La philosophie d’Arthur Schopenhauer
La philosophie de Schopenhauer est encore assez méconnue de nos jours. Son oeuvre, trop souvent réduite à l'état d'opuscules sur les étalages des librairies (L'art d'avoir toujours raison, Sur le besion métaphysique de l'Humanité, Sur les femmes), mérite pourtant d'être lue, en particulier son ouvrage principal, aux dimensions colossales, Le Monde comme volonté et représentation, qui donne une présentation exhaustive de sa doctrine. Celle-ci, que le philosophe allemand qualifie de "Thèbes aux cent portes", et qui réclame pas moins de 2000 pages pour être exposée, peut pourtant se résumer en deux phrases : "Le monde est ma représentation. Le monde est ma volonté".
La lecture de Schopenhauer s’apparente à un merveilleux désenchantement. La moulinette de son pessimisme n’épargne pas les convictions pleines d’espoir de ceux qui prêtent foi à l’harmonie du monde, à la bonté de Dieu, ou même à l’amour. Schopenhauer fait partie, comme Hume, et comme Nietzsche après lui, des grands démystificateurs de l’histoire de la philosophie, des destructeurs impénitents de mirages. La noirceur de sa vision n’a de cesse de nous répéter que la vie dans ce monde, où la souffrance est omniprésente, où le bonheur n’existe qu’en sursis, ne vaut pas la peine d’être vécue.
La grande originalité de la philosophie de Schopenhauer est d’avoir mis la volonté à une place prépondérante, là où la philosophie classique en faisait un produit dérivé de la raison. La volonté est absolument première car elle est l’essence même de toute vie, de toute chose. Tout phénomène est la manifestation de la même volonté, depuis la pierre qui tombe, jusqu’à l’humain qui pense. Rien ne semble échapper à l’emprise de ce tyran qui ne laisse jamais de repos, d’où les peines et les souffrances indéfiniment répétées au cours de la vie, payées pour de trop fugaces instants de plaisir.
Mais une porte de sortie existe. D’abord, par l’art, l’être humain a la possibilité de s’extraire momentanément du joug de la volonté, en expérimentant un plaisir purement intellectuel, qui n’est donc pas dicté par les exigences de la volonté. Ensuite, par la religion. Bien que Schopenhauer rejette véhémentement le théisme, il n’en reconnaît pas moins à l’ascétisme chrétien, et plus encore à l’hindouisme et au bouddhisme, la vertu de prôner la négation de la volonté. L’ascète, le saint, est celui qui décide de ne plus être soumis à la volonté, et qui donc ne désire plus rien pour lui-même, ne recherche plus les joies éphémères de ce monde. Par là, il acquiert une sérénité que rien ne peut lui enlever.
L’émission ci-dessous, consacrée à Schopenhauer, est animée par Raphaël Enthoven et a pour invité Clément Rosset. Ce grand admirateur de Schopenhauer est un adversaire de la conception selon laquelle la philosophie doit donner du sens au monde et à lui trouver une intelligibilité. Une occasion pour aborder divers thèmes de la vie et de l’oeuvre de Schopenhauer.
Tags : Livres - Littérature Religions Philosophie Culture
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