Bonjour morphéus.
-Concernant la recherche
de satisfaction de substitution qui nous conduit à consommer des marchandises, c’est
intéressant, c’est une explication du consumérisme. Je
vous conseille une autre approche.
-Au fond quand je l’écoute,
je retrouve tous les poncifs de la gauche libertaire. Je ne suis pas hostile à
la gauche libertaire en tant que telle mais elle est intrinsèquement liée aux
avancées capitalistes néolibérales. Je m’explique :
Quand on entend Hüther nos schémas
de pensée sont transmis par l’entourage notamment
par la famille (ce qui est indéniable) mais seraient source de contraintes et
des entraves à la liberté.
C’est une vache sacré de
la gauche libertaire : l’autonomie
ne s’envisage qu’en tant que soustraction à toute forme de cadre, de structure
contraignante, les particularismes et structures traditionnelles sont des
entraves à un stade supérieur d’organisation sociale.
Dans cette optique, le déracinement quant aux liens familiaux
et aux traditions créerait les conditions d’un nouveau type de fraternité,
seuls les déracinés peuvent accéder à la liberté intellectuelle et
politique.
D’ ou l’opposition de ce courant à toute forme d’imposition
du savoir jugé trop contraignante, il oppose à la structuration anthropologique
par l’éducation le primat des choix individuels
(pour libérer les neurotransmetteurs plastique nous dit Hüther).
Mais au fond, à l’analyse des faits, l’émancipation tant prônée n’est qu’une mutation paradigmatique,
publicité et propagande moderne n’ayant fait que supplanter les figures
traditionnelles de la domination.
Le principal effet du déracinement, de la libération à la tradition,
c’est le délitement du lien social, et
ainsi une chaîne de déduction logique relie l’individu absolu à l’Etat absolu
et au marché absolu, désormais libre de manœuvrer comme bon leur semble : mise
en place de nouvelles structures contraignantes et restructuration des individus
(cfr la grotesque théorie du genre),
c’est le totalitarisme de marché.
L’individu est enchaîné à la tyrannie de la mode. Tout le monde est
libre… d’être conforme à une certaine conception de la liberté. Le
concept oxymorique de « consommateur souverain » émerge, le marché permet aux consommateurs d’exprimer
leur individualité, acheter une
identité (grâce à des marchandises au
contenu émotionnel fort) remplace l’idée de se créer une identité
pour changer la société. La
communication de masse renforce la concentration du pouvoir et la structure
hiérarchique de la société. La mémoire collective est détruite, le « star
system » remplace les autorités intellectuelles. Les médias influencent
les orientations des mouvements en choisissant ou non de les médiatiser.
Bref, ces thèses n’amènent
qu’à une reproduction de nos sociétés actuelles.
Le principal problème de
cette thèse vient d’une certaine conception de la liberté comme un absolu, pourtant
les structures sociales ne font que la restreindre et en les cassant, on en met
en place de nouvelles.
Moi, je crois que la tradition,
la transmission d’un savoir, la
transmission d’une représentation du monde est indispensable.Mais la vraie
tradition est critique, il s’agit en permanence de l’analyser, elle doit permettre
de tirer des leçons du passé.
On ne fait pas table rase
du passé, si on est progressiste, c’est
la tradition qu’il s’agit de faire évoluer, on ne peut pas construire un
homme en partant de rien. C’est la raison de mon opposition viscérale à la
théorie du genre et à l’entreprise de la destruction massive de la famille qui
est entamé depuis des décennies et qu’il s’agit maintenant d’achever.
C’est ce que Chrisopher
Lash (qui a inspiré Clouscard, Michéa et Soral) préconisait : une
refondation de l’axe d’analyse et de combat de la gauche, et l’alliance de cette gauche refondée
avec toutes les résistances au déracinement et à la modernisation forcée.