-Sur la question de la neutralité et de l’objectivité de l’analyse
Là-dessus , il faut bien comprendre que cela n’ existe pas
et n’ existera jamais , que ce soit pour les événements présents ou passé (
quand je lis l’ histoire de la guerre punique , j’ ai une tendance à
prendre parti pour les Cartaginois et quand je lis la guerre du Péloponnèse ,
je prend celui des Thébains , que je le veuille ou pas , c’ est ainsi , c’ est
plus fort que moi tout simplement parce que je suis un être humain et il en est
de meme pour tout le monde !
Les êtres humains ne sont pas des objets extérieur et transparents, aucun analyste ne peut prétendre à
l’objectivité et s’extraire de ses présupposés historiques, culturels, sociaux,
le sujet pensant est immergé dans sa culture, son passé et son
origine sociale et la pensée qu’il produit est toujours topique !
La prise de conscience de
ce phénomène poussée jusqu’ à ses
extrêmes conséquences, c’est
le matérialisme , il représente l’exigence de prendre
conscience de toute les illusions, de
toutes les idéologies, de tout ce qui sert de masque à une analyse prétendument
neutre et objective qui ne se reconnait
pas telle qu’elle est , c’ est à dire subjective et topique.
Par contre l’analyste peut
prétendre à l’honnêteté, à ne pas évacuer ou minimiser les faits qui ne vont
pas dans son sens. Il peut aussi faire l’effort de se détacher de lui-même, de son idéologie, de
son système de valeur morale etc. (et il n’y parviendra jamais suffisamment), s’il
ne fait pas cet effort, on ne peut appeler
cela une analyse, ce n’est qu’un point de vue.
Prendre de la hauteur
consiste précisément à voir les points de vue de haut et de les mettre en perspective,
pour les comprendre, les comparer etc.
-Sur l’ évaluation d’
actions politiques en cours
Nicolas Machiavel est
précisémment l’ un de ceux qui ont permit de faire évoluer cette perception de
chose théoriquement ( car en pratique , les politiques l’ ont toujours fait ,
Machiavel n’ a rien inventé , il a exuisté des Machiavéliens depuis que la
politique existe ).
Il s’ agit de l’ analyse politique de la conjecture à partir d’ un élément
présent dont le rôle est d’ évaluer les intentions manifestes ou cachées des
acteurs , leurs intérêts , les forces en présences , les enjeux et les chances
de succès. Il ne s’agit que de logique !
On n’a pas la certitude absolue que les acteurs réagiront comme
dans l’hypothèse, ce qui est vrai mais on peut en évaluer la probabilité en
s’appuyant sur une connaissance politique de l’histoire. L’histoire se présente
comme un exemple pour le présent et permet la prévision du futur (les hommes
étant toujours les mêmes à quelques différences près écrivait Machiavel).
On objecte à cela que les différences culturelles, des lieux,
des époques … bref du contexte rendent cette méthode caduque et font tomber
dans l’anachronisme et dans des projections inadéquate, Machiavel répond que dans toutes les cités, dans tous les Etats et dans tous les
peuples, il y’ a les mêmes désirs et les mêmes affects et
qu’ils y ont toujours été.
C’est l’identité de ces désirs et de ces affects qui entrainent
la similitude des événements opérant une sorte de naturalisation de l’histoire.
La différence entre un politique habile et celui qui ne l’est
pas est que le premier a intégré cette lecture politique de l’histoire, le
présent n’est pas pour lui quelque chose de jamais vu et d’indéchiffrable mais
se présente comme une succession d’événements ou se reflète l’identique dans
une circularité des événements anciens.
D’ ou l’importance pour le politique, de cette lecture politique
de l’histoire, qui ne doit pas être pour lui une lecture de plaisir mais de
connaissance (raison pour laquelle tous les grands politique sans exception ou
presque étaient des férus d’histoire). L’histoire doit être maitresse de ses
actions, il doit y trouver des modèles et des contre exemples. Sans cela, pas
de critères un tant soit peu évident pour rendre intelligible le présent.
Quand on a compris cela, on a compris Nicolas Machiavel …
P.S : concernant le fameux prince qui a écrit le fameux
anti -machiavel, il n’ était pas de lui …