Tu fous quoi, le technicien ahuri là.. ? tu le branches ce micro ou il faut que je te tape.. ? ah, il fonctionne...veuillez m’excuser, monsieur...

Huuuum hum...monsieur le juge, mesdames-messieurs, nous sommes en face d’une regrettable méprise concernant cette affaire...un malentendu, un quiproquos...voire même une interprétation fallacieuse de gestes anodins...

Ces jeunes gens expriment leur joie...ils se retrouvent à l’aéroport après une longue séparation et sont simplement heureux...ils s’échangent des marques d’affection comme un chien émotif disperse son urine lorsqu’il retrouve son maître...

Il y a des us et coutumes qui nous échappent...souvenez-vous de nos lointains ancêtres, comment se saluaient-ils.. ? je vous le demande...c’était un borborygme ou une éructation, quant aux retrouvailles les plus chaleureuses elles se matérialisaient par une soudaine pénétration anale, une ruade qui semble bien surannée à notre époque aux émotions bridées par les convenances...

Nous ne pouvons nous offusquer du mode de communication de ces jeunes gens, nous devons comprendre...pour célébrer un anniversaire ils ne s’offrent pas de gâteau, une bienveillante attention au taux de cholestérol et au risque de surcharge pondérale qui fait chaud au cœur...il y a d’autre part une logique imparable à s’abstenir de proposer de souffler des bougies à un ami qu’on strangule avec une joyeuse virulence après la distribution des cadeaux personnels du même acabit...

Je suis outré du placement en garde à vue de ces jeunes gens...qu’on réprime les débordements où l’affection s’exprime par arme blanche ou arme à feu je peux à la limite comprendre, il peut y avoir des nuisances, des ressentis équivoques aux yeux de l’esprit non connecté à ses semblables, mais là.. ? quelques vols retardés, un peu de casse, des flacons de parfum utilisés en projectiles comme pour adresser un bisou clandestin fendant l’air de l’intolérance ambiante...

Monsieur le juge, mesdames-messieurs, c’est l’amour qu’on tue, c’est l’amour qu’on condamne, c’est l’amour qu’on stigmatise...n’instrumentalisez pas le code pénal pour ériger un mur de séparation entre les gens qui s’aiment, ne vous focalisez pas sur ces effusions, ces mamours dont la nature atypique nous interpelle...

Pour finir, je citerai un témoin anonyme connu de tous...il disait "aimez-vous les uns les autres"...et j’ajouterai ceci...ne placez pas l’amour sous écrou...merci.

Maître Bates, avocat à la Cour d’Agoravox TV.