@crow
Jean Clottes, directeur scientifique de la grotte Chauvet
: « Je n’y crois pas. Il n’existe aucune trace ailleurs dans le monde
d’une telle technique. Elle me paraît trop complexe, par rapport à celle
du dessin à main levé, utilisé durant 40 000 ans par les Aborigènes
pour peindre sur la roche. »
Dominique Baffier, préhistorienne et spécialiste de l’art pariétal paléolithique :
« De mon point de vue, l’expérimentation n’est pas convaincante :
travailler dans sa cave avec une vieille lampe romaine et du coton à
démaquiller en guise de mèche ne semble guère scientifique… Bertrand
David affirme que les dessins des grottes se faisaient dans le noir
total. Ce n’est pas tout à fait vrai. A Altamira (Espagne) et à Chauvet,
par exemple, les porches se sont effondrés, mais autrefois, la lumière
du jour pénétrait dans les premières salles. De plus, la topographie des
lieux rend parfois impossible la technique de l’ombre portée. L’auteur
assure que les dessins étaient disposés sur les parois au hasard de la
flamme, ce qui expliquerait leur superposition. Mais, sur de nombreux
panneaux, on remarque que les animaux sont placés avec soin dans une
composition structurée. Les dessinateurs se servaient même du relief de
la pierre pour donner du volume (une fissure pour la trompe d’un
mammouth, par exemple). Autre contre-argument : aucune des statuettes
que ces hommes préhistoriques auraient utilisées pour leurs dessins n’a
jamais été retrouvée dans une grotte ornée. Selon moi, les fresques de
ces grottes ont pour la plupart été réalisées à main levée, par des
artistes qui se sont transmis leur technique de génération en
génération. Ces hommes ont enseigné à leurs successeurs des savoir-faire
complexes comme le travail du silex ou de l’ivoire : pourquoi pas le
dessin ? Il est toutefois possible que la technique de l’ombre portée
ait parfois été employée. On sait que les hommes de l’époque utilisaient
à l’occasion des pochoirs et des caches. Mais ce n’était pas la règle. »