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lemanu lemanu 28 décembre 2008 23:51

Dieudonné ou la provocation jusqu’à son paroxysme...  smiley... Mon titre est meilleur que le votre : Dieudonné n’a pas fait acclamer Faurisson, Dieudonné lui a donné la parole (ou a fait comme si...) Et pourquoi ? On réfléchit ou (comme vous) on tire d’abord ?

Il y a longtemps que le seul nom de Dieudonné est un outrage consenti aux bonnes moeurs et que j’avais envie de vous embêter avec ça.

J’ai découvert la démarche de Dieudonné un matin au volant de ma voiture, en écoutant un Faugiel emmerdé faire son mea-culpa dans mon auto radio : la veille, Dieudonné avait dégainé sa tragie-comédie anti-Isarel en direct sur son plateau, et le jeune animateur l’a alors descendu descendu en flammes avec une telle assurance que ça en devenait véritable prise de position en forme de litanie , ce dont il serait bien incapable le pauvre Marc-Olivier. S’en est suivi une partie de lèche-bottage d’une servilité incroyable, ...et qu’il avait été abusé... et qu’il demandait pardon... et que oui vraiment c’était un scandaaaaâle.

J’ai plus tard vu la vidéo... Evidemment, dans le genre provoc c ’était réussi ! Ca m’a rappelé Bachir El Assad qui avait osé juger Israël comme “plus raciste que les nazis”. C’est pourtant lui qui récemment prônait le dialoque avec le même Israël (c’était avant les pilonnages d’hier et aujourd’hui... sur Gaza)

Revenons à Dieudonné : j’ai alors assisté, dans un bel élan de fraternité républicaine, au lynchage médiatique, aux suites judiciaires, au lâchage par les collègues "corrects" (politiquement), et là, pour le coup c’est moi qui ai été personnellement interpellé et scandalisé.

Car bien qu’humoriste, le type ne doit pas choquer. Provoquer le rire, oui ; mais provoquer tout court, non. Rions bien, rions cons. D’accord ou pas avec Dieudonné, là n’est pas le problème : Pour moi, l’individu est là pour choquer. La provocation est la base de son métier, le carburant de sa machine à faire rire. ON a sciemment sacralisé ce sketch (blessant pour beaucoup, j’en conviens) pour le transformer en message révisionniste : une sorte de détournement collectif d’opinion. Cette simple supercherie aurait dû suffire à entraîner une réaction du genre :" là il y va fort, ...sujet pas simple,... solution urgente...mobilisation nécessaire...", enfin mener vers une sorte de réflexion, si ce n’est pas encore un gros mot... Mais rien ; la forme est un scandaaaaâââle : qu’on le pende avant qu’on y réfléchisse, en quelque sorte...

Alors Dieudonné, plus têtu et blessé que convaincu, a donné le change, il a continué, il a enfoncé le clou. Pas à mon sens dans le "révisionnisme" (je ne pense pas qu’il le soit), mais plutôt dans l’art d’utiliser la provoc pour enfoncer les tabous du politiquement correct, expression dont c’est avec Dieudonné seul qu’à mon avis en France on peut cerner la véritable signification. Son tour d’honneur à la fête du Front National était hilarant. N’avez-vous pas eu envie de rigoler en voyant le Pen emmerdé qui sentait bien que tout n’était pas clair avec ce soutient afro-spontané. Il a fini par s’en faire exclure de la fête, Preuve que s’attaquer aux tabous gêne la totalité de l’échiquier du politiquement correct, sans discernement de couleur...

On a le droit de tout penser des provoc, mais pas de les faire taire. L’outrance est la base de l’humour, elle est un véhicule, une esthétique du message. L’artiste a ce privilège et cette responsabilité d’éveiller à travers son art un message et si tout le monde a le droit de ne pas être d’accord, personne n’a celui de condamner l’artiste au lieu de son message. Mais il y a des sujets dont on ne rit pas, et parmi eux certains dont on ne doit même pas parler... Quant à en rire...

Alors, acculé au pire par sa propre démarche, Dieudonné nous en redonne... et atteint le paroxysme de la provocation : "L’oscar de l’Infréquentabilité" à Faurisson... La preuve par l’absurde, comme à la fête "bleu, blanc, rouge". Cette fois solidarité avec le réviso le plus haï de France et de Navarre. Faurisson lui-même a-t-il réalisé l’absurdité de ce happening surréaliste ? Je ne l’en pense pas capable, mais l’important est au delà : Personnellement, aurais-je eu le courage de m’afficher au côté d’un tel homme au titre du fait qu’on lui dénie (encore une fois : à tord ou à raison, là n’est pas le problème) le droit de s’exprimer ?

Désolé : pour moi la question est pertinente, et merci, M. le banni de me forcer à me la poser.

Reste que se battre contre un troupeau de moutons semble malgré tout assez interminable et vain, d’autant plus que c’est aussi par panurgisme qu’à mon avis le public suit... Mais par contre, je serais curieux de savoir ce que Dieudonné pense aujourd’hui de ses chers collègues d’alors (?).




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