@Mr.Knout
Tout d’abord, grand respect pour le CNT, nourri par mes
lectures d’Orwell et Koestler, le film de Ken Loach (Land of freedom). Je sais
aussi les expériences autogestionnaires des espagnols (que je préfère à
« anarchistes » quand ont voit ce qu’est devenu ce mot).
Mais je ne sais pas comment reprendre vos propos, vous
plaquez une époque sur une autre. On ne peut pas faire les mêmes analyses avec
les mêmes recettes sur des réalités différentes, il faut les prendre en compte. Si vous le pouvez ou trouvez une occasion, je vous recommande
« Les phalanges de l’Ordre Noir », d’Enki Bilal et Pierre
Christin.
Concernant l’armée, elle a des représentations différentes
dans les pays selon la façon dont elle s’est inscrite dans l’histoire de
ceux-ci. L’armée espagnole est celle qui a servi de supplétif au pouvoir du
dictateur et à l’égoïsme de la bourgeoisie, normal qu’on s’en méfie. L’armée
française est celle qui a récupéré le pays à l’envahisseur : les poilus de
14/18, les FFL de 39/45. Le coup d’Etat espagnol de 1981 a été essayé par cette
armée de fabrication franquiste. C’est le roi d’Espagne qui l’a déjoué :
la monarchie a cette fonction de garant de l’Etat espagnol et, de fait,
l’a préservé pendant cet évènement. On n’imagine absolument pas une monarchie
en France pour sauver le pays (à part qques individus, mais ici, on s’en fout).
La monarchie, en France est synonyme de pouvoir absolu et la révolution
française est acquise dans nos mentalités. Alors que la France a l’expérience
d’une armée qui a déjà préservé plusieurs fois le pays.
De même, on ne peut pas comparer les immigrations passées et
digérées, à celles d’aujourd’hui, plus massives et qui fabriquent des poches
communautaires inassimilables dans le pays : pas les mêmes nombres, ni les
mêmes populations, ni les mêmes époques.
Je ne vais pas continuer pour ne pas être trop long. Je
reprends simplement ce que j’ai écrit : le
schéma armée=dictature n’est pas automatique. Oui, c’est possible, c’est risqué,
mais ça dépend et je ne me prononce pas de façon péremptoire. Le problème
français est cette république, vérolée, vampirisée, qui n’appartient plus du
tout au peuple, alors que c’était sa vocation. (Notamment écraser la gueule
des manifestants, ça, c’est récent et ça devient habituel). Et on ne sait pas
comment la récupérer, pas par les urnes, en tout cas, car le système électoral
est complètement verrouillé, tout le monde connaît le scenario, qui
n’appartient plus aux français. On en est là.
Enfin, pour les schémas de pensées politiques, les miennes
ne rentrent plus dans les cases non plus. Je trouve très bien le communisme de
Cuba, comme le trouve très bien le libéralisme de Nouvelle Zélande que je
connais un peu. Mon pragmatisme va jusque là. Et je sais que la France n’est ni
libertarienne, ni communiste, c’est le pays des biens communs. A chaque pays sa
solution, avec ce qu’est la population et les moyens dont elle dispose. C’est déjà
énorme.