La démence en chansons
Voici un interlude musical de folie, au sens propre du terme. La démence est une thématique souvent explorée dans l'univers musical, elle est parfois inhérente à la vie personnelle des auteurs, compositeurs, interprètes, et peut devenir une fertile source d'inspiration.
En images, en mots et en notes, vol au-dessus d'une dimension difficile à délimiter, tout comme il est complexe de jauger sa porosité avec la raison, réelle ou supposée, du (supposé également) sain d'esprit.
En mai 1996 Dave Gahan est déclaré cliniquement mort pendant deux minutes, point d'orgue d'une longue descente aux enfers parsemée d'addictions, d'overdoses, de profonds désordres mentaux consécutifs à un vécu lourd à porter. Début 1997 les rumeurs alarmantes sur son état de santé mentale continuent de circuler lorsque surgit sur les écrans le premier extrait du nouvel album de Depeche Mode "Ultra". La vidéo, initiée par Anton Corbijn, montre un Gahan visiblement perturbé. Ou en pleine renaissance. "Barell of a gun" est aussi, et surtout, un morceau d'une grande puissance musicale. Un truc de ouf.. !
Changement de décor, d'époque, d'ambiance...de démence aussi, avec la "maladie d'Amour" lorsqu'elle emporte l'être trop violemment épris vers les rives sanguinaires des actes meurtriers. Incapable de distinguer l'amour du danger des dangers de l'Amour, Polnareff, le "vulgaire assassin, vagabond indigne du château", a sombré dans la folie. Il sera pendu à l'aube, il ne reverra plus "sa" Jane, mais qu'importe, il enrage surtout de ne pouvoir supprimer le nouveau fiancé de sa bien-aimée.
Avec la voix plaintive du chanteur, la baroque sonorité des orgues, son sujet, ce titre est incontestablement unique en son genre.
Autre bancal du bocal pour qui le grain de folie est un élément naturel...Robert Smith du groupe The Cure. La berceuse qu'il entonne le transporte vers un sommeil un tantinet agité. Le royaume des songes, n'est-ce pas le territoire de prédilection de l'Inconscient de chacun de nous, où les entités cachées le jour viennent à la nuit tombée écrire les scénarios les plus déments, les plus insensés, en rêves exquis et en cauchemars angoissants.. ?
Arachnophobes s'abstenir, merci.
"C'est facile ces temps-ci de perdre mon esprit". Ces paroles et cette atmosphère musicale anxiogène, oppressante, collent parfaitement à notre monde actuel. La chanson date pourtant de 1991 lorsque Mylène Farmer se distinguait par des productions atypiques et inclassables peuplées d'étranges créatures proies de leurs tourments intérieurs, de plaies mal ou pas cicatrisées.
Remerciements à la (très) confidentielle chaîne Sullivan Clips pour la vidéo d'illustration.
"I am a human being, I am not an animal". C'est bizarre comme ces mots résonnent aujourd'hui, il y a comme un air de voisinage avec certaines menaçantes (et actives) idéologies...bref...
"La démence en chansons" succède dans cette série à "La guerre en chansons". Pas vraiment des geysers de jovialité, mais promis, je vais travailler sur le thème "La joie de vivre en chansons".. ;-)
Tags : Musique Culture Poésie Psychiatrie
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