-Attention,
je n’ai pas dit que la démocratie, l’aristocratie ou la monarchie ne
correspondaient pas à la réalité, je dis très exactement que les régimes qui se
sont mis en place ne correspondent pas stricto sensu à ces 3 définitions données notamment
par JJ Rousseau dans Le Contrat Social. Mais ce
régime est bien une démocratie "au sens général" du terme dans la
mesure où c’est le peuple qui choisit au suffrage universel ses
représentants !
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Moi, je ne connais pas le sens général du terme démocratie.
Ce
sens général est vraiment gazeux comme concept, ca veut dire tout et n’ importe
quoi, je n’y comprends strictement rien.
Par
contre lorsque l’on va simplement à l’étymologie du terme, là cette notion a un
sens et le suffrage universel ne lui est pas corrélé.
-Je sais que vous n’êtes
pas d’accord avec ça mais parmi les 3 régimes théoriques que sont la
démocratie, l’aristocratie et la monarchie, notre régime actuel se rapproche le
plus (et de loin) d’une démocratie.
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Le régime représentatif a été conçu avec l’intention d’être une aristocratie élective, cela est un fait,
il suffit de lire les débats lors de son instauration dans des pays comme l’
Angleterre , les Etats-Unis , le Canada , la France etc.
Mais
dans sa réalité et comme tous les régimes politiques dans des sociétés
complexes depuis des millénaires ce sont
des oligarchies.
C’est pour cette raison que cette question, de » démocratie
« à mon sens est un fantasme.
-Donc à partir du moment où l’idéologie
humaniste a, en quelque sorte, sacralisé l’Homme en tant que finalité et non
plus en tant que maillon de ce grand tout que l’on nomme Nature
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Je considère que ces débats politiques sur la nature ( ou sur Dieu par
extension ) sont du même ordre que ceux sur l’ égalité ou l’ humanisme.
Il
ne s’agit en réalité que de discours de légitimation des oligarchies : le
plus fort ne peut pas le rester éternellement, il doit donc transformer sa
force en droit et donc en légitimité pour continuer de gouverner. Alors il recourt
à la nature, aux dieux, à des discours humanistes (peut être aux
extraterrestres demain qui sait) pour se donner une légitimité auprès de ceux qu’il
gouverne.
Les
réalistes ne prennent pas aux mots ce genre de discours romantiques, idéalistes et utopistes pour ne
percevoir que sa fonction politique de façon sèche et sans frissons chevaleresque.
Et structurellement, le pouvoir est oligarchique, cela était
vrai hier, il l’est aujourd’hui et il le sera demain. On peut toujours parler
des dieux, de nature ou d’humanisme mais cela ne change rien à cette réalité :
comment prendre le pouvoir, comment le garder, comment augmenter sa puissance ,c’est cela la réalpolitik.
- l’important est que
chaque société, chaque communauté en aient ! S’il n’y a plus aucune valeur ni aucune hiérarchie
au-niveau de ces valeurs, alors nous assisterons (et même nous
"assistons" au présent) à un éclatement des sociétés par
l’atomisation de ses individus (là c’est du Tocqueville).
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Dans toutes les sociétés il y’ a des valeurs et
une hiérarchie de ces valeurs y compris les notre, puisque vous parlez vous même
de valeurs humanistes (pour être plus englobant je parlerai de valeurs
libérales).
Je ne dis pas que ces valeurs sont bonnes ou mauvaises cela est un autre débat, je dis simplement que
ces valeurs existent qu’on les aime ou pas.
-Parfait mais alors dans ce cas, puisque nous
sommes d’accord pour dire que ce sont toujours les minorités qui gouvernent,
prenant acte de ce constat, autant que ces minorités soient les meilleures
possibles, vous ne pensez pas ? ("meilleures" suivant des
critères que nous pourrions définir ensemble, comme on l’avait fait lors de
notre échange sur la
Constitution
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Mais c’est déjà le cas micnet , les régimes représentatifs sont conçus pour que
ce soient les meilleurs qui gouvernent , c’ est précisément la raison pour
laquelle ce sont des régimes voulu comme aristocratiques.
Qui
sont les meilleurs dans le système de représentation libérale et humaniste ?
Réponse : ceux qui passent par l’épreuve du suffrage.
Donc
la question n’est pas tant de chercher à ce que ce soient les meilleurs qui gouverne,
cela est une évidence, mais c’est définir le système de valeurs à partir duquel
on définit ce qu’est le meilleur.
Mais
au-delà de cela : quel que soit la définition que l’on donne au meilleur,
toute les oligarchies finissent de toute façon par dégénérer en tyrannie.
Et
là c’est une divergence fondamentale que j’ai avec les idéalistes utopistes
aristocratiques : dans leur perception romantique de la politique, il suffit
que les meilleurs tels qu’ils les définissent gouvernent pour que le système
soit bon. Je considère que c’est une niaiserie, c’est d’une naïveté dangereuse,
il n’existe pas de bons gouvernements (cela peut exister un temps mais ce n’est
précisément qu’une petite période avant que la dérive ne survienne), ils sont
tous mauvais (cfr les cycles Polybiens).
Chercher
la meilleure oligarchie possible est
important mais loin d’être suffisant.