopie ’aristocratique n’est donc qu’une lubie d’idéaliste à l’idéologie
aristocratique sans fondement réaliste.
-Moi,
comme vous le savez, je suis plutôt attaché à l’esprit de la Tradition qui
hiérarchisait les valeurs et je considère qu’il y a effectivement des notions
"supérieures" et "meilleures" que d’autres !
-------->Aujourd’hui on hiérarchise aussi les
valeurs, la hiérarchie est simplement différente et elle changera encore dans
le futur, comme elle change depuis la
nuit des temps.
Aucun réaliste ne peut sérieusement penser que
les valeurs sont immuables et figés. Seuls les idéalistes et les utopistes le
peuvent. Mais bon, ceci dit ils ont
aussi le droit d’exister, s’ ils même sont
déconnecté du réel des processus historiques et vivent dans leur fantasme.
-Puisque "en pratique" ce sont les
minorités qui gouvernent toujours (ce avec quoi je suis d’accord), c’est
donc bien la preuve que cela n’a aucun sens de vouloir officiellement donner le
pouvoir à une majorité, puisque celle-ci, précisément ne gouverne
jamais !
-------->
Bien sur. Je ne connais personne de sérieux qui veuille une vraie démocratie dans
laquelle la majorité gouvernerait dans nos sociétés modernes technicienne contenant
plusieurs dizaines de millions d’individus, cela n’aurait aucun sens (je ne
compte pas les idéalistes utopistes démocrates mais ils sont ultra minoritaire
et généralement sous perfusion de cannabis).
Même
l’idée lancée par Chouard de constituante citoyenne ne consiste pas à cela. Tout
le monde en général comprend très bien le fait qu’il faille des gouvernés et
des gouvernants dans nos sociétés complexes, c’est une question de bon sens.
-
C’est quand même amusant car on est en
désaccord sur le constat mais on est pratiquement d’accord sur le type de
régime qui nous paraîtrait le plus adapté. Allez comprendre
-------->
Moi non plus je ne comprends pas.
Le
principe du régime mixte est que les gouvernés contrôlent et s’opposent si nécessaire
aux gouvernants grâce à des leviers institutionnels
pour mettre un frein aux dérives oligarchiques, mais bien dosés de manière à ne
pas tomber dans une dérive ochlocratique.
Donc
je me demande comment on peut arriver à la même conclusion alors que je
considère que votre histoire de causalité démocratique, de tyrannie de la
majorité et d’égalitarisme est à mon sens un pur fantasme.
Vous
deviez être pour un régime oligarchique dans lequel le peuple n’ a pas grand-chose
à dire et serait gouverné par des hommes prétendument supérieur ( ce en quoi
moi je ne crois absolument pas ).