Qui
étaient ceux que l’on appelait « Assassins » ?
Pour
répondre à cette question il faut commencer par savoir qui étaient ceux qui s’appelaient
« Ismaélites ». Voyons cela.
La
prétention de Mohammed d’établir un Dieu unique fut loin de gagner tous les
suffrages.
A
peine né, l’Islamisme vit se former, en face de lui, une secte : les
Ismaéliens.
Cette
secte avait pour fondateur Ismaël, qui mourut vers l’an 766. Les disciples
d’Ismaël étaient des libres penseurs qui discutaient les préceptes du Coran
chaque fois qu’ils en avaient l’occasion.
Au
début, ils agirent au grand jour, mais les khalifes les persécutèrent ; un de
leurs chefs les plus célèbres, Babek, qui parut en 815, tomba avec ses partisans
en 837.
Ils
se constituèrent alors en société secrète et enseignèrent l’antique vérité,
comme les Manichéens, ou du moins le syncrétisme divin résumé dans l’idée d’une
dualité représentant l’homme et la femme.
Ce
fut Abdallah, qui vivait à cette même époque à Ahwas, dans les provinces
méridionales de la Perse, qui, rendu circonspect par le sort des disciples de
Babek, résolut de miner sourdement la religion des Arabes et fit de
l’Ismaélisme une société secrète.
Il
divisa l’enseignement des doctrines en 7 degrés. Dans le 7ème degré, on
apprenait que toutes les religions des hommes étaient des chimères et qu’il
fallait revenir à la Nature.
Abdallah
eut un grand succès ; il forma des disciples, dont beaucoup se firent
missionnaires et allèrent propager au loin l’Ismaélisme, qui eut bientôt des
ramifications à Bassorah et dans toute la Syrie.
Le
plus célèbre de ces émissaires fut Ahmed, fils d’Eskhaas, surnommé Karmath. Ses
disciples, qu’on appelait les Karmathites, n’eurent pas la prudence des autres
adhérents d’Abdallah ; ils se mirent en lutte ouverte avec les khalifes encore
puissants. Cette lutte fut sanglante.
Un
de leurs plus hardis missionnaires, qui se nommait aussi Abdallah et qui
descendait d’Ismaël, avec l’aide des Ismaéliens d’Egypte, et un parti nombreux
et déterminé, réussit à conquérir le pouvoir et s’assit sur le trône sous le
nom d’Obeidallah-Mahdi (909). Il fut le fondateur de la dynastie des khalifes
égyptiens, appelés Fatimites parce qu’ils se donnaient pour origine Fatmah,
fille de Mohammed, et non Mohammed lui-même.
La
secte des Ismaélites subsista en Orient jusqu’à la chute de l’empire des Fatimites.
Pendant
toute leur durée, ils firent une active propagande, envoyant partout des
émissaires, si bien que cette société se répandit secrètement dans les
différentes contrées de l’Asie. Dans la dernière moitié du XIème siècle, un de
ces missionnaires, Hassan ben Sabah Homaïri, devint le fondateur d’une nouvelle
branche de la secte, celle des Ismaéliens de l’Est, appelés Hashishin, mangeurs
de « hashish ».
L’histoire
écrite par leurs ennemis les appelle les Assassins, et les représente comme des
brigands et des pillards enivrés de hashish et tuant dans l’exaltation des
stupéfiants. On a fait justice de ces calomnies depuis que l’on sait que leur but
était de défendre la Femme. Pour eux, les infidèles, ce sont ceux qui ont
abandonné la religion naturelle et la loi de Myriam.
Hassan
devint le plus célèbre des chefs de l’Ismaélisme.
Il
était, appelé « le Vieux de la Montagne ».
C’est
vers 1080 de notre ère, avec le Grand-Maître Hassan ben Sabah, que les
Ismaéliens jouèrent leur grand rôle sur la scène du monde. Pour se défendre et
défendre leur religion, il créa le corps des « Fedawis » (les dévoués), qui,
avec un entier dévouement, se chargeaient des missions les plus dangereuses
dans les vues de sauvegarder leurs croyances et leur organisation.
Lorsque
les Croisés (les Francs) apparurent sur les routes de Jérusalem, ils
rencontrèrent les Ismaéliens de Syrie, et c’est par les croisés que les
premiers échos portèrent en France le renom du Vieux de la Montagne.
Islamisme et Ismaélisme