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Commentaire de Janus Stark

sur Farmlands : le documentaire choc (et très controversé) sur la tragédie des fermiers blancs d'Afrique du Sud


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Janus Stark Janus Stark 6 août 2018 02:32

@Zatara
Comme à l’autre : "Zimbabwe" ici ; "Zimbabwe" là. Il semble que vous et vos semblables ne disposiez que de ce pauvre exemple repris ad libitum. Or, il a existé bien des réformes agraires que vous semblez ignorer. Sur tous les continents, voyez-vous ? Toutes trouvaient leur origine — comme ce fut le cas au Zimbabwe où les gens ne sont ni plus bêtes, ni plus serviles que les autres — dans de profondes injustices économiques et sociales. Jamais ces réformes ne se sont passées dans la joie et la bonne humeur, certes ; mais il semble que celle que le Zimbabwe décida, eut pour l’Européen moyen un caractère tout à fait spécial ; voire, inquiétant : c’était une de ces branlées mémorables qu’enregistrait en Afrique la caste supérieure de "l’homme blanc" (selon l’expression de Kipling, entendez bien). 

Le souvenir d’Haïti, pays auquel on fit et fait d’ailleurs payer très cher son impudence d’avoir osé un jour secouer le joug des colons — également fieffés propriétaires terriens, pour autant qu’ils n’étaient que cela —, était encore vif dans les esprits. "Comment ? psalmodiait-on depuis des décennies, des nègres s’émancipant ? Cela ne se peut, ne se doit. ". Et l’on se promit qu’une telle abomination ne se reproduirait plus. 

Hélas, l’histoire est têtue et en bien des endroits, les nègres et les autres, du Nicaragua (Tenez, vous devriez étudier le Nicaragua) à la Russie en passant par l’Irlande et de l’Inde (déjà peuplée d’"incapacitaires" notoires à l’époque) à Cuba (grande réussite agraire, vous en conviendrez) ; s’émancipèrent, à l’occasion. La France elle-même, vous l’avez peut-être oublié, ne fut pas en reste, à l’issue de sa fameuse, euh… "Révolution". Et en France aussi, il y eut une crise économique et financière, sévère. Il est vrai que Necker et Marat — qui le pressait beaucoup à employer la planche à billet de ce félon de John Law, sans se soucier de l’inflation galopante qui ne manqua d’ailleurs pas de se produire —, y étaient pour quelque chose. 

"Allons, m’eussiez-vous dit, jamais la question "capacitaire" ne se posa en France.". Ce fût bien mal connaître votre histoire de France, et d’Europe ; car c’est bel et bien la première chose que glapirent — en chœur — les cousins souverains — et l’Église — à propos de ces sans-culottes étêtant puis confisquant à qui mieux mieux. En premier, donc, ravalez votre fiel, vous et vos semblables, car l’histoire compliquée de votre pays vous oblige à plus d’humilité.

C’est, de surcroît, ignorer crassement celle du Zimbabwe, tant par vous que par vos semblables cité en contre-exemple. Je vous rappelle que leur réforme agraire était une promesse tenue — vos souverains pourraient-ils en dire autant ? —de toute la Révolution Zimbabwéenne. Elle ne demande la permission de personne, ni ne se désespère 70 ressources minières et terres rares — non seulement l’agriculture — devraient très bientôt ; grâce au BRICS (je vous entends déjà grincer des dents) palier à la méchante entorse que l’Occident lui avait imposé. 

 À propos de la crise qui s’en suivit après 2002 et pas avant, sera-t-il encore longtemps loisible à l’"homme blanc" de se gausser d’avoir jeté la pierre et de cacher la main ?

Doit-on vous rappeler que les vrais natifs d’Afrique australe disposent d’une tradition agricole itinérante multi-millénaire. Ce n’est donc pas aux africains que l’on enseignera comment faire fructifier la terre. Quel orgueil de croire que votre "homme blanc" est inventeur de l’expérience technique dont l’humanité entière est dépositaire depuis avant que votre civilisation existât, elle qui ne sut ce que la soie qu’après en avoir dérobé le secret ! Car quand elle exista, que fit-elle, votre civilisation ? Fit-elle de ses campagnes des jardins où il faisait bon vivre ? Que nenni ! Elle ratiboisa bêtement ses forêts pour se faire des caravelles, tant l’ignorance, les famines et la peste l’accablaient de toutes parts. Elle s’employa donc, par tous les moyens que la bassesse, la brutalité et la cupidité permettent, à détruire stupidement son environnement et ses sociétés … avant, hélas, de se lancer à l’assaut des civilisations dont elle jalousait le génie et les réalisations. 

Voici bientôt "Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, fatigués de porter leur misère hautaine"… Fatigués, ruinés, sales et puants, malades, désespérés et dépourvus de toute morale. Voilà donc, depuis des siècles, jeté sur les clairs rivages d’Afrique, le fameux "homme blanc", une caste exilée, consanguine et décadente — mais soi-disant supérieure —, que les guerres fratricides et les putréfactions européennes avaient engendré. 

 On se débarrassa opportunément de la lie — jetée jusqu’au Zimbabwe et en Afrique du Sud —, qui se prit ensuite pour une ivraie. Nul n’est dupe et son rêve de peupler le jardin austral est caduc, maintenant qu’est venu le temps de la déraciner.



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