@Conférençovore
Je ne sais que je ne réponds pas à votre question de fond.
Cette « exfiltration » n’est qu’un petit résultat de décennies de
démissions et renoncements accumulés depuis la décolonisation gaullienne. Il s’agissait de permettre à chacun des
peuples de vivre chez soi. L’envoutement a été d’imaginer que la déclaration
des droits de l’homme n’était pas destinée à chacun des peuples mais à l’humanité
dans son ensemble. La lâcheté a été de nier le droit de chacun à son sweet
home, de vivre chez soi dans un pays qui lui ressemble.
Sans doute que si les survivants de Charlie Hebdo ou d’une Zineb El Rhazoui, sont « protégés »
et non pas encore « exfiltrés », c’est que le basculement n’était pas
encore fait entre une société qui défend encore ceux qui affirment une pensée
opposante et une société qui les relègue.
Mais je répondrais peut-être mieux en partant de Mila. Pour
notre géneration, avec ce que nous avons biberonnés, quand on relit ses propos
laissés sur les réseaux sociaux, la réaction normale est de penser qu’elle est
hystérique ou kamikaze.
On sait par ailleurs que la génération qui vient, avec ce
qui les attend, sera nécessairement mutante.
J’ai l’impression que Mila sait dire ce que notre génération
ne peut pas dire : la simple impossibilité à vivre avec des mœurs liées à
la religion musulmane. Ses propos expriment que sa manière de « respirer »
dans sa vie est antinomique à celle de culture arabo-musulmane. On voit, d’ailleurs
que les insultes sexistes arabo-muslim ne disent pas la même chose que celles
sexistes des caucasiens. Mais c’est impossible à le penser encore à notre
génération, car c’est un déni à tout le paradigme qui nous a fait, le
vivre-ensemblisme. Simplement, c’est la génération de Mila qui peut dire l’enfer
laissé par les bonnes intentions (sincères ou non) de la nôtre.
Il y a aussi une autre question impossible : s’il y a des des cultures qui sont compatibles et d’autre non. Je n’ai pas sentiment qu’un présence asiatique importante en France aurait-été de l’ordre de l’impossible. Ce ne serait donc pas qu’une question d’immigration.