Machiavel et Eric ,
le peuple n’est pas l’ennemi de la démocratie ; la foule , oui .
La FOULE dans toute son horreur :
Jean Teulé – Mangez-le si vous
voulez
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=KVr0-686UIU# !
( ou « Le village des
cannibales , de Alain Corbin )
16 août 1870. Jour de foire à
Hautefaye, petite bourgade périgourdine sans histoire. L’occasion
pour Alain de Monéys, jeune aristocrate local, d’acheter une génisse
pour une voisine indigente. Il a 28 ans. Affable et apprécié de
tous, il vient tout juste d’être élu à l’unanimité premier
conseiller municipal de sa commune. La guerre contre la Prusse est
mal engagée, le Second Empire vit ses dernières heures. Une
atmosphère pesante s’est abattue sur la France.
A peine arrivé à l’entrée de la
foire, Alain de Monéys est pris à partie par un paysan. Son cousin
Camille de Maillard aurait chauffé la foule, prétendant que l’armée
française s’était repliée lors de la toute dernière bataille de
Reischoffen. Pire, il aurait crié "Vive la République !"
avant de prendre la fuite. De Monéys dément, connaissant
parfaitement les tendances politiques de son cousin. Mais les paysans
maintiennent leurs allégations et la situation s’envenime. La foule
se fait menaçante. Le jeune homme est rapidement accusé d’être
républicain. Et bientôt - insulte suprême - de supporter la Prusse
! Il n’en fallait pas plus pour déclencher une furie incontrôlable.
Ivres de vin, assoiffés de
sang
De Monéys a beau crier "Vive
l’Empereur !", les coups pleuvent. Tous s’en mêlent.
L’autorité locale a déserté, laissant seuls le curé et le maire
tenter de s’interposer. Ceux-ci arrivent à isoler la victime
quelques instants dans une étable. Mais le répit est de courte
durée. Quelques minutes plus tard, la foule revient à la charge et
pendant deux heures, au coeur même de la foire, plusieurs centaines
de villageois participent au pugilat. Frappé, brisé, lacéré,
torturé, lynché à coups de gourdins, de fourches, de ferraille, il
sera finalement brûlé vif sur la place publique. Le maire, de
dépit, aurait alors lancé un sarcastique "Mangez-le si
vous voulez !". Conseil suivi par quelques uns qui iront
jusqu’à becqueter les graisses humaines suintant du bûcher.
Plusieurs centaines de personnes
étaient présentes sur les lieux du supplice. Une foule de braves
gens devenus fous, le temps d’une après-midi. Tous connaissaient
Alain de Monéys. Tous l’estimaient. Tous le savaient innocent des
accusations proférées contre lui. Mais tous ont participé au
lynchage. La justice ne poursuivra qu’une vingtaine de meneurs, dont
quatre seront condamnés à mort. Au lendemain de cette frénésie
barbare, les participants, abasourdis, hébétés, n’avaient qu’une
seule phrase à la bouche : "Pourquoi a-t-on fait ça
?". Ils n’ont jamais compris. En 1953, Noémie Lavaud
mourut à Hautefaye à l’âge de 92 ans. Elle était le dernier
témoin direct du drame. Il y a 56 ans...
Pour le dire avec bon sens :
" Le quotient intellectuel d’un groupe est égal au quotient intellectuel de la personne la moins intelligente du groupe , divisé par le nombre de membres du groupe . "
François Rollin