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Commentaire de Joe Chip

sur Interdit d'interdire : Quel avenir pour la gauche ?


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Joe Chip Joe Chip 27 juin 2019 11:54

Le clivage gauche/droite reste un clivage pertinent et structurant mais qui tend à reprendre sa signification originelle tout en étant recoupé par de nouveaux clivages spécifiques engendrés par la mondialisation (urbains/périurbains, inclus/exclus, etc.)

Michéa explique très bien comment la gauche, historiquement libérale (au sens plein du terme) avait fusionné à partir des années 1870-80 avec le socialisme naissant, pour aboutir plus tard à la synthèse sociale-démocrate, qui était l’idéologie par excellence des classes moyennes et d’un certain prolétariat en voie d’émancipation économique. Le néolibéralisme, au tournant des années 70, l’a vidé de tout contenu idéologique en faisant exploser la classe moyenne occidentale et en ramenant le concept du progrès à une dimension strictement individualiste. Le progrès reste la valeur de base de la gauche mais n’est plus envisagé désormais dans sa dimension sociale ou collective. Les problématiques (chômage, santé, etc.) sont individuelles, les solutions, aussi. Cette idée, marginale à gauche il y a encore une vingtaine d’années, est devenue clairement dominante dans le paradigme des gens qui, spontanément, se conçoivent comme "de gauche". 

Quand Macron oppose les "progressistes" et les "conservateurs", il ne fait ni plus ni moins que réactiver le clivage gauche-droite en actant le divorce, au sein de la gauche, entre les libéraux et les sociaux, tandis que le même rift est en train d’apparaître inexorablement à droite entre les libéraux et les gaullistes sociaux.  

Le succès de Macron s’explique justement par le fait qu’il a réussi à reprendre à son compte la critique systématique du clivage gauche-droite par les opposants au "système" pour sauver le système et renouveler le clivage gauche-droite. On voit qu’aujourd’hui il n’a pas besoin de fédérer plus de 15/20% de l’électorat sur son nom pour gagner les élections (du point de vue de la logique politique, sinon par les résultats).

Les perdants sont en réalité ceux qui depuis 20 ans n’ont cessé de répéter comme un mantra que le "clivage gauche-droite" avait disparu et qui n’ont pas cessé de se tromper et de tromper les gens, en confondant leurs désirs avec la réalité, à l’image d’une Marine Le Pen et du FN qui ont amené l’opposition populaire en France là où Macron et ses amis voulaient exactement qu’elle soit, c’est à dire dans un ghetto sociologique, totalement bloqué par le système électoral. 


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