@ Toug
"Hegel avec sa philosophie de salarié au service de l’etat"
Qualifier
Hegel de fonctionnaire me paraît légèrement expéditif... Certes, Hegel
magnifie la Prusse, creuset de l’Allemagne en devenir depuis 1807 : et certes, ça l’arrange.
Il
n’empêche... Le bon Nietzsche, je le redis hermétique à toute
philosophie
de l’Histoire, peut sans doute se permettre d’asséner quelques piques
d’ailleurs un peu trop succinctes pour être vraiment pertinentes (cf.
Lukacs) à
Rousseau, Kant ou Hegel, et à "l’esprit de la bière" des jeunes
disciples idéalistes de ce dernier... réduire Hegel à un besogneux
fonctionnaire pangermaniste, c’est littéralement déconner... La
dialectique négative de l’esprit absolu dans l’Histoire... praxis,
maître/esclave, aliénation, en soi/pour soi : sincèrement, ne
trouvez-vous pas que c’est quand même un peu plus fécond
philosophiquement, je veux dire un peu plus utile à l’humanité pour
comprendre ce qu’il advient d’elle, que les bien subjectives et bien
poétiques métaphores du "surhomme", de "l’éternel retour" et de la
"volonté vers la puissance" ?
Hegel est certainement le penseur le plus complexe, le plus touffu,
le
plus vaste, le plus absolument dialectique de toute l’Histoire de la
philosophie. En ce qui me concerne, je ne connais pas d’écriture
philosophique plus envoûtante, plus impressionnante, plus totalisante
que la sienne. Pour vous en convaincre, La Raison dans l’Histoire est un
bon préambule à la lecture de la Phénoménologie. Mais peut-être
connaissez-vous déjà tout cela par cœur, auquel cas l’idée que vous vous
faites du maitre de Iéna m’étonne...
Cela dit, - croyez-en la sincérité du nietzschéen cramoisi que j’ai
été -, en toute humilité à l’égard de l’auteur fascinant qu’est
évidemment Nietzsche, érudit classique admirable et connaisseur sans
égal de notre cœur à tiroirs et faux-plafonds.