Le chaos est une échelle
Voici une scène de la troisième saison de « Game of thrones » (« le trône de fer » en français) qui est une série télévisée adaptée d’une série de roman de fantaisie écrits par George R.R. Martin.
L’histoire de la série entrelace plusieurs intrigues dont une guerre civile entre les membres de plusieurs maisons de nobiliaires pour le Trône de fer du Royaume des Sept Couronnes.
La mythologie raconte que le royaume a été fondé par une maison, la maison Targaryen, ayant conquis les Sept Couronnes avec trois gigantesques dragons, montés par Aegon le Conquérant et ses deux sœurs.
Little finger
Petyr Baelish appelé également « Little finger » est un personnage fascinant qui est issu d’une petite maison noble, sans richesse et qui n’a aucune aptitude au combat. Dans un monde empreint de chevalerie et dans lequel la richesse de la maison à laquelle on appartient signifie tout, il n’avait aucune chance de se faire un nom, pourtant il a connu une fulgurante ascension qui l’a conduit au poste de Grand Argentier du royaume.
Dans la première saison, après avoir raconté à une prostituée son premier duel qui a été un désastre pour lui, il lui confie : « Vous savez ce que j’ai appris en perdant ce duel ? J’ai appris que je ne gagnerais jamais, pas de cette façon là. Ils ont leur jeu, leurs règles. Je ne vais pas les combattre, je vais les enculer. Voilà ce que je sais, voilà ce que je suis. Et ce n’est qu’en admettant ce qu’on est qu’on peut obtenir ce qu’on veut ».
La prostituée lui demandera « Et qu’est-ce que vous voulez ? », et il répondra « Je veux tout ma chère, absolument tout ».
Little finger est un personnage rusé, intelligent, vif d’esprit qui épie les moindres opportunités pour grimper dans la hiérarchie. Dans la seconde saison, il confie à la reine : « Le savoir c’est le pouvoir ».
On l’aperçoit dans plusieurs scènes se recueillir silencieusement devant le trône, son objectif ultime.
La scène
On voit dans cette scène Petyr Baelish discuter avec lord Varys, le chauve dans la vidéo qui est un eunuque et le « Maître des chuchoteurs » (maître espion) du royaume des Sept Couronnes.
Petyr Baelish lui explique ce qu’est le royaume : un mensonge ! Un mensonge qui à force de répétition est devenu un mythe auquel les hommes s’accrochent, une illusion.
On peut le voir comme une critique des mythologies fondatrices de l’histoire des peuples, des nations, des cités comme Rome avec Romulus et Remus ou comme le royaume de France avec « la sainte ampoule » et bien d’autres exemples.
Les peuples se construisent autour de mythes fondateur souvent fantastique qui a pour vertu de leur donner une conscience collective et de les unir.
Varys explique donc que ce mensonge est nécessaire car sans lui, c’est le chaos qui est un gouffre béant prêt à avaler quiconque.
Petyr Baelish lui répond que le chaos n’est pas un gouffre mais une échelle ! Beaucoup en tombent et sont brisés par la chute. D’autres ont l’occasion d’y monter mais s’y refusent préférant s’accrocher à aux mythes. Ceux qui ont conscience que ces mythes sont des illusions savent que seule l’échelle est réelle et qu’y grimper est tout ce qui compte.
Contrairement à ce que les gens du commun ont tendance à croire, les périodes de trouble et de chaos ne sont pas que souffrances et désolations, elles sont aussi des opportunités pour les plus ambitieux d’aller le plus haut possible dans l’échelle sociale, chose qu’ils leur seraient impossible en période d’harmonie, du moins sans cette fulgurance propre aux périodes de chaos. L’histoire regorge de récits qui décrivent tel soldat devenu général, tel général devenu roi ou empereur grâce au chaos.
Les paroles prononcées par Petyr Baelish ont été reprise dans une bande annonce faisant la promotion de la troisième saison de la série intitulée « le teaser du Chaos ».
L’univers impitoyable de Game of Thrones laisse peu de place à la bonté. Les personnages les plus nobles ne résistent pas longtemps, corrompus par la nécessité ou décapités par elle. La fin n’a jamais autant justifié les moyens que dans cette société où « Le chaos est une échelle. Seule l’échelle est réelle. Seule l’ascension importe. »
Le réalisme de la série qui n’est pas une bête histoire de bien contre le mal, pose de vrais dilemmes éthiques qui invitent à différentes réponses. Elle permet de regarder en face les vicissitudes de l’humanité."Game of thrones" est sans doute l’ une des meilleures séries du millénaire.
Sources : Cali Méro
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