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Commentaire de ezechiel

sur Charles Martel


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ezechiel ezechiel 7 février 2021 09:54

@Étirév "C’est à la civilisation arabe que la France doit ses arts, ses sciences, ses mathématiques, son architecture, c’est-à-dire tout ce que l’Église laissa passer."

La science moderne naît au Moyen-âge, dans les universités catholiques, et non pas chez les Arabes.
Les sciences païennes, si on peut parler de sciences (mésopotamiennes, asiatiques, égyptiennes, indiennes, grecques, romaines, perses, arabes, mayas, ...) étaient basées sur l’observation de la nature et de leurs Dieux magiques (Dieu du Soleil, de la Lune, de la Terre, du Vent, de la Mer, de la Forêt,..). La déification des phénomènes naturels empêche chez les penseurs la construction d’une méthodologie scientifique rigoureuse pour comprendre les lois de la nature, tout simplement parce que des Dieux ne peuvent être soumis à une quelconque loi physique ou mathématique. Les dogmes formulés restent donc empiriques.

Pour les Grecs par exemple, la science se construit sur la magie, l’alchimie et l’ésotérisme. Le monde aristotélicien des philosophes grecs repose essentiellement sur les quatre éléments (feu, terre, eau, air) composant le monde, les trajectoires rectilignes du monde corrompu sublunaire, et parfaitement circulaires dans le monde pur au-delà, la théorie des humeurs en médecine (Galien, Hippocrate). Ces dogmes présentent des incohérences totalement irrationnelles du point de vue de la formulation scientifique mathématique.
Pour Aristote, les mathématiques sont une de l’Esprit, elles ne peuvent servir à décrire le réel.
Ce paganisme, qui sclérose la science depuis des millénaires, va être attaqué de front par l’Église catholique dès le XIIIème siècle, en particulier par les réfutations de certains principes aristotéliciens par l’évêque Étienne Tempier à l’université de Paris en 1277.
Les premiers à bouleverser l’univers d’Aristote sont les calculateurs de Merton, une génération de philosophes et de mathématicien du XIVème siècle formés dans les universités catholiques, en particulier au Merton College à Oxford.
que Thomas Bradwardine (qui deviendra archevêque de Canterbury), John Dumbleton, William Heytesbury et Richard Swineshead, formés au Merton College à Oxford, distinguèrent la cinématique de la dynamique (en mettant l’accent sur la première), et étudièrent la notion de vitesse instantanée. Ils furent les premiers à formuler et à démontrer le théorème de vitesse moyenne (fondement de la loi de la chute des corps) : « un corps se déplaçant à vitesse constante parcourt la même distance qu’un corps uniformément accéléré si sa vitesse est la moitié de la vitesse finale du corps accéléré », longtemps avant Galilée, auquel on continue généralement à l’attribuer.

La philosophie naturelle, création de Dieu, était un sujet d’études nécessaire afin de connaître l’essence divine.
Les philosophes médiévaux étaient opposés à la science d’Aristote. Pour Bradwardine, les mathématiques "sont le révélateur de la pure vérité, car elles déterminent les secrets cachés et détiennent les clés de la subtilité des lettres. Quiconque à l’effronterie de poursuivre la Physique en négligeant les mathématiques devrait savoir dès le départ qu’il ne franchira jamais les portes de la sagesse."

Thomas Bradwardine tentera de décrire les trajectoires d’objects du Monde tel que conçu par Aristote, ses formules sont toutes fausses, mais le principe est là : modéliser des trajectoires de projectiles par les mathématiques.

Dans son "Livre des calculs" écrit en 1350, Richard Swineshead, un des meilleurs mathématiciens de son époque, tente également de modéliser diverses situation sur la chute des corps.

William Heytesbury démontre correctement le théorème de la vitesse moyenne, à savoir que un corps uniformément accéléré se rendant d’un point A à un point B, mettra le même temps que si il fait le même trajet à sa vitesse moyenne, sans comprendre les conséquences de cette découverte sur la chute des corps dans un champ de gravité.

Jean Buridan, personnalité in comparable philosophe du XIVème siècle, recteur de l’université de paris.
Citation de Jean Buridan : « Voici donc, ce me semble, ce que l’on peut dire : tandis que le moteur meut le mobile, il lui imprime un certain impetus, une certaine puissance capable de mouvoir le mobile dans la direction même où le moteur meut le mobile, que ce soit vers le haut, ou vers le bas, ou de côté, ou circulairement. Plus grande est la vitesse avec laquelle le moteur meut le mobile, plus puissant est l’impetus qu’il imprime en lui... mais par la résistance de l’air, et aussi par la pesanteur qui incline la pierre à se mouvoir en sens contraire... cet impetus s’affaiblit continuellement [...] Toutes les formes et dispositions naturelles sont reçues en la matière et en proportion de la matière ; partant plus un corps contient de matière, plus il peut recevoir de cet impetus ; or dans un corps dense et grave [i.e. : pesant], il y a, toutes choses égales par ailleurs, plus de matière qu’en un corps rare et léger. Une plume reçoit un impetus si faible que cet impetus se trouve détruit aussitôt par la résistance de l’air ».

Jean Buridan développe ce concept d’impetus, prémisse de la notion de quantité de mouvement en Physique, produit de la masse du corps par la vitesse, ainsi que la notion de force, et de résistance à l’air et leur impacu sur la trajectoire des projectiles. C’est maladroit, et bien sûr pas au point, mais non dénué de raisonnement par l’observation.

Nicole Oresme, évêque de Lisieux et élève de Buridan, est un des premiers à concevoir le principe et l’utilité des coordonnées cartésiennes pour la représentation graphique de phénomènes quantitatifs
La démonstration d’Oresme est le premier exemple connu d’un problème physique modélisé sous forme graphique d’une fonction mathématique

Le découpage de la trajectoire du mobile en petits rectangles est tout à fait révolutionnaire, il annonce l’avènement du calcul infinitésimal appliqué aux sciences, qui ne sera élaboré sous sa forme définitive que trois siècles plus tard, au XVIIème siècle par Newton et Leibniz.

https://erenow.net/postclassical/gods-philosophers-how-the-medieval-world-laid-the-foundations-of-modern-science/14.php


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