Ce travail est déjà primordial.
Il mériterait effectivement d’être approfondi. Bravo monsieur Teil.

Je pense qu’il ne serait pas inutile de rappeler certains éléments d’appréciation à destination des plus sceptiques. Un argument de poids dans la rhétorique visant à convaincre les irréductibles serait de mettre l’accent entre le fossé qui sépare les constatations de ceux qui ont été amené sur le terrain par l’Otan et ceux qui se sont déplacés de manière autonome.
Finalement, à chaque fois qu’une information émanait de sources "indépendantes", on pouvait douter de sa crédibilité tant elle était à charge pour l’Otan, qui niait tout comme il se doit.
A chaque fois ou presque, il y eut finalement confirmation de l’info par les canaux officiels. De manière hypocrite, en minimisant l’évènement, ou en le noyant dans le fatras de la vulgate anti-khaddafi, mais elle était bien confirmée.

Je pense par exemple aux exactions commises contre les noirs à Benghazi. L’info venait de refugiés, de sources indépendantes sur le Web, des blog africains en regorgeaient, Meyssan en parlait. A tel point que j’ai cru à une propagande.
Si c’était vrai, les médias, aussi sourds soient-ils, finiraient par le voir tout de même.

Il a fallu attendre un bon moment avant que ça sorte. Et on ne peut pas dire qu’ils ont mis la focale sur l’événement. Memona Hintermann en a fait un sujet pour le journal de France 3, je crois. Confirmant tout, mais c’était bien léger. Les autres médias ont ensuite suivi timidement.
Comme s’il y avait une chape de plomb sur les infos critiquant les rebelles.

Pareil pour Abou Slim. je revois le journaliste de France 24, un peu contrit "c’est sans doute l’épisode le plus triste de cette guerre, une vraie chasse à l’homme, et ces gens sont des civils".

On retrouve des vidéos du quartier après le saccage sur Internet. Meyssan en parle à nouveau.
Info explosive ? pas vraiment apparemment.
un article du JDD évoque seulement des départs volontaires (sic), ils racontent certes le désarroi des habitants qui disent aimer toujours Khaddafi mais ne pouvant plus le dire, et l’attitude des rebelles, qui cassent et volent.
Mais c’est léger encore, et ça ne pèse rien en terme de répercussion médiatique.

D’autres journaux racontent que les rebelles ont ratissé le quartier maison par maison.
Et qu’ont-ils fait d’après eux à l’intérieur ? Rien ? ils ne se sont pas servis au passage, en argent en femmes, en tout ce qui défoule après des combats usants et sanglants ?
Meyssan parle de "trésors de guerre", de femmes emportées... sans blague ?
On lâche les salafistes du GICL dans la ville qu’ils détestent le plus au monde, eux qui se sont notamment aguerris en afghanistan, voire en Irak. Ils essuient des tirs de snipers, rien de plus frustrants pour des militaires, et gagnent finalement le quartier. Et ensuite ?
Seul le petit gars de France 24 a vu ce qu’il y avait à voir.

Ca n’émeut pas un BHL. Des "révolutionnaires " nous dit-on !!

Finalement, les journalistes belges, russes et français non affiliés, qui ont traversé hors des clous ont vu autre chose, dit autre chose, et ça s’avérait vrai, avec un temps de retard dans des médias un peu honteux et trop orgueilleux pour le dire frontalement.

Les vidéos sont édifiantes. Les rebelles se cachent à peine. Ils attrappent des civils à abou slim et les passent à tabac, les poignardent, tout juste voit-on un type essayant d’emmener les pauvres bougres loin des caméras pour finir le boulot.

Et Syrte ?
L’express parlait de la possibilité d’un mort civil dans les combats, une femme agée qui aurait succombé manque de soins.

Ils sont devenus fous, cliniquement parlant, nos journalistes.

Les images de la ville, rasée, sont plus parlantes que toutes les lâchetés journalistiques.
Et quand des journalistes, un peu honnêtes du Daily Telegraph pénètrent dans les ruines, que voient-ils ? Des rebelles brûlant les maisons après les avoir vidées, pillant un magasin d’informatique...
Human Right Watch trouve 53 morts, les mains attachées dans le dos, parle de "séries de pillages, de saccages et d’exécutions" de la part d’hommes qui se sentent "au-dessus des lois"...

Est-ce surprenant ?
Non.

Et que dire d’Amnesty International, l’organisation qui a le plus investi le terrain.
Leurs rapports sont accablants pour les rebelles :intimidations, lynchages et executions de soutiens supposés à Khaddafi.

Oui, mais le problème, c’est qu’en Tripolitaine, et à Syrte ainsi que pour tout libyen noir, ou immigré africain, la suspission est automatique.
Du coup, ;cela se transforme en "pratique généralisée" selon les dires du rapport du 13 octobre d’Amnesty International.

Quant aux fameux "mercenaires" de Khaddafi, amnesty n’en a pas trouvé trace.
Les milliers de morts de benghazi ? Amnesty enquête sur une centaine de victime.

C’est toute la rhétorique dominante qui s’effondre.

Car, à chaque fois que les médias répercutent une information défavorable aux rebelles, ils la tempèrent aussitôt par la nouvelle formule dédiée "dans des proportions bien moindres que ce que faisait le régime Khaddafiste"

Avec l’enquête de Julien Teil, on réalise alors que cette histoire de "proportions" qui justifie tout, sauve l’honneur et donne le dernier mot à l’OTAN ne repose que sur les dires de...

Mahmoud Jibril !!! le premier ministre du CNT.

Rappelez-vous, c’est déjà lui qui avait réussi à convaincre Hillary Clinton de changer d’avis sur l’intervention en Libye, quand elle associait encore les rebelles à Al-Quaida. Les fameux trois jours du revirement total d’appréciation de la part de l’administration Obama. La CIA poussait derrière avec leur homme de paille en première ligne.
 

La nouvelle Libye doit décidément beaucoup à ce Mahmoud Djibril... C’est lui qui rameute l’OTAN et qui dresse le bilan des victimes auprès de la ligue des droits de l’homme libyenne, de l’ONU et de la cour pénale internationale !
Et la presse s’est mise au diapason, même quand les observations de terrain disent le contraire. Atterant !
Ce conflit aura décidément tué beaucoup de libyens, et définitivement enterré le journalisme...
Je ne regretterai que les premiers cités...