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Commentaire de La Vouivre

sur Guérir de toutes les maladies ! le jeûne première médecine


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La Vouivre La Vouivre 26 juillet 2015 09:56

@Joe Callagan
Oui Oui les femmes n’ont pas toujours été anorexiques comme modèles de beauté, à une époque les femmes Michelin aux gros bourrelets étaient très recherchées car c’était un signe de richesse alors à chaque époque ses tares et puis c’était pas la faute à Mac Do ou Mosanto et c’est toujours le cas en Afrique par exemple ou les obèses sont très prisées.

Histoire des représentations de l’obésité
Le lien entre obésité et santé est évoqué par ce tableau (Der Völler, « Le glouton ») de 1804, du peintre Georg Emanuel Opitz (1775–1841) - gouache sur papier.

L’histoire des représentations de l’obésité est décrite par l’historien Georges Vigarello dans son ouvrage Les Métamorphoses du gras. Histoire de l’obésité du Moyen Âge au XXe siècle en six parties.

  • La première partie sur « le glouton médiéval » rappelle qu’au Haut Moyen Âge et au Moyen Âge central, époques marquées par les famines et les disettes, l’homme gros jouit d’un prestige car il représente selon les mentalités de l’époque un chevalier vigoureux, un seigneur opulent dont la santé est assurée par l’accès à une surabondance de nourriture. La femme quant à elle doit rester gracile qui est associée à une certaine vulnérabilité. Les chroniques et les rumeurs ne valorisent pas le glouton quand la forte corpulence dégénère en obésité : Berthe, la fille de Charlemagne, aurait été répudiée pour sa grosseur ; Guillaume le Conquérant est mort de graisses « qui auraient fondu à l’intérieur et l’auraient noyé » ; Philippe Ier est obèse au point de ne plus même pouvoir monter à cheval ; l’embonpoint de Louis le Gros est tel que ses excès de table seraient la cause de sa mort6. À partir de la renaissance du XIIe siècle, ce prestige décline sous l’influence de trois milieux sociaux : les clercs, notamment ceux des ordres mendiants qui vivent de la charité, font de la gourmandise un péché capital ; les médecins, mieux formés grâce au développement des universités, conseillent les nobles à plus de sobriété ; les milieux de la cour où la quête du raffinement exige du chevalier plus de finesse (physique et morale) pour pratiquer l’amour courtois, la danse ou manier son cheval lors des joutes équestres7.
  • La seconde partie sur « le balourd moderne » débute à la Renaissance, époque du travail, de la technique et de la finesse. Le gros est alors stigmatisé pour sa lourdeur, sa paresse, son inhabileté, son inutilité. Les Grandes découvertes sont à l’origine de l’importation de sucre dont la consommation se diffuse dans l’aristocratie puis la bourgeoisie européenne, d’où le développement de l’obésité6. L’exigence de minceur qui se poursuit jusqu’au XVIIIe siècle concerne alors aussi bien les hommes que les femmes. Les médecins se basent sur la théorie des humeurs pour traiter l’obésité par la saignée, la purge ou la technique d’« assécher » (boire le moins possible)8. Rabelais, pourtant soucieux de son apparence, réagit contre ce « politiquement correct »[réf. nécessaire] pour donner naissance à « Gargantua et à d’autres géants de haute graisse »9. Des artistes comme Véronèse, Titien mettent en avant les rondeurs érotiques. Si Rubens est l’archétype du peintre des femmes grasses et opulentes, il ne faut pas oublier qu’il s’agit essentiellement de femmes mythologiques, les femmes qu’il voit et qu’il aime (telle sa femme Isabella Brant) sont représentées minces et corsetées.
  • La troisième partie « de la balourdise à l’impuissance des Lumières et la sensibilité » traite du XVIIIe siècle qui voit s’intensifier la critique envers les gros dont l’obésité est associée à l’insensibilité, l’affadissement de la personnalité, critique qui se base sur des mesures scientifiques (balance, utilisation du calorimètre par Antoine Lavoisier)10. Le développement des restaurants revêt une vocation diététique puisqu’on y sert des bouillons reconstituants fait de jus de viande dégraissés. Les médecins qui voient dans l’obésité une pathologie recommandent alors l’exercice et les bains froids pour tonifier le corps11. Ironie de l’histoire, les sucres sont à cette époque recommandés pour lutter contre l’obésité12.
  • La quatrième partie met en avant « le ventre bourgeois ». La bourgeoisie d’affaires qui a pris le pouvoir, prend le contrepied des valeurs aristocratiques en affichant son embonpoint, signe de réussite sociale au XIXe siècle. Le bourgeois gastronome est décrit comme un « gastrophore » dont l’obésité est le blason13. Cependant, un excès d’embonpoint peut être associé à la vanité et cette infirmité peut être source d’une certaine souffrance sociale. À la fin du XIXe siècle, il y a à nouveau un retournement des mentalités pour qui le gros ventre du bourgeois n’est plus que le signe de sa cupidité alors que les femmes sont toujours soumises au diktat de la minceur qui peut être assurée par les corsets, les robes à crinoline. Le développement de la science s’appuie désormais sur les pesées systématiques et des statistiques qui confrontent la taille et le poids14.
  • La cinquième partie « vers le martyre » décrit comment, à la fin du XIXe siècle, l’esthétique a pris le pas sur la morale en accordant plus d’attention à la silhouette avec la banalisation de l’usage du miroir en pied, de la balance et l’exposition des corps qui va de pair avec l’avènement des loisirs et des journaux de mode qui incitent les femmes à se convertir à la silhouette élancée15. Cette époque voit le développement des régimes amaigrissants, des cures thermales et des publicités qui mettent en avant les produits amincissants. L’avènement de l’hygiénisme, des guerres coloniales et modernes voit la mise en place d’un discours diététique, sous forme d’un corps de connaissances et d’outils (tels les schémas, les graphes)16.
  • La sixième partie sur « les mutations du débat contemporain. Mal identitaire, mal sournois » revient sur la tyrannie de la minceur et l’épidémie mondiale qu’est devenue l’obésité qui touche désormais essentiellement les classes populaires, jugées non plus de trop se nourrir mais incapables de bien se nourrir, l’obèse étant perçu comme une menace pour la société (« taxe obésité » dans les avions, surcoût dans les budgets de la santé, frein à la productivité, etc.)12.


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