@ L’Andalou
"Mais Nietzsche, lui, est insaisissable. Si en plus, on lui colle l’épithète nazi ou gauchiste, on n’en sort pas."
Ce pourquoi je trouve qu’il y a quelque chose de restrictif dans votre préambule... Politiser Nietzsche - un penseur d’une acuité psychologique phénoménale, et d’une impressionnante subtilité de "critique de la culture" - c’est vraiment prêter au poète du Grand Midi une qualité intellectuelle, sinon une intention philosophique dont il n’a pas fait preuve.
Nietzsche est un grand métaphysicien matérialiste ; et je dirais pour ma part un incomparable moraliste classique - à la française !
Mais c’est un penseur politique de dernier ordre, un "intempestif" dénué de toute philosophie de l’Histoire sérieuse : il est, tout simplement, passé à côté du bouleversement induit par la révolution industrielle et la démocratisation progressive de l’Europe de son temps. Il reste, sous ce rapport, très inférieur à Tocqueville et Marx... Prisonnier d’une vision purement psychologique et morale du monde, il a superbement ignoré, voire méprisé la question sociale. Ni gauche ni droite, mais apolitisme radical, "principiel" - je veux dire mépris, "oubli" coupable, inintelligence dramatique du Politique : Nietzsche fut ainsi, bel et bien... Dès lors lui accoler la moindre étiquette, l’évoquer même selon le prisme politique, c’est à la fois le mésestimer... et le surestimer.
En tout cas, merveilleuse matinée grâce à vous !
Si vous dénichez la deuxième partie de cette soirée Arte... ça m’intéresse aussi !