Le fait est que chez nous, l’apprentissage de l’électricité est limité ou tardif, et que les jeunes qui nourrissent quelque curiosité sur son utilisation et la compréhension de ses phénomènes sont obligés d’aller chercher par eux-mêmes les informations nécessaires. Et c’est bien dommage, car même si le sujet est bien trop complexe pour être d’emblée abordé dans son entièreté, il y a certainement moyen d’améliorer son enseignement.
Quoi qu’il en soit, il ne faut pas s’attendre à parvenir à voir et comprendre ce qui se passe « réellement » dans les phénomènes électriques en dehors de leurs effets visibles.
D’une part, l’électricité existe essentiellement à des échelles très petites qui nous sont peu ou pas accessibles et qui sont régies par des lois qui défient nos habitudes et nos intuitions.
D’autre part, la science n’a pas pour but de dire la nature profonde des choses (ça, c’est plutôt le domaine de la métaphysique), mais seulement de modéliser ce qui est observable, directement ou indirectement, afin d’en dégager des règles exploitables.
Les différents modèles issus de la science sont limités à ce qui est connu, mais surtout à ce qui est nécessaire, de sorte qu’ils s’avèrent généralement faux ou inadaptés dans les situations pour lesquels ils n’ont pas été conçus. Ainsi, on n’aura pas recours aux mêmes modèles quand on allume une lampe avec une pile électrique, quand on alimente une usine à partir d’une centrale nucléaire, quand on transmet un signal dans un câble coaxial, quand on exploite un dispositif à semi-conducteur ou quand on cherche à se prémunir de la foudre.
Quant aux analogies explicatives (à base de conduites d’eau, de billes, etc.), si ces modèles paraissent les plus accessibles à la compréhension, ce sont aussi probablement les plus limités et donc les plus faux qu’on puisse imaginer.