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paul mohad dhib 8 avril 2011 08:21

plutot pas mal pour "l’époque" 1877 !!
 
à plus.
  .

 Le Chef Joseph au Grand Chef Blanc.
 Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l’air et le scintillement de l’eau, comment pourriez-vous les acheter ?
 Chaque parcelle de cette terre sacrée pour mon peuple. Chaque aiguille luisante de pin, chaque pente sablonneuse, chaque brume dans les bois sombres, chaque clairière et insecte bourdonnant, est sanctifiée dans la mémoire et l’expérience de mon peuple.
 La sève qui coule à travers les arbres porte la mémoire de l’homme rouge.
 Les morts de l’homme blanc oublient le pays de leur naissance quand ils vont marcher parmi les étoiles. Nos morts n’oublient jamais cette belle terre, car elle est la mère de l’homme rouge.
 Nous faisons partie de la terre et elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos sœurs, le daim, le cheval, le grand aigle, ce sont nos frères. Les crêtes rocheuses, les essences des prairies, la chaleur corporelle du poney et de l’homme, font toutes partie d’une même famille. Aussi, quand le Grand Chef à Washington nous fait savoir qu’il veut acheter notre terre, il demande beaucoup de nous.
 Le Grand Chef nous fait dire qu’il nous fera réserver une place afin que nous puissions vivre confortablement parmi les nôtres. Il sera notre père et nous serons ses enfants. Nous considérons donc votre offre d’acheter notre terre. Mais ce ne sera point chose facile car cette terre est sacrée pour nous.
 L’eau brillante qui coule dans nos ruisseaux et nos rivières n’est pas seulement de l’eau, c’est le sang de nos aïeux. Si nous vous vendons de la terre, vous devrez vous rappeler qu’elle est sacrée. Et vous devrez enseigner à vos enfants qu’elle est sacrée et que chaque reflet spectral de l’eau claire des lacs conte des événements et des souvenirs de la vie de mon peuple. Le murmure de l’eau est la voix du père de mon père.
 Les rivières sont nos frères, elles assouvissent notre soif. Les rivières portent nos canoës et nourrissent nos enfants.
 Si nous vous vendons cette terre, vous devrez vous rappeler et enseigner à vos enfants que les rivières sont nos frères et les vôtres, et vous devrez dorénavant montrer aux rivières la bienveillance que vous montreriez à n’importe quel frère. Nous savons que l’homme blanc ne comprend pas notre façon de vivre, pour lui une partie de la terre est la même qu’une autre, car il est un étranger qui vient dans la nuit et prend de la terre ce dont il a besoin. La terre n’est pas son frère mais son ennemie, et quand il l’a conquise, il poursuit son chemin. Il laisse derrière lui les tombes de ses pères, il ne s’en soucie point. Il kidnappe la terre de ses enfants, il ne s’en soucie point. La tombe de son père et le droit inhérent de ses enfants sont oubliés et il ne s’en soucie point.Il traite sa mère la terre, et sa mère le ciel comme des objets à acheter, à piller, à vendre, comme des moutons ou des perles de verre brillant. Son appétit dévorera la terre et il ne laissera derrière lui qu’un désert que je ne connais point.
 Notre façon de vivre est différente de la vôtre. La vue de vos cités fait mal à l’oeil de l’homme rouge. Mais, c’est peut-être parce que l’homme rouge est sauvage et ne comprend pas. Il n’y a pas d’endroit tranquille dans les cités de l’homme blanc, pas d’endroit pour entendre les feuilles s’ouvrir au printemps ou le bruissement des ailes d’un insecte. Mais c’est peut-être que je suis un sauvage et ne comprend pas. Le vacarme semble seulement insulter l’oreille. Et qu’est la vie si un homme ne peut entendre le cri solitaire de l’engouement ou les discussions des grenouilles autour d’un étang la nuit ?
 Je suis un homme rouge et ne comprend pas. L’indien préfère le doux son du vent glissant rapidement sur la surface d’un étang et l’odeur même du vent, lavée par une pluie du midi ou parfumée par le pin pignon. L’air est précieux pour l’homme rouge, car toutes les choses partagent le même souffle, la bête sauvage, l’arbre, l’homme, tous partagent le même souffle, l’homme blanc ne semble pas s’apercevoir de l’air qu’il respire.
 Comme un homme mourant depuis plusieurs jours, il est inconscient de la puanteur. Mais si nous vous vendons notre terre, vous devrez vous rappeler que l’air est précieux pour nous, que l’air partage son Esprit avec tout ce qu’il fait vivre.
 Le Vent qui donna son premier souffle à notre grand-père reçoit également son dernier soupir. Et, si nous vous vendons notre terre, vous devrez la séparer et la consacrer comme un lieu où l’homme blanc peut aller goûter le vent parfumé par les fleurs des prairies.
 Si nous décidons d’accepter, je poserai une condition : l’homme blanc devra traiter les bêtes sauvages de la terre comme ses frères. Je suis un sauvage et ne comprend aucun autre façon de vivre.
 J’ai vu un millier de buffles pourrissant sur la prairie, abandonnés par l’homme blanc qui les a tirés d’un train qui passait. Je suis un sauvage et ne comprend pas comment le cheval de fer fumant peut être plus important que le buffle que nous ne tuons que pour survivre. Si toutes les bêtes sauvages venaient à disparaître, l’homme mourrait d’une grande solitude de l’esprit. Car ce qui advient de la bête sauvage advient bientôt de l’homme.
 Toutes choses sont liées. Vous devez apprendre à vos enfants que la terre sous leurs pieds est la cendre de nos aïeux. Afin de leur faire respecter la terre, dites à vos enfants que la terre est riche de la vie de vos parents. Enseigner à vos enfants ce que nous avons enseigner aux nôtres - que la terre est notre mère. Ce qu’il advient à la terre advient aux fils de la terre. Si les hommes crachent sur la terre, ils crachent sur eux-mêmes. Ceci nous le savons, toutes choses sont liées comme le sang qui unit une famille. L’homme n’a pas tissé la toile de la Vie, il n’est qu’un fil de cette toile. Ce qu’il fait à la toile il le fait à lui même.
 Même l’homme blanc, qui marche avec son Dieu, qui parle avec lui d’ami à ami, ne peut échapper à la destinée commune. Peut-être sommes-nous frères après tout. Nous verrons. Il y a une chose que nous savons, et que l’homme blanc découvrira peut-être un jour, notre Dieu est le même Dieu. Vous croyez maintenant que Dieu vous appartient comme vous désirez que notre terre vous appartienne, mais cela ne se peut pas. Dieu est le Dieu de l’homme et sa compassion est la même pour l’homme rouge que pour l’homme blanc. La terre Lui est précieuse et nuire à la terre c’est mépriser son Créateur.
 Les blancs aussi viendront à passer, peut-être même plus tôt que toutes les autres tribus. Contaminez votre lit et la nuit vous suffoquerez dans vos propres immondices. Mais dans votre mort même vous resplendirez, mis à feu par la force de Dieu Qui vous a mis sur cette terre et Qui, pour quelque dessein particulier, guide votre domination sur cette terre et sur l’homme rouge.
 Cette destinée est un mystère pour nous, car nous ne comprenons pas que tous les buffles soient massacrés, tous les chevaux sauvages domptés, les coins secrets de la forêt lourds de l’odeur d’une multitude d’hommes et la vue des collines fleuries bloquée par les fils parlants. Où est le fourré ? Disparu. Où est l’aigle ? Disparu.
 La fin de la Vie et le commencement de la survivance...




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