C’est
stupide ou malhonnête d’amalgamer Camus à l’assaillant de Christchurch (
amalgame qui est pour moi aussi malhonnête ou stupide que celui entre les
musulmans et le « terrorisme » ). Cependant , si les manipulateurs du
concept de « grand remplacement » peuvent avoir des postures et des
prescriptions très différentes au point qu’on ne peut les confondre , il est
cependant difficile de nier qu’ils ont en commun un certain paradigme ( de même
qu’on ne peut pas nier que les « terroristes » musulmans ont en
commun avec les autres musulmans un paradigme commun qu’on nomme
« islam »).
Il est possible de faire la généalogie du concept de « grand
remplacement ». On en retrouve déjà des traces à la fin XIXe siècle, avec les
thèses évictionnistes qui prêtaient aux mulâtres des Antilles le dessein secret
de vouloir évincer ou soumettre les colons blancs par une substitution
démographique. On la retrouve également chez Barrès à peu près à la même
période qui emploie clairement le terme de « grand remplacement » par «
l’étranger » c’est-à-dire le juif, qui serait « fatalement accompli à brève
échéance » : « La France pourra toujours s’appeler la France, son âme
sera morte, vidée, détruite » écrivait-il. Hitler en reprendra l’idée dans Mein
Kampf lorqu’il explique que les juifs utilisent la France pour importer les
Noirs en Europe, et ainsi détruire la race blanche par métissage. L’idée dans
cette forme-là sera reprise par l’extrême droite française après la seconde
guerre mondiale, il circulera dans ce milieu la thèse d’un complot juif
favorisant le métissage biologique et culturel dans le but de détruire l’Europe
pour instaurer une dictature ploutocratique mondialiste , c’est en particulier l’ancien Waffen-SS René Binet qui va
diffuser cette thématique du « grand remplacement » suivit par d’autres
collègues à lui affirmaient que
désormais toute l’Europe était occupée par les « nègres » (les soldats
américains) et les « Mongols » (les soldats russes).
Il
existe un univers mental en commun, chez ceux qui manient ce concept et qui
dépasse largement la simple critique de l’immigration massive : ce concept
n’est pas seulement une critique des flux migratoires , ça va beaucoup plus
loin , le mot « remplacement » veut en lui-même
tout dire : c’est une critique de l’ altération d’une essence biologique. Ainsi,
peu importe qu’une personne soit née en France de parents français depuis
plusieurs générations, si elle n’est pas blanche, elle est donc un élément du «
remplacement ». A cette aune, les habitants noirs des Antilles, par exemple,
seront considérés comme des « remplaceurs » même s’ils sont français depuis des
générations alors qu’un immigré Espagnol ou Polonais mais « blanc », ne sera
pas concerné. Il y’a dans ce concept la superposition de la question ethnique
et continentale qui renvoie à Francis Parker Yockey, le nationaliste
révolutionnaire américain qui a eu une grande influence sur l’extrême droite
européenne et pour lequel qui le mot « Europe » renvoyait à la « blanchité »
plus qu’à un espace. La blanchité étant récessive, le métis perd la substance
européenne et devient lui aussi un « remplaceur ». On comprend alors
que le métissage est un danger mortel pour la blanchité puisqu’il tend à la
faire disparaitre, d’où la notion de « génocide blanc », inspiré de la
déclaration d’Aimé Césaire sur le « génocide par substitution » sur la venue
des H’mongs en Guyane mais cette fois appliqué à l’ensemble du territoire français,
voir au continent européen. De là , on constate que l’arrêt de l’immigration ne
résout pas le problème du « génocide blanc » dans des sociétés dans lesquels
les « non blancs » constituent une minorité non négligeable et ont supposément
une dynamique démographie supérieure à celle des « blancs ». Les réponses à
apporter à cette problématique va nourrir la réflexion dans les mouvances de
droite radicale et déboucher sur des stratégies différentes. Par exemple :
-Certaines
de ces organisations vont considérer que les véritables génocidaires sont les
classes dirigeantes capitalistes mondialistes organisant une immigration
massive, afin de construire un homme nouveau débarrassé de toute spécificité
nationale, ethnique et culturelle, au bénéfice d’une élite remplaciste,
apatride et mondialiste qui serait l’ennemie traditionnel des blancs : en gros
les Juifs. Parmi ces organisations, certaines vont chercher à construire des
alliances de revers contre cet ennemi fondamental en pactisant avec des
organisations non blanches pour lutter ensemble contre ce supposé métissage
organisé (( E&R n’a rien inventé avec sa « réconciliation » , ce
n’est que l’application locale de stratégies élaborées par d’autres
groupuscules depuis plus de 50 ans outre atlantique )
-D’autres
groupes plus extrémistes vont prôner la mise en place d’un régime qui
promulguerait des lois raciales ségrégationnistes pour mettre un terme au
génocide blanc comme c’est le cas dans certains groupuscules aux Etats unis.
-Certains
encore vont prôner la remigration , c’est-à-dire l’exfiltration massive des
individus non blanc. Là il y’a deux écoles : ceux qui comme Renaud Camus parle
d’une déportation pacifique et volontaire et d’autres qui, comme le terroriste
de Christchurch , prônent le meurtre de non blancs pour enclencher une
remigration basée sur la terreur.
-Pour
les groupes les plus radicaux, ces solutions ne sont que des demi-mesures qui
ne permettront pas d’endiguer le génocide blanc qui pour eux nécessite une
solution finale : le génocide des non blancs (souvent y compris des juifs) ,
par la violence directe ou par eugénisme. A ce titre , la préoccupation de
certaines mouvances pour la démographie en Afrique suscite de nombreuses
suspicions , quand bien même elle est auréolée de considérations
socio-économiques faites dans le prétendu intérêt des africains.
Amalgamer
ces postures est grotesque mais il existe bel et bien une filiation idéologique
commune.