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Accueil du site > Culture & Loisirs > Culture > Ainsi parlait Zarathoustra

Ainsi parlait Zarathoustra

Il est peu d’œuvres philosophiques aussi populaires qu’ « Ainsi parlait Zarathoustra » mais il en est peu qui aient donné lieu à autant d’interprétations fondamentalement divergentes.

 

C’est peut être le sens même de ce livre, de susciter autant d’adhésion ferventes que de répulsions véhémentes et pourtant de rester toujours neuf, toujours à réinterpréter, quitte à faire apparaitre toutes les interprétations comme autant de contre sens.

 

« Ainsi parlait Zarathoustra » remet l’homme en question et en cause.

 

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Genèse

 

Nietzche raconte dans « Ecce homo » la naissance d’Ainsi parlait Zarathoustra, il en a eu dit il la vision soudaine et éclatante. La fulgurance de cette vision explique la rapidité extraordinaire de la composition : l’œuvre lui est venue tout entière en quelques jours dans un état d’exaltation indescriptible.

 

 

« On entend, on ne cherche pas, on prend, on ne demande pas qui est celui qui donne ; comme un éclair une pensée jaillit, nécessaire, sans hésitation dans sa forme, je n’ai jamais eu un choix à faire ». Nietzche dans « Ecce homo »

 

Ainsi parlait Zarathoustra est comme la charnière de l’œuvre de Nietzche, a mainte reprise d’ ailleurs il reviendra dessus : « J’ai donné à l’humanité le livre le plus profond qu’elle possède, mon Zarathoustra »

 

 « Je lis Zarathoustra : mais comment ai-je bien pu jeter de la sorte mes perles aux Allemands ? »

 

Gide commentera : « Oui, Nietzche démolit, il sape mais ce n’est point en découragé, c’est en féroce ; c’est noblement, glorieusement, surhumainement, comme un conquérant neuf violente des choses vieilles ».

 

 

Un livre pour tous et pour personne 

 

Le Zarathoustra n’a jamais rien de calculé, de construit, on y trouvera jamais aucun édifice théorique ou doctrinaire et c’est là l’originalité essentielle de l’œuvre.

 

La philosophie de l’œuvre est très exactement l’inverse d’une doctrine, il n’est pas possible de la fixer ou de la définir, elle est à elle-même à tout instant son propre avenir.

 

Le sens profond de l’œuvre est peut être de tenter de découvrir précisément non seulement des voies nouvelles mais des voies indépendantes de tout système de référence et d’adhésion, de toute soumission à tel ou tel impératif, de toute appartenance à tel ou tel ensemble.

 

Par là même, la pensée de Nietzche dans Zarathoustra n’ est pas une pensée démocratique , ni même aristocratique , c’ est évident , mais elle prépare à la pensée de l’ homme des voies si délibérément nouvelles et autres que toutes les idéologies contemporaines ne pourront apparaitre que comme des vieilleries figées , comme les ultimes prolongement du fameux « Dieu est mort ».

 

La nature même d’Ainsi parlait Zarathoustra est de constituer une menace, un redoutable danger pour toute pensée servile et serve, renonçant à elle-même et à sa liberté fondamentale selon les nécessités de tel ou tel impératif idéologique.

 

En donnant à « Ainsi parlait Zarathoustra » le sous titre « un livre pour tous et pour personne », Nietzche d’avance récusait ceux qui se réclamaient de l’œuvre.

 

 

Le personnage « Zarathoustra »

 

Depuis l’âge de 30 ans, Zarathoustra médite seul en montagne, en compagnie de son serpent et de son aigle. Il descend dix ans plus tard, auprès des hommes pour leur prêcher la vérité conquise.

 

Souvent, il apparait aux cotés de personnages épisodiques ou de ses animaux mais tous n’ont qu’une existence quasi immatérielle.

 

Zarathoustra n’ est non pas une figure de chef, de maitre ou de gourou , mais est l’ incarnation du rebelle , celui qui veut être véridique , délivré du conditionnement social et des valeurs morales du monde , il incarne la différence libératrice , il dit pour cette raison : « je suis Zarathoustra , l’ impie , le sans –Dieu ».

 

Parce qu’il est un esprit libre, Zarathoustra enseigne que la liberté de l’esprit n’est pas un confort mais une grandeur que l’on doit vouloir et que l’on ne peut obtenir que par une lutte épuisante.

 

D’ où l’importance attachée par Zarathoustra à la volonté, tel est son leitmotiv : rejeter tout ce qui n’est pas voulu, conquis comme tel, tout ce qui est subi, c’est le sens du fameux « deviens celui que tu es ».

 

Le mysticisme athée de Zarathoustra n’est pas abandon mais exaltation et création, il est dimension de désir et non abandon à quelque chose.

 

Et voici l’essentielle leçon de Zarathoustra, ce qui lui donne tant de passion, de ferveur, de générosité, la cause ultime de la véhémence et de l’exaltation qui l’habite : vouloir libère.

 

Zarathoustra ne mène personne nulle part, il enjoint à ses disciples de se défier et de s’éloigner de lui, de ne pas le vénérer ou de faire de lui une idole. Tel est la raison pour laquelle il ne cesse à la fois d’accueillir et de rejeter ses disciples : il n’a rien à leur dire vers quoi ils ne puissent aller eux-mêmes.

 

C’est peut être là l’aspect le plus actuel du livre : cet effort pour retrouver en l’homme l’accès à lui-même .L’ individualisme de Zarathoustra n’a pas d’autre sens, il est désir, soif, appétit de soi même.

 

Contre tout ce qui est abdication de soi même, Zarathoustra proclame la valeur du « je », mais tel qu’il doit se constituer lui-même, et c’est là qu’il faut en venir au thème central de l’œuvre : le surhumain.

 

De la voie du créateur

 

 

Le surhumain

 

Galvaudé et perverti, le mot « surhomme » évoque quelque malabar invulnérable sur qui les balles ricochent.

 

 

C’est de surhumain qu’il s’agit chez Zarathoustra, étape future vers laquelle l’homme doit par sa volonté et son effort se porter lui-même. Le surhumain est plus une allégorie qu’un type : il n’est personne et personne ne sera jamais lui, il représente l’affranchissement de toutes les contrainte : je suis de n’être rien.

 

Le surhumain n’existe pas : toujours futur, c’est celui qui « va par delà », celui qui s’en va de l’homme tel qu’il fut, tel qu’il est et tel qu’il sera.

 

Le surhumain n’est pas une finalité future, un but vers lequel certains hommes élus seraient appelés, mais il est actuellement effort futur, surpassement continuel par lequel l’homme doit se surmonter sans cesse et radicalement récuser le carcan des lois des obligations, des devoirs que dès le berceau on lui a imposés comme s’ils faisaient partie de lui-même.

 

« On nous met presque dans notre berceau déjà, des mots et des valeurs pesants : bien et mal. »

 

Si toutes les valeurs se trouvent dénoncées tour à tour , ce n’ est pas pour leur en substituer d’ autres mais pour affirmer que rien n’ est jamais arrêté , définitif , certain , tout n’ est que stade provisoire. Dans le domaine moral surtout, il n’est personne pour détenir la morale de personne. Toutes certitudes est toujours comme telle remise en cause, la pensée doit se faire création permanente en opposition avec tout ce qui est fixé, établi, définitif ou acquis.

 

Dans son dynamisme et son renouveau perpétuel, le surhumain ne pourra être que par delà le bien et le mal.

 

 

L’éternel retour

 

A tous égards et toujours, le « Ainsi parlait Zarathoustra » sera danger et ce n’est pas tant ce que dit ce livre qui importe que cette insécurité née de lui. La provocation qu’il contient n’est pas là pour déblayer le terrain et préparer une philosophie nouvelle qui vieillirait à son tour mais pour se conserver comme telle dans sa pérennité interdisant à la pensée tout repos : il n’y a de centre nulle part et partout, tout se brise, tout est redisposé, éternellement se construit la même maison de l’être, tout se sépare, tout se retrouve, éternellement reste fidèle à lui-même.

 

C’est l’éternel retour, cet éternel recommencement par lequel l’homme éternellement se dépasse et par là même se retrouve. Cette remise en question constante, ce désir d’aller par delà l’homme, d’être néant et totalité à la fois, donne naissance à l’insécurité et à l’effroi, il est vrai. Mais il faut porter du chaos en soi pour donner naissance à une étoile dansante.

 

 Les trois métamorphoses de l’esprit

 

 

Sources :

George Arthur Goldschmidt

Icipourien

Wendy Baqué

Orphé Ogdinitsch

zara thoustra

DanuPapicha

 

Tags : Philosophie




Réagissez à l'article

146 réactions à cet article    


  • 5 votes
    Éric Guéguen Éric Guéguen 23 mars 2015 12:10

    Salut Mach’.
    Je n’ai pas fini de lire, mais juste une remarque : je ne pense pas que le Zarathoustra soit l’"œuvre philosophique la plus populaire", loin de là (même pas la plus populaire de son auteur). Déjà une œuvre philosophique est rarement "populaire" (croyez bien que je m’en désole) et par ailleurs Zarathoustra est autant de la poésie que de la philosophie, donc quelque chose de très complexe et de très difficile à saisir car très "ouvert" et donc un peu "fuyant".
    Idem d’ailleurs pour le 2001 de Kubrick, ces deux œuvres étant d’ailleurs reliées, comme vous le savez, par la musique de Strauss.
     
    Bon c’est trois fois rien comme "reproche", c’est une précision plus qu’autre chose, pour les gens qui justement n’ont jamais entendu parler de Zarathoustra. Je reprends ma lecture, merci d’avance pour cet article...


    • vote
      maQiavel maQiavel 23 mars 2015 16:02

      Salut Gueguen

      Par populaire , j’entendais célèbre , simplement , pour qu’ une œuvre soit célèbre , pas besoin de la lire ,il suffit juste de la connaître de nom.

      Pour le reste , c’est un détail mais merci pour votre remarque.

      PS : Je connais évidemment la musique de Strauss mais les films de Kubrick me sont étrangers.


    • 2 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 23 mars 2015 16:17

      Dans ce cas après avoir lu le livre de Nietzsche, il vous faudra regarder le film de Kubrick. Je m’éclipse, j’entends Médialter qui rapplique au grand galop... smiley


    • 2 votes
      EctO 24 mars 2015 00:21

      Merci MaQiavel pour cette review d’"Ainsi parlait Zarathoustra".

      J’ai commencé Nietzsche par cet ouvrage, sous les conseils de mon père qui m’avait signalé que Nietzsche avait vraiment beaucoup secoué sa pensée (je crois comprendre que le "but" de ce texte est de toujours garder la pensée en mouvement).

      Perso, j’estime qu’il n’y pas de choses à "comprendre" de ce texte, il faut juste le ressentir. Tant et si bien que je croyais ne rien comprendre aux vers (ou aux concepts si on veut) de Nietzsche, et pourtant les jours suivants, au fur et à mesure de mes pensées, j’arrivais à m’approprier certains vers et à les ressentir, à les comprendre à ma façon. Les idées d’étoile dansante qui émerge du chaos ; des trois métamorphoses de l’esprit étaient totalement opaques au moment de la lecture, mais je constate que ces idées représentent bien certaines choses que je constate au fur et à mesure de la vie.

      Personne à mon sens ne peut avoir la même interprétation de Nietzsche, c’est un penseur absolument inclassable et indémodable. Certains ont tenté de se le réapproprier idéologiquement mais s’y sont toujours cassé les dents en le dénaturant.

      Etant un fan ultime de 2001 (meilleur film de tous les temps, et de loin pour moi), je dois dire que le film de Kubrick ne partage pas que le titre de la chanson du générique. L’idée de l’éternel retour ou du surhomme sont omniprésentes dans le film. Rien que le découpage en chapitre du film passe de l’aube de l’humanité à son apogée dans les étoiles avant un retour en enfance. J’ai le sentiment que c’est juste nitzschéen jusqu’au bout des ongles. Un film à voir en tout cas, d’autant plus lorsqu’on a le Zarathoustra de Nietzsche dans la tête. Le film, mise à part sur les costumes peut-être, n’a de plus pas pris une ride sur les effets spéciaux.

      "Cette remise en question constante, ce désir d’aller par delà l’homme, d’être néant et totalité à la fois, donne naissance à l’insécurité et à l’effroi, il est vrai. Mais il faut porter du chaos en soi pour donner naissance à une étoile dansante"

      Je pense que cette phrase explique en partie l’état d’esprit de Hal dans 2001 et ce qui conduit au noeud scénaristique principal du film.

      @ Eric Guéguen :

      Cela n’a rien à voir avec le reste, mais j’ai appris que vous alliez vous faire éditer par Perspectives Libres, sachez que j’ai hâte de vous lire. Je n’écris pas souvent de messages sur ce site, mais je lis avec assiduité vos articles et ceux de MaQiavel, ainsi que de vos débats sur les fils de commentaires. C’est souvent enrichissant (même si parfois long et dur à lire sur un écran).


    • 3 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 24 mars 2015 09:47

      @EctO

       

      Bonjour à vous. Merci pour votre message, je ne vous cacherai pas que c’est très agréable à lire, étant moi-même au départ commentateur uniquement. smiley

      Étant donné que c’est la dernière ligne droite, je peux communiquer là-dessus. L’ouvrage sortira dans la deuxième quinzaine du mois d’avril, donc en gros d’ici un petit mois, après celui de Norman Palma et le prochain numéro de la revue Perspectives Libres. Pierre-Yves a accepté que je conserve le titre (il faut savoir que c’est normalement la chasse gardée de l’éditeur), agrémenté néanmoins d’un sous-titre. Le voici donc :

       

      Le Miroir des Peuples - Enquête sur l’avenir de la République.

       

      Pour tout vous dire, la dernière touche concerne le choix de l’image de couverture, qui n’est pas encore arrêté. Tout sera ensuite affaire de réseau, de service de presse, etc. Je devrais donner une conférence au Cercle Aristote au mois de mai. Après la phase de lecture-écriture et la recherche d’un éditeur, je vais devoir à présent assumer une nouvelle casquette, le fait d’être en quelque sorte mon propre "VRP", et ce n’est pas une mince affaire.

      Pour tout renseignement supplémentaire ou si vous êtes en région parisienne et que vous voulez prendre un verre un soir en refaisant le monde : [email protected]

      J’ai déjà rencontré deux habitués d’Agoravox que je vois régulièrement.

       

      Je pense que Mach’, notre hôte, ne m’en voudra pas de cette page de "pub" personnelle, lui qui est sûrement celui avec lequel j’ai le plus discuté ces dernières années sur le net. Ça aussi je ne l’oublierai pas...

       

      Bien à vous,

      EG


    • vote
      maQiavel maQiavel 24 mars 2015 11:21

      -Je pense que Mach’, notre hôte, ne m’en voudra pas de cette page de "pub" personnelle

      Bien au contraire , je suis content d’ avoir des nouvelles de votre livre.

      Vivement avril. J’ essaierai de venir à votre conférence en mai.


    • 2 votes
      Éric Guéguen Éric Guéguen 24 mars 2015 11:34

      @maQiavel

       

      Comme ça je pourrai enfin mettre un visage sur un pseudo. Ce sera soit le lundi 4, soit le lundi 11, soit le lundi 18. Les deux autres dates doivent, il me semble, être réservées pour l’historien Arnaud Imatz et pour Hervé Juvin.


    • vote
      maQiavel maQiavel 24 mars 2015 12:43

      -Comme ça je pourrai enfin mettre un visage sur un pseudo.

      Pauvre Guéguen , vous ne vous en porterez pas mieux , je suis hideux.

       smiley

      Merci pour les dates.


    • 2 votes
      Qamarad Qamarad 24 mars 2015 16:10

      @Éric Guéguen

      Merveilleux ! En espérant écouter (enfin) la bonne parole !


    • 1 vote
      EctO 26 mars 2015 22:11

      @Éric Guéguen

      Je suis sur Rouen, donc la région parisienne n’est pas loin, mais un peu trop pour pouvoir éventuellement prendre un verre en sortant du travail. Mais je note votre email au cas où je me retrouve à Paris avec une soudaine envie d’une discussion qui refera le monde.

      J’essaierai de me rendre au Cercle Aristote lors de votre présentation en tout cas. Je vous souhaite bien du courage pour votre nouveau métier de VRP, mais je suis sûr que parler de votre livre vous siéra très bien.

      Au plaisir de vous écouter et de vous lire,


    • 3 votes
      Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 23 mars 2015 12:40

      Cet ouvrage toujours m’est tombé des mains (l’éternel retour ?)


      Bon, sincèrement... Je trouve la prose absconse et pompeuse de ce bouquin assez peu digeste. Elle ne m’impressionne guère par ses tours d’acrobatie. D’abord, je ne crois pas à la philosophie sans fondement scientifique, cette philosophie "littéreuse" on l’on joue sur les mots pour leur faire dire tout et son contraire avec des métaphores et des sous-entendus. Il faut choisir entre la dialectique et la poésie. A part ça, je pense que F.N. était possédé plus que génial, possédé dans le sens le moins figuré et le plus littéral que l’on puisse concevoir. Son propre Je était absent et son cerveau malade était un lieu de passage pour quelque chose qui n’aime pas l’humanité. Certes, l’ouvrage est une collecte de formules qui sonnent bien. Mais c’est un livre pour adolescent frustré en quête de puissance. Un peu comme le rap en musique. 

      • 3 votes
        Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 23 mars 2015 12:51

        Le Prophète, du poète libanais Khalil Gibran a réussi là ou le APZ de F.N. est un délire d’aliéné. Le Prophète est une oeuvre inspirée, affranchie de la prétention d’être affranchie. 


      • 1 vote
        Éric Guéguen Éric Guéguen 23 mars 2015 12:55

        @Qaspard Delanuit
         

        Je ne connais pas. À voir, merci.


      • 1 vote
        Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 23 mars 2015 13:07

        @Éric Guéguen

        http://www.babelio.com/livres/Gibran-Le-Prophete/8732

        Et ceci pour faire écho à la vidéo proposée par MaQ où l’on entend Michaël Lonsdale :

        https://www.youtube.com/watch?v=9sXy8JdmpxY


      • 1 vote
        Gollum Gollum 23 mars 2015 14:37

        @Qaspard Delanuit

         Je trouve la prose absconse et pompeuse de ce bouquin assez peu digeste.

        Attention à la traduction aussi.. Il y a des traducteurs qui ont tendance à respecter la phraséologie allemande et ça donne en effet quelque chose d’assez lourdingue..


      • vote
        Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 23 mars 2015 15:46

        @Gollum

        Je ne pense pas que ça vienne de ça. 

        En fait, si un bouquin comme celui dont on parle (et dont même le titre est chiant à écrire) était rédigé par un de vos amis et qu’on vous le propose comme ça sur un manuscrit, le trouveriez vous génial ? Pas sûr... Or, la réputation ne m’impressionne pas, donc je lis ce que je lis, c’est tout, sans me soucier de qui l’a écrit. Or, ce bouquin me semble être une esbroufe grandiloquente. 


      • vote
        Chitine Chitine 23 mars 2015 15:56

        @Qaspard Delanuit

        Après le Prophète, je me sens assagi et endormi,

        après le Zarathoustra, je me sens déstabilisé et vivifié.


      • vote
        Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 23 mars 2015 16:47

        @Chitine

        Oui, le Prophète est apollinien, Zarathoustra est dionysiaque.  C’est pour cela que je dis que c’est une oeuvre pour adolescent qui cherche à se sentir fougueux. 


      • vote
        Chitine Chitine 23 mars 2015 18:52

        @Qaspard Delanuit
        Bien d’accord, c’est l’adolescent en moi qui cherche sa fougue. J’aime Nietszche pour ça.


      • 1 vote
        ffi 24 mars 2015 13:44

        @Chitine @Quaspard

        On peut dire que Nietzsche eut une fougue parfaitement virtuelle, posée par écrit, car il a fini sa vie dans la prostration la plus totale, quasi-végétatif, est-il écrit sur wikipédia.

        Son agitation interne n’avait d’égal que son inaction externe.

        Sa recherche livresque de la volonté n’était rien d’autre que la complainte de l’absence d’efficience de sa volonté dans le monde réel.

         

        Nietzsche s’est consumé de l’intérieur, frénétiquement, il a bouffé toute son énergie vitale par l’incapacité de réguler ses agitations internes. C’est pourquoi Nietzsche, finalement, n’a fait que se complaindre, il n’a fait qu’appeler de ses voeux, ce qui lui manquait et qu’il n’a jamais pu trouver. C’est l’histoire d’un homme impuissant et sans volonté, qui écrit frénétiquement sur la volonté de puissance...


      • vote
        Chitine Chitine 24 mars 2015 14:58

        @ffi
        "Son agitation interne n’avait d’égal que son inaction externe. Sa recherche livresque de la volonté n’était rien d’autre que la complainte de l’absence d’efficience de sa volonté dans le monde réel. "

        .

        Mais qu’est-ce que vous racontez ?

        On peut ne pas adhérer à la pensée de Nietzsche, mais pour rédiger ses écrits, il lui a fallu beaucoup de volonté et d’énergie, c’est indéniable. Pourquoi nous expédier une analyse si indigente du bonhomme ?


      • 1 vote
        ffi 24 mars 2015 19:25

        @Chitine
        Tout simplement qu’il a finit dans l’apathie la plus complète, ce qui est paradoxal pour celui qui n’a que le mot volonté à la bouche.

        Cela prouve en soi que sa philosophie, loin d’être en capacité d’aiguiser la volonté, la réduit à néant.


      • vote
        Chitine Chitine 25 mars 2015 09:49

        @ffi
        "Cela prouve en soi que sa philosophie, loin d’être en capacité d’aiguiser la volonté, la réduit à néant."

        .

        C’est paradoxal, oui, mais la seule chose que cela prouve en l’occurence c’est que vous pouvez être adepte de raccourcis foireux.


      • 1 vote
        ffi 25 mars 2015 10:20

        @Chitine
        Quand on voit un philosophe dont la philosophie produit sur lui l’effet exactement inverse de celui qu’il souhaiterait qu’elle ait, un philosophe qui appelle la volonté en obtenant l’apathie, un philosophe qui appelle la puissance en obtenant l’impuissance, il fait la preuve par son existence-même de ce combien sa philosophie est inepte.

         

        En fait, Nietzsche n’est pas vraiment philosophe, mais plutôt phobosophe, car c’est la phobie qui guide sa pensée, d’où sa prostration terminale, une fois qu’il eût fait en sorte que ces phobies inhibitrices envahissent tout son intellect. 

         

        Théodule Armand Ribot a bien montré, dans son ouvrage les maladies de la volonté, dès la fin du XIXème siècle, par le rappel d’un certain nombre de faits cliniques, que la mise en mouvement volontaire, dépend, en-dessous de la faculté intellectuelle, d’un état d’affectif "positif". Or, on voit bien que Nietzsche, dans ses écrits, souffre d’un état d’affection négative, qui l’inhibe, en conséquence de quoi, ses écrits marquent l’incantation d’une volonté qu’il aimerait obtenir mais qu’il n’obtient jamais. La fin de sa vie, passée prostré dans l’apathie, le prouve.


      • vote
        Chitine Chitine 25 mars 2015 11:42

        @ffi
        "...dont la philosophie produit sur lui..."

        .

        Qu’en savez-vous ? Pourquoi concluez-vous que c’est sa philo qui l’a conduit à devenir dément ?


      • vote
        Chitine Chitine 25 mars 2015 11:56

        @ffi

        "Or, on voit bien que Nietzsche, dans ses écrits, souffre d’un état d’affection négative, qui l’inhibe, en conséquence de quoi, ses écrits marquent l’incantation d’une volonté qu’il aimerait obtenir mais qu’il n’obtient jamais. La fin de sa vie, passée prostré dans l’apathie, le prouve."

        .

        Où le "voit"-on si bien ? Je retrouve surtout chez lui un très motivé, très énergique et très habile déconstructeur de mythe. Rien de ce personnage inhibé.

        Quant à la "preuve", je ne remarque que celle de votre capacité à soutenir une théorie faible avec le péremptoire de celui qui est persuadé de détenir la vérité (là où aucun historien ne parvient à conclure quoique ce soit, et pour cause).


      • 1 vote
        ffi 25 mars 2015 12:35

        @Chitine
        Désolé, mais passer 10 années dans l’apathie la plus totale, ce n’est pas ce que l’on peut désigner comme être énergique, c’est être inhibé...

         

        Précisément, un mythe n’est pas simplement un discours intellectuel, mais un discours qui charrie avec lui des symboles. Ces symboles "tapent" en-dessous de l’aspect purement rationnel et provoquent des transports affectifs.

        Or, il est bien démontré que les gens apathiques n’ont généralement aucun problème d’ordre intellectuel pour déterminer ce qui serait bien qu’ils fassent, mais que ce qui leur manque se trouve à un plan inférieur, au plan affectif, où il ne trouve pas l’énergie nécessaire pour mettre en pratique la décision qui est fruit de leur raison. En vertu de quoi, dans l’incapacité de traduire leurs raisonnements en acte, ils en souffrent.

        La déconstruction des mythes que fit Nietzsche en lui-même fut justement l’annihilation en lui-même de tout moteur affectif qui puisse le motiver à mettre en acte ses décisions, d’où l’apathie totale dans laquelle il finit. Nietzsche déconstruit en lui tout ce qui peut être moteur de l’action.

        Vous dites que "ma" théorie est faible ? Déjà, reconnaissez qu’elle s’appuie sur des constats cliniques incontestables, ceux de Ribot, et l’état final de Nietzsche, bien avéré également. Le coté incantatoire de Nietzsche quant à la volonté est assez manifeste : cette incantation étrange montre bien qu’en vérité, il perd toute forme de volonté. Il me semble donc que Nietzsche s’auto-inhibe, que l’inhibition est le fruit de sa philosophie.


      • vote
        Chitine Chitine 25 mars 2015 16:39

        @ffi
        " Il me semble donc que Nietzsche s’auto-inhibe, que l’inhibition est le fruit de sa philosophie."

        .

        Il me semble que cette formulation moins péremptoire convient mieux à une hypothèse parmi d’autres.


      • 1 vote
        Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 23 mars 2015 13:24

        "Dans son dynamisme et son renouveau perpétuel, le surhumain ne pourra être que par delà le bien et le mal."


         smiley C’est beau comme un fromage frais servi par un moine en habit blanc... mais ça ne veut rien dire. 

        C’est un peu comme : 

        "Au-delà de l’horizon du réel tous les possibles se dessinent comme autant de promesses d’étoiles invisibles" 

        Ou bien :
         
        "Le destin de l’humanité est de n’avoir aucune destinée"

        Je peux vous en improviser une dizaine à la minute comme ça. 

        • 1 vote
          Éric Guéguen Éric Guéguen 23 mars 2015 13:34

          @Qaspard Delanuit
           

          Bon là vous êtes dur, je ne vous suis pas là-dessus.

          En revanche, j’aime bien votre truc sur les promesses des étoiles invisibles, ça m’interpelle au niveau de mon vécu. smiley


        • vote
          Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 23 mars 2015 13:43

          @Éric Guéguen

          Je suis dur parce que je suis un surhomme au-delà du bien et du mal.  smiley


        • 3 votes
          Éric Guéguen Éric Guéguen 23 mars 2015 13:49

          @Qaspard Delanuit
           

          Ah merde... smiley

          Et vos parents le savent ?


        • 1 vote
          Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 23 mars 2015 13:51

          @Qaspard Delanuit

          Alors Toto Ogranzizi descendit de la montagne pendant que le soleil montait sur les cimes et s’adressant aux hommes de la vallée leur adressa les paroles suivantes : "Ô, humains, fils des fils de vos ancêtres, vous pensez que l’épi de blé se plie vers la terre, mais en vérité c’est la terre qui salue de sa courbe l’épi de blé". 


        • 1 vote
          Qaspard Delanuit Qaspard Delanuit 23 mars 2015 13:57

          @Éric Guéguen

          "Et vos parents le savent ?"

           

          "Je n’ai ni père ni mère, car je suis né de l’incertitude de l’aube" répondit Toto de sa voix semblable à l’écho du chant sublime des astres lointains. 


        • 1 vote
          Éric Guéguen Éric Guéguen 23 mars 2015 13:59

          @Qaspard Delanuit
           

          Bon Monsieur il va falloir partir maintenant, hein...

          https://www.youtube.com/watch?v=ZzIAiSGKxQc


        • vote
          Chitine Chitine 23 mars 2015 16:34

          @Qaspard Delanuit

          Il ne faut pas oublier la part d’irrationnel qui nous anime et se saisi par le poétique et le figuratif, ces langages qui nous rapportent à nos représentations du monde, à "cette mozaïque qui s’élabore à partir de myriades d’expériences, de convictions, d’influences et d’interprétations" (je m’inspire d’un résumé du travail de Watzlawick sur l’inconscient) et nous servent à les réinventer.

          .

          Pour ma part, APZ fut vécu comme un excellente thérapeutique des conceptions naïves du collectif et de l’individuel que les formations classiques avaient injectées dans mon imaginaire. Il faut dire que je l’ai lu en même temps que le buchage de mon cours d’anthropo et j’ai alors eu l’impression d’avoir emprunté un fantastique raccourcis.

          .

          Je dirais que APZ est une matrice de sens. Et n’aurait pas dessein à être vécu autrement que comme un voyage éprouvant en soi-même, déstabilisant et vivifiant.


        • 2 votes
          La Vouivre La Vouivre 23 mars 2015 18:36

          @Chitine
          Faut revenir à plus d’instinct et moins d’intellect, le bouhaha de l’intellect occulte la voix de l’instinct, et nous empêche d’être nous mêmes, fais de nous des étrangers à nos propres yeux et scinde l’être en deux plutôt que l’unifier afin de lui laisser le loisir de s’accomplir mais pour cela il faut déjà renouer avec soi en s’isolant ou selon les méthodes propices à chacun, mais c’est à chacun de savoir ce qui est bon pour lui ou non.


        • 1 vote
          La Vouivre La Vouivre 23 mars 2015 14:20

          La plus belle imposture d’un type qui a marché toute sa vie sur le fil du rasoir de la folie pour finalement y basculer est impressionante tellement elle fascine des gens à l’esprit trop vite enthousiasmé par la branlette intellectuelle. Un fou qui partageait ses délires hallucinés et dont les esprits sains s’emparent et se délectent par manque d’imagination bordeline. Amusant mais ça ne fait guère avancer le schmilblick à moins que vous ne soyez de ceux qui trouvent la folie plus rassurante, tentante, confortable que la réalité crue de nos pitoyables existences d’atomes poussiéreux en regard de l’immensité de l’univers, la terrible réalité d’un esprit vaste prisonnier d’une prison de chaire insignifiante qui peut à tout moment réduire l’immensité quasi infinie de nos esprits imaginatifs et rêveurs à néant juste en tombant dans un escalier quelconque ou se manger un petit bout de métal en pleine tronche. 

           

          Effectivement ça doit ébranler plus d’un branleur de cerveaux ce paradoxe constant de nos natures à la fois plus hautement péteuses de leur céant qu’intellectuellement brillantes, de là à préférer finir à l’asile par paresse plutôt que continuer un combat perdu d’avance, il y a un pas que chacun est libre de franchir ou pas.


          • vote
            Mao-Tsé-Toung Mao-Tsé-Toung 23 mars 2015 14:25

            "Laissez-moi vous dire la vérité" !

            Ce brave guerrier fou, génie du verbe, donne la nausée à beaucoup !

            En sont-ils tous conscients ?

            Dans le débat Cyrulnik/Onfray, Nietzche apparait, en compagnie de Freud comme un des trois premiers inspirateurs de ce dernier  !

            ...mais pourquoi de tous ses interprètes, de tous ses exégètes, de tous ses intimes, qui se balladent sur AV, aucun pour répondre, à cet aphorisme, que j’ai mis en exergue ici :

            LA VOLONTÉ DE VÉRITÉ SONNERA LE GLAS DE LA MORALE !

            Il est de bon ton ici, de s’extasier à ces lectures et auditions :

            ah ! que c’est génial !

            (laissant souvent sous-entendre, que ceux qui ne sont pas admiratifs, n’ont rien compris )

            Comme le fameux El Kabache en entendant parler, ou en voyant le film sur le

            Mahabharata !

            Je sais pourtant qu’il n’a rien compris au Mahabharata !

            Pas vous ?

            Pourquoi ?

            Merci

            CQFD



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