• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV Mobile


En réponse à :


3 votes
Éric Guéguen Éric Guéguen 14 mars 2014 11:02

Mach’, j’ai lu Nietzsche, Rousseau, Marx, Machiavel, Spinoza et d’autres. De ce que j’ai lu de chacun, je ne prétends nullement tout maîtriser, bien évidemment, mais - et vous le savez - je m’en remets rarement à l’avis de tel ou tel sur chacun d’eux (prof, ami ou internaute), ni même à ce que chacun d’eux pensait des autres (comme Rousseau lecteur de Machiavel ou Nietzsche lecteur de Spinoza). Je suis attaché à me faire ma propre idée des choses, et dans ce cas, il n’y a pas d’alternative, il faut les lire directement. Et c’est long, très long, surtout quand il faut gagner sa pitance à côté de ça dans un métier qui est la négation même de toute philosophie.

 

Chacun de ces grands, très grands penseurs, est un lecteur assidu des Anciens, et je crois d’ailleurs qu’il y a un lien de cause à effet entre le fait de décortiquer la philosophie et l’histoire antiques et le fait de produire une grande pensée originale. Ils se sont tous nourris de Platon, d’Aristote, parfois également des présocratiques, de Lucrèce, voire des stoïciens. Chacun s’est saisi d’un fragment de la philosophie antique pour amender, en quelque sorte, l’époque dans laquelle il a vécu, et chacun est nécessairement handicapé par le fait de privilégier tel ou tel aspect de la nature humaine au détriment de tel autre dans le corpus antique. J’ai tendance à m’intéresser à eux dans la mesure où ce sont des Modernes, nécessairement individualistes, qui ont senti les problèmes que posait l’individu comme postulat. Contrairement au verdict à l’emporte-pièce de medialter, c’est à mes yeux le signe de grandes intelligences.

 

J’évoquais Nietzsche, Rousseau et Machiavel en comparaison de mon film culte uniquement pour plaisanter, mais il y a de cela quand même. Leo Strauss résumait ceci en parlant des trois vagues de la modernité :

 

1re vague : Machiavel, en s’attaquant à l’autorité ecclésiastique, emploie des moyens tels qu’éthique et politique ne sont plus consubstantielles. Dessein louable, funeste conséquence.

2e vague : Rousseau, au rebours des Lumières de son temps, comprend que la morale est fondamentale, et, partant, il initie un retour qui aboutira aux Droits de l’Homme. Là encore, dessein louable, funeste conséquence.

3e vague : Nietzsche, enfin, récuse les Droits de l’Homme en tant que succédané du christianisme et de sa moraline. Il réinvestit le champ des valeurs mais, esclave de l’historicisme de son temps, les rend relatives. Donc ? Dessein louable, funeste conséquence.

 

Relativisme, positivisme, historicisme et, pour finir, nihilisme en germe dans la tête de ceux qui n’ont pas su lire Nietzsche. Toutes choses qui ont conduit aux désastres du XXe siècle.




Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON