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Vaquette Vaquette 25 août 2013 15:17

Mais oui, Oui, j’ai parfaitement compris tout ce que tu me racontes (c’était assez facile, je l’ai entendu des milliers de fois), ça ne sert à rien de me le réexpliquer avec toujours la même condescendance. Le souci, c’est que c’est un dialogue de sourd (sans "s") : que tu ne sois pas d’accord avec moi, grand bien t’en fasse, mais tu n’écoutes même pas mon point de vue juste en t’entêtant à me rabâcher la même chose comme si j’allais tomber à genoux et m’écrier "Hosannah, j’étais dans l’aveuglement depuis 20 ans, tu m’as rédimé mon Oui !", c’est d’une prétention et d’une imbécilité abasourdissante.
Alors voilà, même si ça ne sert à rien je pense, je vais tenter ici de te réexpliquer plus simplement ce que tu sembles incapable de comprendre ou du moins d’entendre.
Je te parle d’art et de ton côté tu me parles d’entertainment, admettons, mais tu fais comme si nous discutions de la même chose et pire comme si je m’entêtais à refuser d’admettre que c’était la même chose alors qu’un minimum de culture et de perspective nous apprend, évidemment !, que non !, ce n’est pas la même chose !, qu’il s’agit de deux objets très distincts. Si ça t’intéresse un minimum, j’ai expliqué tout ça précisément il y a 15 ans dans un spectacle dont le texte est ici et qui est fondateur de toute la suite de mon travail : http://www.vaquette.org/grand/chap_4.html
Alors oui, tu as parfaitement raison, je te l’accorde et je suis d’accord, le show-business, comme tous les business, obéit à un certain nombre de règles qu’on appelle peu ou prou le marketing, en substance un subtil équilibre entre répondre à la demande du public et tenter de déterminer (manipuler ?) le désir du public en question pour qu’il se tourne vers le produit que vend ledit business. Bravo !, c’est ce que tu décris très bien (et au passage tu as parfaitement raison et avec une cruauté peut-être pire encore que la mienne, Dieudonné obéit absolument à ces règles là, j’appelle ça opportunisme et forme racoleuse parce que je suis désagréable, tu appelles ça être un bon professionnel intelligent, si tu veux, l’essentiel du constat est le même).
Mais ce n’est ni de près ni de loin ma démarche, moi, je poursuis, comme un idéaliste naïf si ça te fait plaisir, un pauvre mégalo raté et imbu de lui-même, tu préfères ?, ça me va aussi, un autre objet, objet ne t’en déplaise qui a de tout temps existé et qui n’a rien à voir : l’art. Si à un moment Van Gogh commence à mettre du bleu plutôt que du jaune parce que c’est ce "qui va toucher au cœur le public", parfait, il va vendre plus de son vivant mais un siècle plus tard les musées de la Terre seront bien vides. "Et basta !" de Ferré, je te l’accorde ça n’est pas au format pour passer en radio et ça ne correspond pas, là encore, "au cœur du public" et pourtant c’est l’une des plus grandes "chansons" qui n’aient jamais existées. Etc., etc., etc. (évidemment, on peut multiplier les exemples à foison).
Tiens ! Comme je te soupçonne de n’avoir toujours pas compris ce que je raconte et de t’arc-bouter à tes certitudes, je vais te prendre un exemple très pertinent et très parlant, pédagogique même. C’est comme si tu confondais avec une bonne foi stupide la recherche fondamentale et la technologie en m’expliquant doctement que je suis ridicule de ne pas comprendre qu’aujourd’hui ce qui compte c’est de créer un nouvel iPod et que l’unification de l’électrodynamique quantique avec la ou les théories de la gravitation n’avait aucun autre intérêt que de me branler dans mon labo avec des petits chercheurs prétentieux comme moi qui ne comprennent rien à la vie et qui de toute évidence n’intéressent personne (ce qui est vrai quant à ce dernier point). Avoue que tu passerais très naturellement pour un abruti mal élevé par la société de consommation, avec ce mélange d’arrogance et d’inculture du sale gosse qui ne comprend pas bien pourquoi le prof essaye de lui expliquer comment les hommes en sont venus à penser que la Terre était ronde alors que lui sait bien que c’est juste une évidence, "Ouais !, trop cons les bouffons d’avoir cru qu’elle était plate !" et qui au final pense sans le moindre soupçon d’humilité qu’il a son mot à dire sur tout y compris sur des choses qui le dépassent totalement. Alors voilà, je sais bien que le show-business joue en permanence sur cette confusion entre art et entertainment (par exemple en désignant comme artiste les participants à la Star Academy, c’est évidemment l’exemple le plus risible mais même quand c’est moins caricatural, c’est totalement faux, exactement comme l’enjeu marketing central de McDonald c’est de faire admettre par l’inconscient collectif que ses officines sont des restaurants et ainsi, par un glissement progressif de la vérité, d’obtenir le prestige de la gastronomie mais sans l’investissement, ni pour l’entreprise ni pour le client, qu’elle réclame : c’est la même chose pour la confusion entre art et entertainment, exactement la même chose), alors que ce sont deux objets essentiellement différents qui certes, comme la technologie et la recherche fondamentale, investissent à peu près le même domaine d’activité et utilise souvent les mêmes outils, mais dont la logique, la finalité, l’exigence, le rapport à la demande du public, les conditions de validation bien sûr et enfin le temps pour se construire, donner ses fruits et être compris, utilisé et apprécié par le plus grand nombre sont totalement différents. Alors voilà, Dieudo et moi, on monte tous les deux sur scène, on utilise des artifices spectaculaires, on joue avec les ressorts émotifs et intellectuels des spectateurs, etc., certes, mais on ne cherche, quant à l’essentiel, pas du tout la même chose, que tu sois capable de le comprendre ou pas (la lecture de l’extrait du spectacle au-dessus devrait pourtant t’en convaincre si tu étais au minimum ouvert, honnête et intelligent).
J’ajoute encore deux choses puisqu’il semblerait que tu me prennes pour un imbécile.
Premièrement, je sais parfaitement que l’art (comme je le définis) n’intéresse pratiquement personne. C’est regrettable peut-être mais c’est un fait que j’ai pu cruellement constater depuis très et trop longtemps de façon avérée et incontestable. La culture intéresse un peu la bourgeoisie, ça lui permet de se valoriser, quant à l’entertainment, bah !, les gens y portent l’intérêt que tu expliques justement, celui de papillonneurs dans un environnement hyperconcurrentiel. Mais l’art, l’idée que la singularité d’un individu porte en elle une transcendance universelle, ça, tout le monde s’en branle. Tant pis pour ma gueule.
Et deuxièmement, sois certain qu’évidemment en disant tout cela j’ai parfaitement conscience de passer aux yeux de la plupart des gens pour un monsieur insupportablement prétentieux : en ça comme en tout, c’est tellement plus facile de tout confondre et de dire que tout se vaut puisque ça permet à la plupart de ne pas avoir à se prendre dans la gueule leur valeur insuffisante et de se remettre en question. C’est donc parfaitement consciemment que je n’édulcore pas ici mon point de vue (au contraire). Vaquette est un connard : ouf !, ça y est, on s’est fait un avis sur lui, on peut aller mater d’autres vidéos.
Dernière chose : "Quant à la suffisance ou l’égocentrisme que tu me prêtes, il est tant dilué par tant d’identités virtuelles diverses, que tu n’en as aperçu qu’un vague échantillon." C’est très facile, ça, et je ne sais pas si tu en as conscience. Tu vois, moi, ici comme partout, j’apparais avec ma véritable identité et mon travail à juger, il faut pour ça une autre exigence et un autre courage. Rien que pour ça tu devrais me parler autrement : tu vois, moi aussi je suis capable de te faire la leçon comme à un gosse mal élevé. Il me semble même que c’est moins illégitime de ma part. Prends-le mal si tu veux.




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