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Joe Chip Joe Chip 24 février 2014 20:20

Le problème de Chouard est qu’il semble complètement ignorer le fait que les hommes, ou tout au moins la plupart d’entre eux, sont secrètement soulagés d’abandonner l’exercice du pouvoir à une minorité de professionnels perçus, à tort ou à raison, comme plus légitimes, plus compétents, ou tout simplement plus "désirants". Ce n’est pas qu’une histoire de sémantique à renverser, même s’il a raison sur le fait que l’incompréhension actuelle tient en grande partie à l’ambiguïté du vocabulaire employé. Aucun révolutionnaire français ou américain n’aurait défendu le principe de la démocratie au XVIIIème siècle, c’est certain, on parlait bien à l’époque d’un "Etat représentatif" et non démocratique.

On ne peut pas négliger la psychologie des foules et donc la tendance des masses à rechercher la médiocrité (au sens premier du terme : la fameuse élection toujours "gagnée au centre"). Plus une population est importante, et moins il devient nécessaire de respecter un fonctionnement démocratique (deux partis aux USA, deux et demi chez nous, un seul en Chine). Rousseau expliquait déjà que la démocratie directe n’était pas applicable dans le cadre d’une nation comme la France, et il n’aurait certainement pas approuvé le projet politique de la Révolution Française qui a fait triompher - mais paradoxalement - sa conception de la démocratie basée sur la volonté générale. 

Sarkozy, que les Français avaient plutôt tendance à mépriser et à railler, a réussi à s’imposer en 2007 en faisant étalage dans l’opinion de son désir décomplexé d’exercer le pourvoir et de devenir "calife à la place du calife". Son côté de nain parvenu si horripilant qui l’avait desservi durant sa carrière de ministre est devenu une qualité éminente en vue de l’élection. Cela explique aussi ses premiers gestes symboliques de président élu (dîner dans un grand restaurant avec sa clique puis aller se faire prendre en photo au téléobjectif sur le yacht d’un ami milliardaire)
L’expérience "démocratique" montre sans ambiguïté que les électeurs favorisent systématiquement les politiciens corrompus, les habiles et les menteurs, de la même manière que le consommateur moyen privilégiera toujours un produit industriel vendu sous une étiquette rassurante de paysage-rural-bien-de-chez-nous, ou garanti par un label bidon, à un produit authentique dont les qualités intrinsèques ne sont pas toujours visibles (vrai jambon avec du gras, pomme qui a des tâches, etc.) 
Si ce n’était pas le cas, cela ferait longtemps que les électeurs auraient éjecté les Balkany, Dassault, Tapie, Fabius & cie, pas vrai ? 
En schématisant un peu, un électeur lambda préfère un politicien menteur qui ment avec conviction à un autre qui dira sans détour la vérité et que le suffrage universel sortira aussitôt du jeu (De Gaulle en 69, Raymond Barre et ses slogans du style "moins de rêves, plus de résultats" ...). Facile de faire le procès des "élites", moins facile de regarder objectivement ce que nous sommes. 

Bref, Chouard se montre un peu trop gentillet, ses convictions démocratiques sont assises à mon sens sur une idéalisation de la nature humaine (que Voltaire décrivait comme "passable").

En revanche, oui, nous devrions militer pour obtenir plus de subsidiarité au niveau local (enjeux moins complexes et essentiellement liés à la bonne gestion économique).




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