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ffi 30 juillet 2014 09:53

L’étymologie de métier est le latin "ministerium", qui a donné aussi ministère.
 
Un métier est un service à la société, pour produire des Biens dont elle a besoin.
 
C’est clair qu’avec la division des tâches, le métier du travailleur s’est réduit à une simple tâche, répétitive : il y a bien longtemps que la majorité des ouvriers ne réalise plus une oeuvre, c’est-à-dire un Bien dans son intégralité, mais seulement une opération, c’est-à-dire une petite part de l’oeuvre et sont des opérateurs.
 
Cet état de fait existait déjà dans les manufactures d’état sous la royauté, mais, dès le XVIIIème siècle, sous l’influence des idées libérales, les premières industries privées sont apparues, puis se sont généralisées après la Révolution.
 
Cela dit, il serait inexact de dire que tous les métiers étaient chapeautés par une organisation (on disait "incorporés" à l’époque, car cette organisation était dénommée corporation). Certains métiers étaient incorporés, mais d’autre non. Cela dépendait des lieux. Certains métiers étaient libres, non incorporés. C’est généralement quand une activité était saturée en nombre de travailleurs qu’une organisation se créait pour gérer la concurrence et les inévitables conflit qui en découlaient.
 
Il serait aussi inexact de dire qu’il n’y avait que des artisans et pas de salariat sous la Royauté : il y avait bien des salariés, quoique le maître (= la patron) était généralement limité par la loi quant au nombre de boutiques qu’il pouvait posséder, de même que du nombre de salarié qu’il pouvait employer. Souvent, c’était deux boutiques maximum et 4 salariés tout au plus. Cela dit, ces lois étant des lois propres aux corporations, établie par négociation entre leurs membres, elles étaient donc variables selon les époques et les lieux.
 
L’étude des anciens métiers est passionnante. Par exemple, on pouvait y trouver des gens qui faisaient des clous toute la journée (les cloutiers). Il y a une liste des anciens métiers dans wikipédia, qui nous précipite dans un monde exotique.
 
Je pense que cette ancienne organisation économique pourrait servir de source d’inspiration pour renouveler le système économique. Les métiers rendent service à la société et il faut bien que tout le monde puissent y participer.
 
L’artisanat devrait être revalorisé. Même si sa productivité est moindre que la grande industrie, il n’en reste pas moins que sa faculté de produire du sur-mesure plutôt que du prêt-à-consommer, évite nombre de gaspillage et permet d’échapper à l’uniformisation.
 
Actuellement, c’est le consommateur qui s’adapte à la production, c’est le consommateur qui se met au service de la grande industrie : le métier (ministerium) est plus du fait du client, qui doit perdre un temps fou pour trouver l’objet qu’il cherche... C’est l’inversion totale.
 
Pour ma part, je suis pour un système mixte : de la grande industrie pour produire des pièces génériques avec une grande productivité, sous tutelle de l’État, éventuellement privée, mais jamais en tant que société anonyme, et de l’artisanat pour adapter la production à la consommation, en agençant les pièces fournies par l’industrie d’une manière adaptée à l’usage voulu par les consommateurs.
 
Cela devrait être aux artisans de gérer le recyclage des biens, ainsi trouveraient-ils des pièces bon-marché pour produire les biens de consommation. D’autre part, il faudrait interdire à la grande industrie de vendre des biens terminaux, destinés au consommateur, et ne leur permettre que de vendre des biens intermédiaires, destinés aux artisans. Ce serait aux artisans de faire remonter à la grande industrie les besoins effectifs des populations et de participer à l’élaboration des normes de production et
 
Reste le problème des supermarchés, qui sont des faux-marchés puisque tout y appartient à un seul marchand, alors qu’un vrai marché regroupe plusieurs marchands : ce sont plutôt des super-boutiques à vrai dire. Il faudrait ouvrir plus largement ces super-boutiques à l’artisanat local, ceci par la loi. C’est une question de cohérence économique : Un marché, c’est pour écouler les productions des producteurs locaux. Comment peut-on ainsi permettre que ces pseudo-supermarchés, vraies super-boutiques, participent ainsi à la faillite des producteurs locaux où ils s’installent en important massivement des produits ?
 
En résumé :
Grande industrie :
----------------------
- d’état ou privée (mais pas anonyme).
- production restreinte aux biens intermédiaires.
- restriction de leurs ventes aux Artisans.
 
Artisanat :
-------------
- nombre d’employé limités par la loi.
- monopole de la production des biens terminaux.
- monopole sur la vente aux boutiquiers.
- monopole sur le recyclage des biens.
 
Super-boutiquiers (pseudo-supermarché)
-------------------------------------------------
- interdiction de l’achat à la grande industrie.
- priorité d’achat à l’artisanat local.
 
Le Commerce est mis au service du Client.
L’Artisanat est mis au service du Commerce.
La Grande-industrie est mise au service de l’Artisanat.
 
Pour le reste, au sujet de Jaurès. Son exaltation de l’esprit humain est très naïve. Le travail est la rencontre d’une intelligence et d’une force. Une intelligence sans force ne produit rien. Une force sans intelligence produit mal. Le travail c’est à la fois de l’intelligence et de la force. Cela implique donc que les travailleurs aient à la fois des capacités intellectuelles, mais aussi des capacités physiques.
 
Il n’y a nul infamie à savoir s’efforcer, c’est au contraire une grande vertu.




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