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Commentaire de NicoContagem

sur "Expelled" : le documentaire sur la guerre des Darwinistes menée contre le Dessein Intelligent (intelligent Design) aux USA


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NicoContagem NicoContagem 31 juillet 2015 15:41

Il semblerait qu’il y ait deux types d’évolutions ?

Pr Dorst. - Oui. Il y a tout d’abord la micro-évolution : c’est-à-dire le passage progressif d’une espèce à une autre espèce, voisine de la première. C’est un phénomène très bien connu, on le constate dans les laboratoires où des milliers d’expériences ont été effectuées.

Mais il y a aussi la macroévolution, c’est-à-dire le passage d’un type d’organisation à un autre, des batraciens aux reptiles ou des reptiles aux oiseaux, par exemple.

Les théories darwiniennes actuelles peuvent-elles l’expliquer ?

Georges Teissier, qui fut l’un de mes professeurs disait : « Une petite mutation... une petite mutation, etc. », et l’on passerait ainsi d’une espèce à une autre espèce, d’un ordre à un autre ordre - uniquement par l’action de petites mutations « dues au hasard »- et de la sélection naturelle censée éliminer les individus les moins performants. Voilà le « darwinisme « . Mais ce n’est pas vrai. Il y a là une extrapolation abusive. Les mécanismes qui permettent de comprendre comment une petite « distance « évolutive (entre le loup et le chien par exemple) peut être franchie ne sont pas les mêmes que ceux qui peuvent expliquer le franchissement d’une grande "distance ".

Sur quels faits vous fondez-vous pour dire cela ?

Mon maître Pierre-P. Grassé disait :" Expliquez-moi l’œil et je vous accorderai tout le reste ". On ne voit pas (c’est le cas de le dire) comment une successions de petites mutations au hasard pourrait produire un tel résultat. Mais c’est la même chose pour la sortie de l’eau, ou le passage des batraciens aux reptiles, ainsi que pour les oiseaux. Il faut tellement d’adaptations complexes pour permettre le vol tel que les oiseaux le pratiquent, qu’on ne peut pas, malgré l’existence de fossiles tels que l’archéoptéryx, expliquer la genèse des oiseaux par une « micro-évolution ».

Pourtant les théories darwiniennes prétendent fournir une explication globale de l’évolution.

Un de mes amis, qui est marxiste, a coutume de dire que la philosophie est comme une pièce plongée dans l’obscurité la plus totale où il y a un chat noir que l’on cherche à attraper, et que le marxisme est aussi une pièce noire dans laquelle il n’y a pas de chat noir mais, là, on crie bien fort qu’on a attrapé le chat !

Eh bien ! c’est pareil pour le darwinisme. On crie qu’on a « attrapé « la solution pour expliquer l’évolution, alors que cette solution ne se trouve pas dans la pièce où on la cherche ! On ne peut pas expliquer le passage de l’amibe à l’homme en quelques centaines de millions d’années avec les seuls mécanismes postulés par les darwiniens. Une telle évolution a pourtant existé, mais les faits nous montrent qu’un certain nombre de « sauts » évolutifs, des sauts à la fois qualitatifs et quantitatifs, ont dû se produire au cours de son déroulement pour rendre compte de tels sauts il faut qu’existent d’autres mécanismes que ceux que nous voyons actuellement en action dans la nature. Il faut donc avoir le courage de reconnaître que nous n’avons pas d’explication globale de l’évolution.

Vous êtes donc en accord avec la conclusion de l’ouvrage de Michael Denton qui disait : « Le mystère des mystères, l’origine des êtres vivants sur terre est toujours aussi énigmatique qu’à l’époque où Darwin embarquait sur le « Beagle » (I)

Oui, tout à fait. Cet ouvrage qui a été très critiqué, et même taxé d’ouvrage « créationniste « - ce qui est totalement absurde - contient des erreurs et quelques extrapolations, mais sa conclusion générale est absolument correcte : nous voyons naître de nouvelles espèces, mais ce sont toujours des reptiles, des mammifères, bref du « déjà vu « et non des nouveaux types d’organisation. Et nous ne savons pas comment les types actuels se sont formés.

Il y a quand même bien quelques pistes qui s’offrent à nous ?

A partir du moment où, comme je le crois, le hasard ne peut expliquer l’évolution, se pose la question de la finalité. Le finalisme est la bête noire des scientifiques... Alors, suis-je finaliste ? En tant que scientifique je m’en défends. Mais au fond il y a quand même un dessein, et ce dessein est inscrit dans la nature que nous observons, dans l’équilibre entre les espèces, que je constate en tant qu’écologiste, dans certaines adaptations extraordinaires que l’on observe (entre les plantes et les insectes, notamment) et qui vont bien au-delà de ce que la théorie darwinienne peut expliquer.

Le hasard existe au niveau de la micro-évolution mais il n’existe pas au niveau fondamental : à un tel niveau il existe des lois que nous n’avons pas encore identifiées qui permettent la réalisation du programme.

Peut-on dire dans ce cas que l’homme ou les mammifères seraient apparus de toute façon dans l’évolution, même si elle avait été différente ?

Pour l’homme je ne peux en être certain mais pour les mammifères je pense que oui. J’ai écrit en préface à un ouvrage collectif que j’ai dirigé : "supposons que la vie soit apparue ailleurs dans l’Univers, quelle serait sa forme ? C’est bien sûr une spéculation de ma part mais je pense qu’elle serait apparue de la même façon, qu’on aurait retrouvé les mêmes types d’organisation ".

Pourtant dans la vision darwinienne, il est exclu que le même phénomène se produise deux fois de façon identique ?

C’est parce que la notion de programme n’est pas prise en compte. Si tout était dû au hasard, la formation de chaque espèce résulterait d’une accumulation de hasards tellement improbables qu’il serait exclu que cela se produise plus d’une fois.

Avons-nous des preuves de l’existence de tels " programmes ?"

Oui, quand un insecte imite un serpent, par exemple, il s’agit d’un pur hasard, mais il existe des papillons qui imitent d’autres papillons et cela de façon si parfaite qu’on les confond, alors qu’il s’agit d’espèces très différentes (au plan physiologique). Cela est d’autant plus significatif que « l’imitateur » n’a aucun intérêt à le faire, « l’imité « étant aussi comestible que lui-même... Comment allez-vous expliquer cela sans dire que la vie obéit à un programme de développement, à des lois qui génèrent de telles ressemblances ?

En ce qui concerne l’homme, comment un zoologiste tel que vous explique-t-il la différence entre lui et le chimpanzé ?

La différence génétique entre l’homme et le chimpanzé consiste en une différence dans un seul chromosome, un seul !

Bien sûr notre cerveau est plus gros, mais quand on voit de si faibles différences, cela nous incite à penser que ce qui sépare l’homme du singe ne se situe pas uniquement au plan neurologique ou génétique. La pensée et l’intelligence ne peuvent s’expliquer uniquement en termes neurologiques. Il y a d’innombrables travaux sur l’homme et le chimpanzé, mais on n’a jamais rien trouvé qui explique que l’homme soit devenu ce qu’il est, alors que le chimpanzé est resté dans les arbres !

En somme, en vous écoutant, on voit que l’approche matérialiste ne peut aboutir, tant au niveau de l’étude de l’ensemble de l’évolution qu’au niveau de l’étude de la pensée de l’homme ?

Oui, absolument. En fait, je dirais même que l’un des acquis de la science actuelle c’est qu’elle s’oppose à la vision réductionniste de la nature. En effet, au regard de nos connaissances actuelles, il n’est pas possible de bâtir une conception matérialiste du monde qui soit cohérente.

Quant à savoir si, derrière ce phénomène que nous étudions, il y a, en action dans l’évolution, cette pensée universelle, cohérente et qui nous dépasse, que nous nommons Dieu, c’est une question qui ne concerne pas le scientifique en tant que tel. Mais que l’homme, lui, doit se poser.

(I) Beagle : le bateau sur lequel Darwin effectua en 1831 le tour du monde dont il tira les premiers éléments de sa théorie.


Jean Dorst (zoologiste)


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