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ffi 22 mai 2014 18:06

Les "représentants" : C’est effectivement assez léger de se contenter d’avoir écrit dans les principes constitutionnels que les élus représentent le peuple pour affirmer que tel est le cas. En effet ; rien ne les oblige à représenter le peuple en pratique et de toute façon, rien ne peut les y obliger : tout homme (représentant y compris) ne peut agir que selon sa volonté propre. Ce lien de représentation du peuple n’est que formel en matière de loi. Il est une illusion entretenue par le droit.
 
Que ces représentants soient soumis au vote périodique du peuple n’y change rien. L’important est comment l’élu (n’importe lequel) agit dans l’institution et s’il le fait comme un représentant de ses électeurs. Or il est patent que les élus dans l’assemblée votent en fonction des consignes des partis, et qu’ils agissent donc la très grande majorité du temps en tant que représentant d’un Parti.
 
D’ailleurs on dit bien d’un candidat à des élections qu’il représente son parti politique à ces élections. Ainsi, s’il emporte l’élection, il sera le représentant de son parti dans l’institution où il a été élu. C’est d’ailleurs la constitution elle-même qui met ceci en place (Art 4 : Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage).
 
Ce candidat est d’ailleurs choisi en amont, au sein du parti. Si jamais un élu sortant n’est pas en position d’être réélu, son parti le lui fera comprendre et imposera un autre candidat à l’élection. Le peuple pourra ainsi changer de représentant, mais ce représentant sera toujours en arrière-plan le représentant d’un parti.
 
On peut certes objecter que si le peuple n’est pas content d’un parti, il peut toujours voter pour le représentant d’un autre parti. Mais il s’agira toujours du représentant d’un parti et non d’un représentant du peuple. D’autre part, en pratique, l’on voit que les partis sont des choses extraordinairement difficiles à créer, que l’opération peut prendre plusieurs décennies.
 
Plus généralement, comment le peuple, qui est une totalité politique, peut-il être ainsi représenté par des représentants de partis, qui ne sont qu’une portion politique ?
 
Le système de la représentation a de toute façon de grosses limites : ce que les gens attendent, c’est d’abord de pouvoir présenter eux-même leurs intérêts et de les défendre devant une autorité compétente, quitte à missionner un avocat ou un juriste pour les assister. Il faudrait donc plutôt prôner un système de "présentation".
 
Enfin, en matière de représentation politique, je ne crois pas à la solution de Chouard, qui consisterait à tirer au sort une représentation du peuple dont la mission serait d’obliger les élus à représenter le peuple : on ne peut pas contraindre les gens à agir en dépit de leur volonté : leur volonté serait fausse, donc lâche.
 
C’est le concept de représentation lui-même, par tirage au sort ou par suffrage, qui doit être remis en cause, il est intrinsèquement faux, il est hypocrite. Il ne peut subsister que si on consent à en rester à des apparences.
 
L’autorité politique n’est pas une représentation du peuple.
L’autorité politique n’est pas le peuple.
Soit l’autorité politique écoute le peuple, soit elle ne l’écoute pas.

 
Mais si l’autorité politique se persuade d’être le peuple, ou tout au moins d’en être le fidèle reflet, puisqu’elle est censé le représenter, pourquoi donc écouterait-elle le peuple ? Ne lui suffit-il pas de s’écouter elle-même ? L’autorité a-t-elle encore besoin du peuple ?
 
Dans les faits, les oligarchies politiques se présentent et se représentent incessamment devant le peuple, puis décident entre elles ce qui est bon pour le peuple puisqu’elles affirment le représenter ! 
 
La distinction entre autorité politique et peuple est donc absolument essentielle, car confondre les deux, c’est d’une part une grave confusion, mais c’est surtout légitimer à cette autorité politique d’ignorer purement et simplement le peuple. C’est bien ce qui se passe aujourd’hui. Qui n’a jamais entendu dans un débats : "Moi, je suis un élu, je représente le peuple !"
 
Ainsi, il n’y a pas de démocratie et il ne peut y en avoir : le peuple n’a ni le temps ni les moyens de gouverner et c’est pourquoi un pays gouverné a un gouvernement dédié à cette tâche. Revenez à la raison : Gouverner, c’est un travail à plein temps. Le peuple ne peut au mieux qu’être intermittent à cette tâche et sa multiplicité ne l’amène de toute façon au mieux qu’à être une personne morale (donc virtuelle et non réelle), alors que tout travail de gouvernement nécessite un personne en chair et en os.
 
Maintenant que nous avons récusé à l’Autorité politique toute capacité à représenter le peuple, que nous avons tracé une ligne claire entre gouvernement chargé de décider et peuple chargé d’obéir, nous pouvons nous demander sur la manière de faire en sorte que cette autorité politique aient la capacité d’écouter les gens du peuple et de se soucier de ses intérêts ?
 
Déjà, il faut développer culturellement la capacité d’écoute d’autrui dans le pays, chose que le système partisan actuel ne permet pas, puisque la concurrence partisane développe dans les débats une culture de la mauvaise foi (langue de bois).
 
Ensuite, il ne faut pas lier le gouvernement au peuple par un lien virtuel de représentation, mais il faut lier le sort d’un gouvernement au sort du peuple gouverné.
 
Bien évidemment, cela contraint à revoir totalement la notion de gouvernement, qui ne peut plus être une structure centralisée qui donne ses ordres à des sous-structures dont elle se moque éperdument du devenir. Il faut que celui qui gouverne une structure politique en soit pleinement responsable, qu’il meurt avec elle.
 

Cela implique donc que la mort de structures politiques soit rendue possible, et non rendue impossible par des lois constitutionnelles. Si le gouverneur d’une structure politique ne veut pas mourir avec sa structure, il doit ainsi pérenniser la structure politique qu’il gouverne par la qualité de son gouvernement.




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