@Croa
Attention,
je pense que vous sous estimez la puissance américaine.
Ce n’est pas
parce que la Chine sera la première puissance économique mondiale d’ici peu (elle
l’est déjà sur le plan industriel mais cela inclut des produits bas de gamme) qu’elle
aura la capacité d’ici peu de l’être sur le plan politique, les deux sont liés
mais pas totalement.
Militairement,
ni la Chine, ni la Russie ne font le poids pour le moment.
-Tant qu’elle
ne sera pas au diapason des américains militairement , la Chine poursuivra
prudemment la politique de « garder un
profil bas » recommandé par Deng Xiaoping c.à.d. observer
calmement, sécuriser sa position, s’occuper des affaires avec calme, cacher ses
capacités , maintenir un profil bas avec dextérité , ne jamais revendiquer le leadership et
attendre le bon moment , tout en
produisant un effort de réarmement et d’accroissement massif de sa puissance
militaire (qui est supérieur à celui de l’Allemagne entre 1933 et 1940 et à
celui des USA après Pearl-Harbor).
-Les Russes quant à eux sont plus au point
militairement et possèdent des pôles d’excellence qui supplantent les forces
américaines avec un cout moindre mais en dehors de ces pôles, leur armée conventionnelle reste très
inférieure à celle des yankees, que ce soit sur le plan de la technologie ou du
matériel humain. C’est ce que beaucoup de gens ne comprennent pas concernant l’armée
russe : la réussite de leur déploiement militaire a avant tout une
raison stratégique !
Poutine et sa classe dirigeante ont fait le diagnostic très
juste que rivaliser avec la
puissance américaine sur un théâtre
d’opération d’échelle globale n’avait aucun sens, c’était perdu d’avance, il
fallait voir plus petit. Les stratèges Russes
ont donc élaboré la doctrine du déni d’accès : interdire l’accès
aérien et maritime aux adversaires sur le territoire russe et sur son aire
d’influence ! C’est une doctrine fondamentalement défensive qui consistait
à faire de la Russie et de ses alliés stratégiques une forteresse
infranchissable. En accord avec cette doctrine, les Russes ont lancé un
programme de restructuration de leur armée à la fois sur le plan stratégique,
tactique et qualitatif qui doit arriver à son terme dans les années 2020 (pour
le moment , ce processus n’est achevé qu’à 50 %). Cet effort de
modernisation qualitatif des équipements est mit sur les forces spéciales
et sur les troupes aéroportées, donc concrètement sur des forces de
réaction rapide contenant moins d’hommes et moins de matériels. L’armée conventionnelle
est délaissée mais elle n’entre pas en
compte dans la doctrine du déni d’accès, le gros des troupes ne va pas
intervenir à court et moyen terme sur des théâtres d’opération
militaire, d’ou l’Intérêt de se focaliser sur
des pôles d’excellence ou ils sont à présent les meilleurs au monde,
c’est ce qu’on appelle avoir le sens des priorités.
C’est le gros de l’armée qui justifie l’infériorité globale
de l’armée Russe. La Russie n’a tout simplement pas les moyens de se lancer
dans un jeu à somme nulle planétaire contre l’empire américain , elle en serait
incapable et les Russes ne désirent pas développer une telle capacité
sachant qu’ils ne sont plus aux temps de l’union soviétique , de telles
ambitions ne font même pas partie de la doctrine militaire russe. C’est
pourquoi Poutine déçoit ceux qui souhaitent voir l’armée russe intervenir
partout ou faire la nique aux américains en Syrie, ils n’ont rien compris au film
avec leurs espoirs grandioses, la Russie est obligée de faire preuve d’une
modération extrême sur les théâtres d’affrontement direct en tenant néanmoins des discours de plus en plus
dur et de plus clair sur cette situation d’affrontement.