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Amethystae Amethystae 28 novembre 2013 21:21

Tiens, Ariel découvre l’eau tiède. C’est une conséquence prévisible de trop d’entre soit, d’autocongratulations mutuelles, de 30 ans d’audiovisuel à la sauce Drucker, la télé trop polie pour être honnête d’hier, trop lisse, trop aseptisée avec ses overdoses de politiquement correct. Ils ont prématurément tué la "France profonde" en faisant semblant de croire qu’elle n’existait plus à force de ne plus en parler, par honte, par dégoût, par ignorance, par préjugés, par mépris, par crainte de regarder ses origines. Monter à Paris pour oublier le petit bled de campagne où l’on a été mis au monde par des parents trop rustres pour comprendre le glamour langage des paillettes, du fric, du champagne, de la drogue des riches et du showbusines.
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Mais le sait il Ariel que mon père dans notre salon, le soir venu, devant le petit écran bleu et dans son fauteuil le traitait lui et ses semblables de mots grinçants, chantant et fleuri en ricanant, mots que la décence, le respect des administrateurs de ce site ou la peur de la modération m’interdit de reproduire ici ?
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Peut il dans sa suffisance et son absence de remise en question s’imaginer combien de fois mon père s’est fâché tout rouge, tout seul et bien inutilement devant le spectacle de ses semblables, Ariel ? Que sa tête ou celle d’un de ses collègues aurait encaissé des gifles si il eût été présent en chair et en os devant mon père, au lieu d’être une simple image sur un écran ?
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Combien de fois en rentrant du travail, et avant un match de foot, mon père aimait à se prendre la tête avec ce qu’il appelait des tarlouzes, des pantins, des jean foutres ? Je ne les ai pas comptées, heureusement que pour m’y soustraire, il y avait l’ordinateur et ma console Sega dans ma chambre. Car je prenais parti pour les pauvres présentateurs, mon père me dégoûtait, c’est vrai quand il vociférait dans le vide, contre ce monde médiatique qui me faisait secrètement rêver. Et aujourd’hui que je ne suis plus adolescente, aujourd’hui que j’analyse différemment les choses, je me dis qu’il avait raison mon père, pas par érudition ou talent de clairvoyance, non, par simple bon sens, que de sentir que ce monde là sentait le faux, le mensonge, l’hypocrisie, le superficiel. Je regrette de l’avoir méprisé pour cela. Car aujourd’hui je pense comme lui. Dommage qu’il ne soit plus là pour qu’il le sache à quel point je me sents sotte d’avoir été si naïve, si fausse rebelle. Pardon papa.
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Le sait il Ariel que si la télé avait été aussi interactive qu’internet, pendant tous ces émission en direct où l’on filtrait les messages des téléspectateurs pour ne garder que les élogieux, que ceux qui caressent dans le sens du poil, flattent les artistes, les auteurs, les animateurs, les gens du petit écran, sauf en de rares occasions, comme celle qui valu sa chute médiatique à Chantal Goya, ces petits imprévus trop rares que l’on appelait les aléas du direct, le sait il Ariel que si les bouseux de l’autre côté du tube cathodique avaient eue la possibilité de s’exprimer aussi ouvertement qu’aujourd’hui, les haters n’auraient pas été moins nombreux. A force d’auto congratulations, ce monde artificiel semble l’avoir oublié, que lorsque l’on s’expose publiquement, il y a les éloges quand c’est mérité, et les critiques quand on est médiocre. Avec la qualité artistique ou simplement spectaculaire puisque tout est devenu spectacle y compris la politique qui n’a cessé de baisser autant dans les jeux d’acteur que les performances des experts en tout genre qui se succèdent afin de partager leur science sur les plateaux tv, il est logique qu’au bout de trente ans de chute, de course vers plus de quantité et moins de qualité on récolte ce que l’on a semé, d’autant plus si pendant ces trente ans, le mensonge a régné sur un média censé nous informer et que l’on découvre aujourd’hui grâce à un nouveau média, la face cachée du petit écran et de sa clique de privilégiés qui se sont bien payé nos têtes pendant toutes ces années, journalistes en première place du podium des tartuffes.
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Le sait il Ariel ou n’est ce qu’une tentative de salarié qui sait qu’internet détrônera définitivement la télé traditionnelle dans un futur proche pour diaboliser ce concurrent avant de se retrouver à son tour et de façon presque méritée au chômage, en retraite anticipée, ou à la rue, comme ces ouvriers que lui ou les siens on tant toisés avec arrogance ?




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