@maQiavel
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Même les pays qui sont en paix préparent la guerre.
Si vis pacem para bellum. Enlever les griffes et les crocs n’est
évidemment pas préparer la paix. Si para bellum est doter le pays d’une défense
nationale, c’est préparer la paix. Si para bellum est s’armer pour attaquer des
pays voisins, c’est préparer la guerre.
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Et la neutralité n’est pas un gage de paix.
La Suisse, un confetti neutre depuis 1815, a traversé les
deux guerres mondiales sans être envahi. Pas mal quand même. Je vous accorde
que c’est un exemple difficile à suivre. Mais pas à mépriser si on veut
comprendre commence ça marche, la paix.
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La guerre n’est
pas l’interruption de la paix, c’est au contraire la paix qui est
l’interruption fragile de la guerre.
Cela ne veut rien dire pour moi. Qu’on se comprenne bien, je
ne réponds pas symétriquement que c’est la paix qui fait l’histoire, mais que
deux aspects l’ont alimentée.
Prenons les deux puissances mondiales actuelles : les
US et la Chine. Il ne reste que deux verrous aux US pour maintenir ou reprendre
leur puissance : leur monnaie souveraine mondiale, les 700/800 bases
militaires (et les GAFAM, peut-être). Les psyop et opérations orange, ça commence
à s’éventer, ce n’est pas ça qui marchera en Iran, par exemple. Il ne leur
reste donc que les guerres, ou les menaces belliqueuses. La Chine a trouvé sa
propre inertie, sa montée en puissance inéluctable. Elle est en mesure de faire
empire économique. On verra si cela se passera ainsi, mais il reste possible
que la Chine gagne haut la main, sans guerre. C’est aussi le pays de Lao Tzeu :
comment gagner la guerre sans la faire.
Gandhi aussi a gagné sa guerre (ou sa paix) contre l’empire
britannique sans la faire, simplement en décodant la culture britannique :
fiers d’être les seigneurs gonflés de puissance, incapables de jouer les
barbares à tuer des hordes de désobéissants. (Il me vient le souvenir du matche
Tchang/Lendl, à Rolland Garros, si vous connaissez). Avant, l’Allemagne et l’Italie
se sont unifiés sans guerre. Avant les monarchies européennes se sont
constitués avec des guerres, mais aussi avec des mariages. La marche de l’histoire
ne se réduit pas à la vision binaire, ou alternée, guerre/paix. Entre les deux,
il y a tout un jeu d’influences, avec des gradations, une balance gains/pertes
à peser pour le pays qui les subit, qui ne sont pas des guerres. Même s’il y en
aura d’autres, bien sûr, et qu’il faut surveiller.
Et à l’inverse, si on avait appris l’histoire ainsi, celle d’un
entrelacs incessant d’influences, on ne serait pas mis à poil comme des cons par les US,
en se disant en paix puisqu’on ne voit plus d’armées de soldats à cheval ni de
divisons de chars traverser les paysages de notre doulce France depuis 1945.