De la violence
La violence, étrange pulsion qui
peut surgir de soi, provoquée par une impression de danger venue de l’autre.
C’est l’instinct de conservation qui agit par un réflexe d’alerte pour une
défense de soi. C’est la violence de l’agresseur qui se mesure à la violence de
l’agressé.
Deux attitudes possibles :
ou la peur paralyse l’agressé, ou la réaction de conservation agira pour qu’il
soit plus violent que l’agresseur afin de prétendre le neutraliser.
L’agression systématique est une
anticipation de protection de soi en laquelle on exerce la violence sur l’autre
que l’on considère comme un ennemi potentiel. Cette agression est généralement
supportée par l’adhésion à un groupe au sein duquel l’agresseur se conforte.
L’instinct grégaire renforce en ce cas la violence du sujet.
L’agression que l’on pourrait
qualifier de « délibérée » chez certains sujets appartenant à un
groupe ou une bande dite « extrémiste », n’est en fait que la
manifestation de l’instinct grégaire qui vient à la rescousse de l’instinct de
conservation pour conforter ses membres.
Il y a, à l’origine de cette
attitude de violence collective, un manque de confiance en soi, un manque de
personnalité, une inaptitude à accepter sa propre solitude. Le sujet d’un
groupe violent est ainsi happé par une violence collective exacerbée.
Il va sans dire que des pouvoirs
s’établissent dans la confrontation de deux violences subjectives ou
collectives. Quand la violence se joue entre deux sujets, l’un supprime
l’autre : Caïn tue Abel, Romulus tue Remus. La raison du plus violent est
toujours la meilleure.
Quand la violence devient
collective, un meneur, un tyran prend vite le commandement de la bande, ce que
l’on peut constater dans les banlieues livrées à elles mêmes où la loi n’est
autre que la loi de la jungle, retour à l’instinct animal. Le phénomène est le
même en un pays où le dictateur exerce son pouvoir absolu.
A partir de ces considérations,
ou on accepte cette loi de la jungle du chacun pour soi et Dieu pour tous, ou
on aspire à la démocratie, à la paix, à la justice.
Il y a une dichotomie dans le
comportement des hommes, toujours tiraillés entre ce que dicte l’instinct et
cette aspiration à vivre sans occulter la considération de l’autre, aller vers
lui et ne pas craindre sa différence pour en définitive en tirer un
enseignement.
L’instinct parlant toujours en
premier, il convient de lui apporter une correction qui ne va pas sans une
introspection et non plus sans une notion de pardon, savoir revenir sur l’excès
de réaction de notre méfiance vis-à-vis de l’autre ou sur une prise de pouvoir
sur lui toujours injustifiée.
Il n’est pas question de
culpabiliser le sujet mais de le renseigner sur lui-même, de lui enseigner la
démocratie comme elle doit s’exercer, dans le respect de l’autre, ceci, à tous
les échelons de la société.
La violence du spéculateur
financier est extrême, la violence du trader, idem et l’on banalise ces
violences, on les occulte en se focalisant sur les violences de banlieue plus
spectaculaires mais certainement moins sournoises, plus spontanées, plus
« naïves ».
La violence est le propre de
l’homme en tant que mammifère primate omnivore mais elle peut être sublimée
pour qu’il accède à un état supérieur spirituel qui fait appel à
« l’être » dans sa construction, son ascension et non pas à
« l’avoir » de manière forcenée.
Si l’on n’est pas convaincu que
la richesse de l’être vaut toutes les richesses du monde, on n’est pas dans la
non-violence. Si l’on n’est pas convaincu qu’il s’agit d’un engagement en
lequel on doit se dépasser, on n’est pas dans la non-violence.
Comment enseigner ça dans les
écoles dans un contexte de désarroi qui touche tout le monde en notre
pays. Un enseignement sans exemple n’est jamais probant. Que la non-violence
soit ! Que la répression ne soit plus l’unique réponse à la violence. On
peut en rêver.