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Histoire vs Sociologie

Aujourd’hui, je propose l’émission "Apostrophes".

 

Ce soir là, étaient invités l’historien Fernand Braudel, le sociologue Pierre Bourdieu et Max Gallo, présenté comme un romancier.

 

1) L’histoire face à la sociologie

 

Tout de suite, nous savons que Pivot confronte Braudel à Bourdieu, et que, par cette confrontation, il engage une joute entre l’histoire et la sociologie.

 

Dans le domaine des sciences humaines, tout le monde sait que les disciplines se font la guerre. Mais l’hostilité la plus aigüe est celle qui oppose historiens et sociologues.

 

La sociologie est une discipline initiée par les écrits d’Auguste Comte, qui s’affirme avec Max Weber et Emile Durkheim. Ce dernier entend construire la méthode sociologique. Cette méthode prône l’autonomie. Qui a lu Max Weber, sait que ce dernier a surtout écrit des livres d’histoire sociale. Il n’en est pas de même avec Durkheim. Son livre "Le suicide" le démontre bien. Il ne recourt à aucune autre science humaine, et s’appuie énormément sur les statistiques. C’est que Durkheim conteste "l’impérialisme" des historiens (l’expression est de Braudel).

 

2) Bourdieu, le sociologue

 

Pierre Bourdieu, figure emblématique de la sociologie française, digne héritier d’Emile Durkheim, vient présenter son livre intitulé "La distinction". Pendant la présentation de ce livre, Braudel et Gallo reprochent à Bourdieu son autonomie sociologique. Méthode qui l’empêcherait de comprendre la signification des comportements qu’il étudie. Certains sociologues, ici, s’il y en a, diront sûrement que c’est une cabbale contre la sociologie, que le match est truqué (2 contre 1).

 

Je ne pense pas que le match soit truqué. Je pense que l’intervention de Braudel, au début de l’émission, suffit à montrer que ce match était gagné d’avance.

 

3) Victoire par K.O

 

Pourquoi Braudel a-t-il gagné avant même que Bourdieu n’intervienne ? Prenez le livre de Braudel ? Quel en est le titre ? "Civilisation, économie et capitalisme".

 

Un livre en 3 tomes sur l’histoire économique. Autrement dit, l’on a là l’association de deux disciplines : l’histoire et l’économie. En effet, Braudel est un représentant de l’école des Annales ESC fondée par Marc Bloch et Lucien Febvre. Il explore donc l’histoire en étudiant le social et l’économique.

 

Mais, plus encore, Braudel est connu pour son apologie de l’histoire du temps long pour définitivement dépasser l’approche événementielle. A cette fin, il a préconisé la pluridisciplinéarité en évitant "l’impérialisme" de l’histoire. Il est aussi le concepteur de la géohistoire ( étude des espaces sur la longue durée), concept que l’on peut voir se déployer dans "L’identité de la France".

 

Par conséquent, j’imagine que les sociologues qui ont regardé l’émission ce soir là ont du sombrer avec Bourdieu. Il ne faut pas se raconter d’histoires. Bourdieu a été mis K.O. Et non pas parce qu’ils étaient deux contre un, mais parce que la sociologie est une science faible parmi les sciences molles.

 

En outre, loin de moi l’idée de dire que Bourdieu n’est pas intelligent. Qui suis-je pour dire ça ? Mais, force est d’admettre qu’il est beaucoup moins armé que Braudel, et que c’est de sa faute.

 

Tags : Livres - Littérature Société Histoire




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30 réactions à cet article    


  • 2 votes
    Guit’z 4 mai 2013 07:45

    @ L’Andalou

    Cher ami, je vous désigne comme mon archiviste attitré du samedi matin !
    Samedi dernier déjà je vous ai béni avec Nietzsche. Là, j’espère vous remercier avec Braudel.
    A plus tard pour un éventuel commentaire.


    • vote
      L'Andalou L’Andalou 4 mai 2013 08:07

      @ Guit’z
      J’essaie de dénicher des petites perles durant la semaine, que je publie le week-end.
      Moi perso, j’ai bien aimé ce débat.
      Pivot a eu raison d’inviter les deux grandes figures intellectuelles qu’étaient Bourdieu et Braudel pour trancher le débat Histoire/Sociologie.
      Depuis que Braudel a disparu, l’histoire est en crise. D’ailleurs de nombreux écrits ont été publié sur le sujet (G. Noiriel).
      Sur ce, bonne journée et profitez bien de la vidéo.


    • 1 vote
      Haze Haze 4 mai 2013 10:13

      Ce n’est pas une victoire par K.O non plus ; enfin pour moi ce que j’en résume c’est que Bourdieu dit des choses très justes et intéressantes, mais dans le même temps assez limitées par son approche.
      Mais je n’es lu aucun des livres des invités, donc je me fie uniquement à cette heure de vidéo, donc je ne m’avancerais pas plus...


      • vote
        L'Andalou L’Andalou 4 mai 2013 10:37

        Mis à part Max Weber, je n’ai jamais trouvé aucun intérêt à lire des sociologues.
        Je vais dire pourquoi. Le reproche que l’on fait souvent aux sciences humaines, c’est d’être des disciplines subjectives sur lesquelles planent la récupération politique.
        L’histoire est une discipline qui étudie le passé. Henri IV n’est plus là pour mettre son nez dans les études historiques à son sujet.
        Etudier le temps présent, c’est la spécialité des sociologues. Mais des questions se posent. Ont-ils le recul nécessaire pour l’étudier ? Ne promeuvent-ils pas l’idéologie dominante sans le savoir ?


      • 1 vote
        kemilein kemilein 4 mai 2013 11:36

        on pourrait faire la même remarque concernant les historiens qui soient n’ont pas sérieusement étudier le temps dont ils causent, voir pire, a fins d’être conforme a leur aspirations personnelles ils font bien souvent dire au passé ce qui leur chante.
        -
        l’histoire est un mensonge un mythe romancé pour rendre fier ceux a qui on l’enseigne.
        d’ailleurs c’est l’un des problèmes actuel, on a changé de "valeurs" (ce qui est une conséquence des comportements et non un déclencheur) donc apprendre que la france-de-machin-chose elle était belle elle rayonnait elle était enviée, noblesse, honneur, tom cruise (dixit l’introduction des films avec icelui).
        -
        deux exemple
        > la révolution francaise
        > la non collaboration francaise au sortir de la guerre
        deux mythes utile, mais faux.


      • vote
        kemilein kemilein 4 mai 2013 11:40

        note, il manque un bout ;
        le changement de valeur a pour effet que les français ne se sente pas fier d’être français (moi je m’en fout)
        après cela on s’étonne qu’il n’y ai plus de patriote (pour peu que c’est un sens autre que crédulité et bêtise)
        y’a rien qui fait aimer la france d’aujourd’hui vue qu’on conditionne pas trop les gens a l’aimer (pas comme au USA qui sont le pendant catho des juifs "élue de dieu" god bless américa et tout le tralala).


      • vote
        L'Andalou L’Andalou 4 mai 2013 11:49

        @ kemilein
        Je n’ai jamais dit que les historiens détenaient la vérité.
        En tant que science humaine, l’histoire peut avoir ce défaut de soutenir l’idéologie dominante.
        Mais, les historiens en ont conscience, même s’ils ne le disent pas. Les sociologues, eux (je parle de Durkheim et Bourdieu) n’ont absolument pas conscience qu’ils peuvent servir l’idéologie dominante. Voilà mon problème avec ces deux sociologues purs.


      • 2 votes
        Caracole Caracole 4 mai 2013 13:05

        "Mais, les historiens en ont conscience, même s’ils ne le disent pas. Les sociologues, eux (je parle de Durkheim et Bourdieu) n’ont absolument pas conscience qu’ils peuvent servir l’idéologie dominante"
        Raisonnement absurde, vous pensez à l’envers de la réalité ! 
        .
        Les sociologues sont sans doute les premiers à avoir mis en évidence et assumé la subjectivité des sciences humaines (mais toute science est humaine, non ?!) en dénonçant justement l’idéologie dominante qui berçait les sciences dites "objectives". D’ailleurs, de nombreux sociologues ont assumé leur engagement politique et reconnu qu’il conditionnait leur travaux. Bourdieu a par exemple choisi une posture de résistant face à l’idéologie dominante, ce qui était intéressant, mais limitait son approche à une critique de base du conditionnement social (salutaire par ailleurs, si tout le monde avait conscience de son habitus...).
        .
        L’Andalou, ne savez vous pas que l’histoire et sa soeur jumelle la géographie dont la création en tant que disciplines scolaires a été dénoncé depuis des lustres ? Ne savez vous pas qu’on a créé l’histoire-géo sous Napoléon pour inventer de toute pièce une identité française totalitaire niant les singularité des pays, langues et cultures locales qui la constituait ?
        .
        Je vous renvoie à la sociologie des sciences qui est la seule discipline scientifique à avoir étudié en tant que telle la subjectivité des sciences et l’emprise du milieu social sur la manière de "faire science" ! Bref, vous pouvez critiquer Bourdieu pour son dogmatisme, mais ne faites pas ainsi des généralités qui ne mènent à rien qu’à afficher votre ignorance.


      • vote
        L'Andalou L’Andalou 4 mai 2013 13:35

        @ Caracole
        Les historiens savent que leur discours propre est inscrit dans un contexte historique bien précis.
        Pourquoi dis-je que les sociologues n’ont pas conscience de servir l’idéologie dominante ?
        Il ne suffit pas de dire qu’on dénonce l’idéologie dominante.
        Les sociologues l’ont dit, Bourdieu l’a dit. Mais qu’en est-il dans la réalité ?
        Revenons sur sa méthode d’analyse. Sachant qu’il marche sur des oeufs (analyse du temps présent), Bourdieu recourt à une terminologie des plus sophistiquée et aux statistiques pour faire croire qu’il est objectif.
        En plus, il parle de la domination masculine à un moment où les hommes ne dominent plus rien. En plus, je ne suis pas sûr qu’ils aient déjà dominé les femmes.
        L’histoire avec la Revue historique et la géographie avec Vidal de la Blache ont connu ce positivisme mais ces deux disciplines l’ont dépassé.
        Ces deux disciplines sont passées de l’approche positiviste pour s’assumer en tant que science humaine. Bourdieu est un continuateur de Durkheim, il ne l’a pas dépassé. Et Durkheim, c’est l’approche positiviste : e fait de croire que qu’une science humaine peut être objective.


      • vote
        Caracole Caracole 4 mai 2013 14:03

        Bien sûr, la sociologie est bien plus jeune que l’histoire, donc elle est retombée dans les écueils de toute discipline qui se forme et qui doit assurer sa légitimité.
        .
        Votre mépris pour Bourdieu montre que vous n’avez pas assez lu et tiré d’enseignements de ses livres qui sont extrèmement précieux, même si pour ma part je ne les apprécie que très relativement, je dois reconnaître leur pertinence et le rôle historique qu’ils ont joué dans la formation de la discipline sociologique.
        .
        On voit dans votre jugement que vous le juger sur ses opinions politiques et non sur la science qu’il produit. Vous dites qu’il a parlé de domination masculine, mais il a parlé de tous types de domination, en l’étudiant sous le spectre de la reproduction et du conditionnement social. Vous dites qu’il n’a pas dépassé Durckheim, c’est absurde ! Si on peut les faire ses rejoindre sur l’aspect cartésien et fonctionnaliste (bien français), leur démarche est très différente, et on ne peut comparer deux penseurs à des époques différentes. Sans compter que Bourdieu a inventé des concepts originaux qui resteront des bases de l’anayse sociologique.
        .
        Je suis assez estomaqué que le seul passage de Bourdieu à la télévision (bizarre que les médias ne l’ait pas plus invité puisqu’il colportait la pensée dominante...) devienne objet de raillerie par des commentateurs virtuels qui n’ont sans doute jamais lu cet auteur et qui, de toute façon, ne l’auraient visiblement pas compris.
        .


      • 1 vote
        L'Andalou L’Andalou 4 mai 2013 14:16

        @ Caracole
        Je n’aime pas cette méthode durkheimienne. Et j’ai cru voir ça dans Bourdieu. Effectivement, je ne connais pas Bourdieu, dans le sens où je ne l’ai lu qu’artificiellement.
        Pourquoi ?
        Ce vocabulaire technique qu’il emploie pour faire croire qu’il est objectif. Ce recours aux stats que j’ai vu chez Durkheim.
        Bourdieu dénonce l’idéologie dominante, mais la sert. J’en suis persuadé.


      • vote
        Caracole Caracole 4 mai 2013 14:21

        Je ne te croyais pas aussi binaire, l’Andalou...
        Alors soit on sert l’idéologie dominante, soit on est des vrais rebelles ? Excuse moi mais c’est un peu ridicule, sachant que l’idéologie dominante récupère systématiquement toutes les pensées alternatives qui vont émerger.
        .
        Enfin, continue à croire ce que tu veux, je me permets juste de souligner le peu de sérieux intellectuel dont tu fais preuve en jugeant la pensée d’un homme comme Bourdieu au regard d’une vidéo et de bouquins non lus parce que trop compliqués pour toi.


      • vote
        L'Andalou L’Andalou 4 mai 2013 15:26

        @ Caracole
        Je suis plutôt littéraire. Donc, effectivement, les livres un peu trop techniques (sauf s’ils ont un intérêt), je les laisse vite de côté.
        Ce que j’essaie de comprendre, c’est le sens de l’oeuvre de Bourdieu.
        Par exemple, corrigez-moi si je me trompe, il ne parle pratiquement pas d’économie, ou à la marge.
        Or, l’économie est fondamentale. Braudel, lui, en parle, et dans une belle langue.


      • vote
        Caracole Caracole 4 mai 2013 16:00

        Vous êtes visiblement mal informé, Bourdieu était très au fait de l’économie, c’était un marxiste pur jus !
        Pour répondre à votre affirmation, voici un beau travail d’un prof d’Amiens que j’ai eu en cours quelques années :
        http://www.u-picardie.fr/labo/curapp/IMG/pdf/Bourdieufaceauxsceco.pdf
        .
        Je vous conseille par ailleurs les structures sociales de l’économie, un des derniers ouvrages de Bourdieu, résumé ici :
        http://www.melissa.ens-cachan.fr/spip.php?article1322
        .
        Enfin, si cela est trop compliqué pour vous, essayer de regarder le film de P.Carles : http://www.youtube.com/watch?v=1BapPtvzCE4


      • vote
        L'Andalou L’Andalou 4 mai 2013 16:15

        Merci pour les liens.
        Vous avez dit marxiste, je ne crois pas que Bourdieu soit marxiste. Il n’est pas marxiste, il est marxisant.
        Dans la vidéo de Pierre Carles, on voit que Bourdieu veut plaire aux médias (promotion de "La domination masculine").
        Ce qui me gêne chez Bourdieu, c’est vraiment cette approche durkheimienne qui me donne des boutons et que ne nie pas l’article que vous avez posté.


      • 3 votes
        O Scugnizzo O Scugnizzo 4 mai 2013 10:43

        Vidéo super intéressante merci pour le partage L’Andalou. Braudel est très bon, Bourdieu clairement moins, et même au sein du champ sociologique. C’était d’ailleurs son gros défaut que de prendre chaque phénomène social comme fondamentalement a-historique et a-culturel. Je rejoins le grand Clouscard qui lui reprochait de ne rien faire d’autre que d’enfoncer des portes ouvertes, de tirer sur l’ambulance, et de se dire subversif. Y a qu’à lire Clouscard, pour rester en France, pour comprendre le saut qualitatif opéré. Ce même Clouscard qui était d’ailleurs plutôt philosophe. Et voilà ce qui me dérange profondément dans ces débats, c’est cette focale sur les querelles interdisciplinaires. On peut également dire que généralement l’histoire, prise en tant que telle, est très ethnocentrée, qu’elle a ainsi servi à assoir et légitimer les institutions de pouvoir les plus viles, au nom de l’évolutionnisme social entre autre, depuis notamment la création des Etats-nations et du nécessaire nationalisme qui les accompagne. Quand on dit que ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire, c’est pas pour rien. Y a pas que des Guillemin et des Halbawchs en histoire. Une simple anthropologie locale nous enseignera que ces querelles interdisciplinaires, notamment concernant le champ sociologique, sont une triste particularité française. En Allemagne, tout philosophe est sociologue, tout sociologue est historien, comme Norbert Elias.


        C’est vraiment la dérive du système académique je trouve, celle d’oublier de tendre vers l’idéal du devenir Homme Complet. La sur-spécialisation ne fait que diviser, former des élites déconnectées et du peuple et l’une de l’autre, servant chacune à sa manière, à aider à manager les masses, au côté des financiers et des politiques.

        • vote
          L'Andalou L’Andalou 4 mai 2013 10:49

          Vous faites bien de signaler qu’en Allemagne, le délire de la spécialisation est moins présent.
          Mais, il me semble quand même que Braudel est sur le modèle allemand et non sur le modèle français.
          Même si Braudel bénéficie d’une grande renommée en France et dans le monde. Chez les historiens, il a une mauvaise image.
          La nouvelle vague des historiens spécialistes du fait politique (école initiée par René Rémond) l’ont carrément jeté à la poubelle.


        • vote
          O Scugnizzo O Scugnizzo 4 mai 2013 10:58

          J’irai un peu plus loin après avoir vu ton commentaire sur l’inutilité de la sociologie pour comprendre le monde moderne, point de vue que je partage avec toi, jusqu’à un certain point. Le mec qui est focalisé sur la sociologie clairement ne m’intéressera pas, mais force est de constater, qu’aujourd’hui, presque tous les auteurs essentiels à la compréhension du contexte dans lequel on vit ont une part de sociologue entre eux. Christopher Lasch (on peut pas dire qu’il soit inintéressant à la lecture) est sociologue et historien, justement. Marx, qui fournit encore un des instruments économiques les plus puissants pour comprendre le capitalisme malgré ses nombreux défauts, pour le peu qu’on se donne la peine de le lire directement, est considéré comme un des pères de la sociologie. Max Horkheimer, Adorno et généralement toute l’Ecole de Francfort font de la sociologie, pour construire leur théorie critique, même Walter Benjamin, qui était également historien. Les deux autres sont également philosophes. Pasolini se réclamait de la sociologie, il était également journaliste et artiste entre autre. Jean-Claude Michéa cite constamment Mauss, neveu de Durkheim, et tout le pan des anthropologues (qui n’est autre que la sociologie microsociale, qualitative). Dans cette optique là on peut en citer quantité d’autres, de Sahlins à Godelier, qui sont aujourd’hui essentiels pour la compréhension de notre domaine économique, et des possibilités futurs, en retravaillant les concepts de subsistance, misère, pauvreté, croissance, monnaie que notre économie classique a voulu figer à jamais, à l’aune de l’expérience de l’autrui éloigné, oublié, inconnu.


        • vote
          O Scugnizzo O Scugnizzo 4 mai 2013 10:59

          *Votre / Ton désolé pour le tutoiement on s’y perd


        • 1 vote
          L'Andalou L’Andalou 4 mai 2013 11:09

          Oui, je suis d’accord. Les personnes qui étudient le monde moderne sérieusement ont inclu la sociologie dans leurs travaux.
          Chez eux, elle n’est jamais l’électron libre qu’elle est chez Durkheim et Bourdieu.


        • 1 vote
          Caracole Caracole 4 mai 2013 13:30

          Totalement d’accord avec votre critique de Bourdieu qui est un pur fonctionnaliste, bien cartésien à la française, qui a toujours eu tendance à analyser des vérités générales plutôt que des raisons particulières, à l’inverse de Boudon. Sauf que Bourdieu a inventé des concepts clés de l’analyse sociologique, plus que jamais valables aujourd’hui (reproduction sociale, habitus, capital culturel...)
          .
          "C’est vraiment la dérive du système académique je trouve, celle d’oublier de tendre vers l’idéal du devenir Homme Complet. La sur-spécialisation ne fait que diviser, former des élites déconnectées et du peuple et l’une de l’autre, servant chacune à sa manière, à aider à manager les masses, au côté des financiers et des politiques."
          Je suis encore plutôt d’accord, même si je suis plus nuancé et ne crois pas que le système académique en soit la cause. Si au temps de De Vinci, quelques génies maîtrisaient toutes les sciences et tous les arts possibles et imaginable, le reste de la population n’avait accès à aucun de ses savoirs, les disciplines étant réservées à la caste aristocratique. Aujourd’hui, la démocratisation des savoirs à permis leur vaste diffusion, ce qui multiplie les niveaux de pratiques de ces disciplines qui vont être réinterprétées aussi bien par un savant fou dans son bureau qu’un passant dans le métro.
          .
          D’un point de vue global, on peut dire que la démocratie a permis à l’homme d’accéder à une multitude de savoirs, de facettes de la réalité qu’il a loisir de découvrir. Par contre, parallèlement à ce phénomène, les experts semblent s’être spécialisés à l’extrême, produisant un savoir de plus en plus cloisonné à une vision réduite du monde. Ceci dit, cela parait logique pour faire avancer la discipline, il faut à mon sens surtout veiller à la pratique transdisciplinaire qui ne doit pas être négligé.
          .
          Le vrai problème actuellement dans les organismes de recherche, pour y avoir travaillé, c’est la toute puissance de certaines disciplines, les sciences dures, qui négligent totalement la réflexion sur le conditionnement de leur recherche. Les sciences humaines sont littéralement broyées sous le rouleau compresseur de la marchandisation des universités, et on est en train de voir le triomphe de sciences dures, inhumaines, déshumanisées. Les universités deviennent les bras pensants de la Main Invisible du Marché.
          .
          Pour finir sur l’Homme Complet, même si j’aspire à la plénitude, je me dois de reconnaître, en tant qu’homme, mon inachèvement, comme l’a très bien souligné Lapassade.


        • 1 vote
          ffi 6 mai 2013 15:33

          Bourdieu aurait inventé l’habitus ?

          J’en doute : la scolastique en parle déjà...


        • 1 vote
          aldemanus 4 mai 2013 23:22

          Bon l’article qui accompagne cette vidéo montre une chose c’est le manque de solidité (euphémisme) des connaissances de son auteur sur le sujet qu’il entend traiter. Conclure par une victoire par Ko est un point de vu qui reflète l’image (et non la connaissance) qu’a l’auteur de l’article de la vidéo des deux disciplines universitaires dont il parle. Opposer l’histoire et la sociologie de cette façon est ridicule. Je conseille à l’Andalou de lire de façon plus attentive ce qu’écrit Noiriel dont Bourdieu est une influence importante dans sa formation intellectuelle même s’il prend une distance dans son livre "penser avec, penser contre". Dénigrer Bourdieu en en faisant un marxiste ou plus désobligeant marxisant c’est ne rien connaitre de ses écrits et de ses interventions. Quant à ceux qui citent le fonctionnalismes ils feraient bien de se renseigner plutôt que de classer bourdieu dans la lignée de Malinowski. Donc je vous conseille vivement de lire Braudel et Bourdieu plutôt que de vous contenter quand vous l’avez fait de leurs commentateurs. Et de grâce essayez d’être moins catégoriques lorsque vous traitez des sujets à propos desquels vous ne possédez que des connaissances embryonnaires (prenez conscience qu’elle le sont et creusez que diable). Voilà quelques critiques qui ne manqueront pas des réponses vigoureuses dont je vous remercie d’avance. Et je remercie l’Andalou de nous avoir posté cette vidéo avec ces deux figures imposantes que sont Braudel et Bourdieu (Max Gallo n’étant qu’un faire valoir).


          • vote
            L'Andalou L’Andalou 5 mai 2013 07:11

            @ aldemanus
            Je n’ai jamais dit que Bourdieu était marxiste. J’ai dit qu’il était marxisant (il reprend le thème de lutte des classes).
            J’ai dit que j’aurais aimé Bourdieu si ses livres ressemblaient à ceux de Max Weber, plutôt qu’à ceux d’Emile Durkheim. Ce qui m’empêche d’approfondir la question.
            Donc, effectivement, vous pouvez dire que je ne connais pas Bourdieu.
            J’aimerais tant le lire avec approfondissement, mais je n’y arrive pas, je bloque. Vous aussi, certainement, vous avez des auteurs sur lesquels vous n’arrivez pas à poser les yeux attentivement.
            Vous dites que je ne connais pas Braudel. J’ai lu Braudel. Pas tout évidemment, car il a abattu une oeuvre colossale, mais l’essentiel, je l’ai lu (Méditerranée, Identité de la France, Ecrits sur l’histoire). L’image que j’ai tiré de cette oeuvre, c’est celle d’un homme curieux, pédagogue et qui ne s’enferme pas dans une vision positiviste de l’histoire (Revue historique, Gabriel Monod,...).
            Vous parlez de Noiriel. Je sais qu’il était proche de Bourdieu. Mais sa méthode (c’est un historien) doit plus à Michel Foucault qu’à Bourdieu.


          • vote
            requete CASSE-NOIX 5 mai 2013 13:45

            C’est sûr que quand on a un Q.I qui ne nous permet que de collectionner des objets morts (histoire) et de faire de la ventriloquie de ses pulsions animales tribalistes et réactionaires, on voit la réflexivité de Bourdieu comme un hamster voit un ordinateur (un chauffage pas très puissant)


            Pauvre Clouscard, et pauvre L’Andalou !!!

            • vote
              requete CASSE-NOIX 5 mai 2013 13:58

              J’ajoute que dans ce débat, Bourdieu n’est pas la vedette, et qu’il n’est pas dans son élément, et que effectivement, il est acculé par la situation à ne sembler dire que des choses banales... et une carrément fausse. 

              Dans "ce que parler veut dire" il y a tous les articles les plus importants de l’articulation que propose Bourdieu. 
              Si quelqu’un ne veut faire l’effort de lire 10 pages de Bourdieu, ce qui m’étonnerait fort, il peut aller à la FNAC (si ça existe encore) et lire le petit chapitre titré "l’identité et la représentation" (que l’on trouve aussi dans "langage et pouvoir symbolique".

              Une fois déniaisé, qu’il retourne écouter les coprophages...

            • vote
              requete CASSE-NOIX 5 mai 2013 14:01

              je voulais dire "nécrophage"....


            • vote
              L'Andalou L’Andalou 5 mai 2013 14:13

              @ CASSE-NOIX
              Ca sent l’intervention du sociologue.
              Je vous promets de potasser Bourdieu.
              Vous vous rendez compte, je vais devoir me taper les oeuvres de Bourdieu, je fais donc d’énormes efforts.
              Les historiens apprécieront la remarque sur le Q.I.


            • 2 votes
              ffi 6 mai 2013 14:22

              Je suis d’accord avec l’auteur de l’article, la position de Bourdieu est difficilement tenable.
               
              La sociologie moderne (section Bourdieu) est l’héritière du positivisme d’Auguste Comte, et fait donc partie d’un courant que je nommerais Newtonisme philosophique. L’ambition est la mathématisation des sciences humaines, sorte reproduction de la mathématisation des sciences physiques réalisée par Newton, ceci selon une méthode empiriste.
               
              Pour mathématiser quelque chose, il faut pouvoir utiliser des symboles et des quantités, le tout articulé dans un langage rationnel. Le calcul différentiel fonctionne bien en physique parce qu’il modélise des objets inertes, gouvernés uniquement par des nécessités extérieures à eux-même : les objets de la physiques sont donc modélisés comme ce que l’on appelle des automates déterministes. Avec l’informatique on sait que tout automate déterministe peut être modélisé par un langage rationnel (on dira aussi langage régulier).
               
              Mais dès qu’il s’agit de modéliser l’homme, nous n’avons plus un automate déterministe en tant que tel parce que l’homme vit : l’homme est un sujet, il a une activité interne non déterminable à priori, l’homme se détermine par lui-même, même s’il reste soumis à des nécessités externes.
               
              Evidemment, je n’imagine pas que Boudieu modélise l’homme comme quelque chose d’inerte, mais il y tend, il reste toujours sur le fil du rasoir, il est ambigu à ce sujet. Tout au plus admet-il que l’homme n’est pas parfaitement déterminé, et donc admet qu’il y a une part de hasard dans son flots de statistiques recherchées au pifomètre. (partie où la discussion se porte de savoir si les classes inférieures imite le vêtement des classes supérieures ou vice-versa).
               
              Ici, manifestement, il reproduit une ’énorme erreur des courants empiristes (tel Hume) : ceux-ci confondent généralement la contingence avec le hasard, ce qui les pousse à considérer les contingences comme des choses sans signification et sans conséquence.
               
              Or la contingence, ce n’est pas du tout le hasard. La contingence, c’est ce qui se touche, c’est le contact (ça vient du latin contingo, qui signifie "se toucher"). La contingence a donc plutôt à voir avec des notions comme circonstance, coïncidence.
               
              Par exemple, un choc physique est un contingence. La réaction suite à un choc entre deux objets montre certaines nécessités (conservation de la quantité de mouvement ou de l’énergie cinétique si les objets sont parfaitement élastiques) : il faut donc parfois étudier la contingence pour déterminer les nécessités...
               
              Pour ce qui concerne l’homme, comme l’on sait que l’homme convient aux circonstances comme il l’entend nécessaire, on ne peut donc pas prétendre comprendre les nécessités de l’humanité, sans jamais prendre en compte les circonstances et les considérer au rand de hasard...
               
              Ainsi, pour prendre une illustration dans l’extrait vidéo, Bourdieu mélange un panel "représentatif" de classes du limousin et de Bretagne et en déduit que l’ouvrier ne mange pas de poisson, sauf contingences liées à un "pur hasard", et en déduit une pseudo-psychologie ouvriériste porté sur un grand appétit pour l’usage des canines.... Poussé dans les cordes, il finit par admettre que les fils de paysans, même proches de la mer, mangent peu de poisson, ce qui est tout-à-fait normal, puisque le paysan produit sa nourriture dans son champ, et donc a sa subsistance liée aux produits de la Terre. Il en est de même du Marin qui prélève sa nourriture dans le mer, et a donc une subsistance liée aux produits de la Mer.
               
              Donc, dans les faits, Bourdieu évacue tout l’héritage des habitudes alimentaires, et finit par en déduire n’importe quoi... De fait, la France est une nation plutôt paysanne. Mais dans les nations de marins (comme les pays scandinaves où les pays-bas), il en irait autrement.
               
              La loi de nécessité alimentaire est simplement que les hommes mangent ce qu’il trouvent, dans les circonstances d’existence qui sont les leurs... Je n’ose imaginer ce qu’il aurait dit au sujet de certaines population qui mange des insectes, ou encore celles qui sont cannibales.
               
              Bref, la méthode Bourdieu, c’est je mélange tout dans le plus grand désordre, je passe le tout au mixer des statistiques, j’évacue tout ce qui ne colle pas, puis j’interprète le tout selon les considérations marxo-freudienne que j’avais déjà à priori...
               
              Bourdieu, c’est vraiment mauvais.


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                L'Andalou L’Andalou 6 mai 2013 16:21

                "La loi de nécessité alimentaire est simplement que les hommes mangent ce qu’il trouvent, dans les circonstances d’existence qui sont les leurs..."
                Effectivement, c’est aussi simple que ça. Le problème de Bourdieu est là : compliquer des choses qui sont simples à comprendre.
                C’est sa méthode qui le pousse à cela.
                Les positivistes en sciences humaines sont persuadés qu’un jour, les sciences humaines seront des sciences exactes. Je pense que si cette méthode n’est pas revue, elle est amenée à discréditer définitivement les sciences humaines.
                Ce qui est étrange aujourd’hui, c’est que les historiens ont mis de côté l’humilité méthodologique des Marc Bloch, Lucien Febvre et Braudel pour une approche positiviste de l’histoire.
                Cela révèle une crise de grande ampleur dans l’historiographie française. Si les historiens se mettent à vouloir édifier l’histoire en science exacte, c’est qu’ils ne sont plus si sûrs d’eux. De fait, Braudel était très humble et connaissait les limites de l’histoire en tant que science humaine. Ce qui lui permettait d’être à l’aise dans son métier (en gros, il ne se prenait pas la tête et nous livrait des chefs d’oeuvre). Les historiens actuels (en France) n’ont pas la même aisance, ils s’en vont donc dans une rhétorique "scientiste" pour pallier le manque d’assurance.



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