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Nina K Nina K 5 décembre 2013 17:58
« Du monde décrit par Paolo Bacigalupi, nous ne saurons que son état de dévastation : les multinationales et leurs brevets génétiques incontrôlables ont accéléré l’apparition de virus résistant à tous les traitements. Tout est détruit ? Non, une poche de diversité résiste aux épidémies virales : la nation thaï. Une milice écologique dévouée à son chef, Jaidee, détruit les foyers d’infection dès leur apparition. 
Dans la capitale, Krung Thep, Anderson est envoyé par une multinationale pour découvrir les secrets des thaïs : d’où sortent ces fruits sains issus de souches anciennes et ces semences non stériles ? Fricotant dans le milieu des étrangers, Anderson rencontre dans une maison de passe une Geisha très particulière : Emiko, récemment abandonnée par son maître japonais. Le tenancier exhibe cette poupée de chair, créée par le génie génétique nippon pour remplacer les robots. A la moindre caresse, Emiko, submergée de plaisir, ne peut s’empêcher de donner en spectacle cette jouissance pour laquelle elle a été conçue. Grâce à cette attraction, les clients se ruent au bordel... (...)
 
  Reste le destin des personnages dans cet univers livré au chaos. Je pense qu’ils peuvent être divisés en deux catégories : les personnages traditionnels, qu’ils soient bons ou méchants, comme nous les aimons, et des « figures » aptes à survivre dans ce monde en évolution rapide.
   Parmi les traditionnels, je compte Jaidee, le milicien écologique, les ministres corrompus : la guerre les condamne. De même, les représentants des multinationales, si semblables aux colons de l’ancien temps, semant autour d’eux la destruction avec une indifférence aussi grande que s’ils se prenaient pour des dieux : ils représentent l’Ancien Monde et posent la question de la survie de leurs valeurs morales.
   A l’opposé, les mutations génétiques semblent plus imprévisibles et, au début, elles se caractérisent sur des créatures sans individualité propre. Cela commence avec le cheshire, un chat invisible, créé en hommage à Lewis Carroll, qui a exterminé en une génération la gent féline, prédateur sans concurrence dans l’évolution darwinienne. Cela se poursuit avec les pestes virales, comme la rouille vésiculeuse qui empoisonne les semences OGM, et qui affame les peuples terriens. Ces « êtres » sans conscience incarnent l’avenir et interrogent sur la place qu’ils laisseront à l’homme. Enfin arrive le tour de ces étranges automates du Nouveau-Peuple, comme Emiko, qui semblent apte à survivre malgré les cheschire et les virus. Le seul obstacle à leur avenir vient de leur stérilité...
 
   Entre récit d’aventure et réflexion sur les techniques OGM, le roman de Bacigalupi dresse le tableau plein de fureur d’un avenir livré au chaos génétique. Révélateur d’une science-fiction qui renonce aux fantaisies maniéristes susceptibles d’atomiser le récit, il s’appuie sur des personnages d’une grande présence dont on garde le souvenir longtemps après lecture. » (...)
 
(Bernard HENNINGER, critique de La fille automate)



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