@herve_hum
Pour
revenir au sujet, je comprends votre propos et je suis partiellement d’accord
avec vous : jouir d’une position de pouvoir permet de
s’approprier le temps de vie de ceux que l’on domine, en jouissant de leur force physique
et intellectuelle. Il faut en effet qu’il y ait des gens qui acceptent de libérer
du temps pour se consacrer à travailler plus au service d’autrui.
Cependant,
ça permet également à celui qui commande d’être reconnu par ceux qui lui obéissent
comme porteur d’une qualité le rendant supérieur, voir exceptionnel. Et cette
jouissance sociale, n’est pas négligeable, les humains sont capables de mourir
pour elle car ils s’inscrivent dans des espaces de réputation qui leur offrent
un statut, une position sociale et une voie d’accomplissement. Il s’agit là
également d’un capital social, qui n’est pas économique, mais symbolique. Et on
revient à ce que vous disiez très justement sur Alexandre le grand parti à la
conquête d’autres pays pour la gloire et sa propre grandeur (il est très loin d’être un
cas historique isolé). Et si les humains sont capables de sacrifier leur vie pour
ces enjeux de prestige, ils sont aussi capables de
dépenser et/ou de fructifier leur capital économique pour fructifier ce capital
symbolique, et c’est en ce sens que le capital économique peut être un moyen d’accroitre
son capital symbolique.
Je
suis d’accord avec le fait que la capacité à recueillir les richesses est la preuve physique de cette domination mais il n’y a pas que ça, cette
domination se mesure également à la disponibilité et la multiplicité des partenaires
sexuels (et ce n’est pas du tout un facteur à négliger non plus, c’est extrêmement
important), à la quantité de larbins prêt à s’humilier, par calcul ou par
admiration etc. Et il y’a un autre critère plus lugubre : ça se mesure également
à la capacité à faire souffrir, c’est quelque chose qu’Orwell a brillamment exprimé
dans un dialogue de 1984 :
« O
Brien :Comment un homme s’assure-t-il de son pouvoir sur un autre,
Winston ?
Winston :
En le faisant souffrir
O
Brien : Exactement. En le faisant souffrir. »
Autre
sujet, vous dites « le seul argument qui justifie dans une communauté
humaine de donner le pouvoir au prédateur humain, c’est la guerre ou menace de
guerre ». Oui,
la guerre et la menace de la guerre produisent cet effet. Mais ils ne sont pas
les seuls. Et ils ne viennent même pas en premier dans les chaines de causalité.
Observez bien : pour faire la guerre ou l’utiliser comme menace, il faut au
préalable une armée. Pourquoi les hommes de cette armée obéissent-ils aux
ordres ?