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Gollum Gollum 13 février 2014 09:51

Vous ne trouverez nulle part dans le Lao-tseu, le Tchouang-tseu, ou même chez Confucius, ou chez Wang-bi, une notion équivalente de notre "Absolu" pour qualifier le Tao. 

Je vous renvoie par exemple au Lao-tseu (41) :

"Le grand carré n’a pas d’angles

Le grand vase est long à parfaire

la grande musique est avare de notes

La grande image n’a pas de forme

le Tao est trop grand pour avoir un nom"


Ben je suis désolé mais je trouve que cette citation va tout à fait dans mon sens.. 


Le grand carré n’a pas d’angles par exemple est une image que l’on retrouve chez Nicolas de Cues, où il dit dans La docte ignorance, qu’une sphère infinie, meilleure image de Dieu, est à la fois carré, triangle, cercle et ligne…


La grande musique avare de notes est clairement une coincidentia oppositorum au sens de Jung comme au sens de Nicolas de Cues.


Le Tao qui n’a pas de nom fait clairement penser à la théologie apophatique où il est impossible de nommer, qualifier l’Absolu. Certes, ce terme n’est pas utilisé, mais à mon sens, cela est accessoire.


Il y a dans le christianisme, même mystique, un point de référence, nommément DIEU, vers lequel convergent les objets de la théologie, de la téléologie, de la sotériologie, de l’ontologie, et j’en passe des moins -gie... On est en rapport avec Dieu, on ne fait pas l’expérience d’être Dieu.


Simple question de vocabulaire pour moi non essentielle.. Mais Eckhart relativise Dieu en mettant au-dessus la Gottheit ou déité. Même chose chez Angelus Silésius qui veut aller au-delà de Dieu même, dans un sans fond non nommable..


Cette dialectique Dieu/déité est la même que celle de l’Hindouisme entre Bramah Dieu créateur et le brahman, principe absolu.


L’unité parfaite se trouve dans la déité. Alors que Dieu implique un rapport entre Dieu et l’homme. Il y a encore dualité à ce niveau. C’est toute la différence entre un mystique chrétien pour lequel cette dualité est toujours maintenue, alors que pour un non-dualiste d’Orient (ainsi qu’Eckhart et ceux qui lui ressemblent), il y a unité parfaite.


Hors, le sage taoïste, le daoshi, n’est pas en rapport avec le Tao, il ne fait même pas l’expérience du Tao, mais peut-être quelque chose d’un peu différent, même bien après Lao-tseu, au début de l’ère chrétienne : 

"il a le coeur identique au ciel et il est sans connaissance ; il a le coeur identique au Tao et il est sans corporéité"


Identité du cœur du sage avec celui du Ciel, avec le Tao, sans corporéité, cela est l’Absolu.


D’ailleurs, le dialogue Bouddhisme-christianisme est beaucoup plus fructueux, si on veut vraiment un dialogue syncrétique avec l’orient. 


Je n’aime pas ce terme de syncrétisme, je préfère parler d’unité par-delà les mots, sur le plan de l’essence des choses.. Mais je suis d’accord que le bouddhisme présente un réel intérêt. Ceci dit, le bouddhisme s’est trouvé en accord avec le taoïsme puisque celui-ci l’a énormément influencé pour donner le bouddhisme tchan, puis zen au Japon. Du reste l’Orient a beaucoup moins de difficultés que l’Occident pour faire des emprunts, se laisser aller à des influences, sans avoir l’impression de perdre son identité. En Occident, on aime les oppositions tranchées qui semblent toujours insurmontables alors qu’en fait (à mon sens) il n’en est rien.


la notion de création est absente : ça aussi ça se discute ! Le un engendra le deux, le deux engendra le trois, et le trois engendra les dix mille êtres.


Si ça ce n’est pas de la Création je ne sais pas ce que c’est.. On y retrouve même la trinité chrétienne. Certes il n’y a pas le Père, le Fils..


Pas de point de référence extérieur, pas de lois, pas de Logos, pas de tout Autre


Le Tao est loi à lui seul. Sans lui, rien ne fonctionne, plus d’harmonie de la nature à laquelle un chinois est ultra sensible.. Il n’utilise pas le terme de loi.. et alors ? Est-elle pour autant absente ?


une pomme est un fruit, un litchi est un fruit, donc une pomme est un litchi.


Si l’important est le fruit qui nourrit, que ce soit une pomme ou un litchi dans le fond on s’en fout…


Et ce que je dis c’est que l’essence de toutes les religions est toujours la même : renoncer à soi-même. Vivre dans le détachement absolu vis à vis de tout : biens matériels, relations affectives, doctrines philosophiques, celles-ci n’étant que le doigt qui montre la lune et non la lune elle-même..




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