Confinement au Bates motel. Rapport de situation. Episode 37.

Encore RAS, journée calme...dans les livres d’Histoire j’ai appris qu’il existât une "drôle de guerre"...je me demande si je ne suis pas embarqué dans une "guerre de drôles"...

Il n’y a pas âme qui vive à abattre, pas l’ombre d’un cadavre à faire disparaître dans les marécages...hein.. ? oui, j’applique le principe de précaution par rapport à la justice civile qui ne comprend rien aux méandres des champs de bataille...le juge qui te condamne a usé son froc sur les bancs de la FAC de Droit, il n’a jamais tenu un fusil ou un couteau avec un féroce ennemi en face...un "mur des cons" comme acte de bravoure c’est vraiment le maximum qu’on peut demander à ces êtres qui se croient supérieurs, ces dieux de papier...

Donc le macchabée je l’évacue, ni vu ni connu...et puis, une putréfaction en plein soleil je vous laisse deviner...hier soir c’était un supposé livreur de pizza...en images subliminales j’ai vu un bouillon de culture virale sur le carton qu’il me tendait...le piège parfait...il barbote avec sa quatre saisons, son scooter et le pourboire...

Manque de bol c’était un vrai livreur et non un ennemi déguisé...c’était mon frère d’arme Cline Tistevoude qui avait passé commande...on a bien rigolé de ce stupide malentendu...bref...

C’est un sacré personnage, Cline...je l’ai fait un peu picoler pour qu’il se mette à table...il aurait pu commencer par un avocat car il a un copieux palmarès...il a fait des trucs..."si tu répètes tout ça je te bute, bastard.. !" a t-il tonitrué entre deux rots caverneux...oui, "bastard" est parait-il un gros mot mais il le prononce affectueusement...

Dans les moyens coercitifs pour libérer la parole d’un ennemi, par exemple...la torture, quoi...j’avoue que c’est très inventif...je me prenais pour un esthète avec mon couteau, un soliste attaché aux fondamentaux de l’art, mais lui c’est un homme-orchestre...tu lui files un presse-purée, une hélice de ventilateur, n’importe quel objet et t’es assuré que l’ennemi va cracher le morceau...c’est le rêve américain, le "America way of life" dans toute sa splendeur...tu te poses pas de question, tu ne tortilles pas du fion, tu veux un truc et t’y mets les moyens...

Il m’a narré d’autres épisodes mais je pense qu’il frôlait le delirium tremens...des histoires d’armée secrète de l’OTAN en Europe pendant la guerre froide, des assassinats, des attentats, des déstabilisations d’Etats...s’il ne s’était pas endormi dans son vomi il m’aurait raconté quelque combat galactique où il aurait guerroyé dans une capsule avec Spiderman...les américains ont Hollywood, débiter des sornettes est un réflexe conditionné chez eux...

Mais bon, ce sont nos libérateurs...ils sont toujours là quand on a besoin d’eux...oui, même quand on a pas besoin...les liens du sang, comme on dit...