• AgoraVox sur Twitter
  • RSS
  • Agoravox TV Mobile


En réponse à :


1 vote
Joe Chip Joe Chip 14 novembre 2014 11:46

Le nationalisme n’était pas prédominant en 1870-1880. Il avait quelque victoire à son actif (en Allemagne) mais il ne règnait pas sur l’entièreté de l’Europe loin de là. Le libéralisme était prédominant.

Le nationalisme est une idéologie politique, le libéralisme est un principe de philosophie politique, l’un et l’autre ne peuvent pas être mis sur le même plan ni même être opposés historiquement puisqu’ils apparaissent environ à la même période (fin XVIIIème siècle) et sont tous deux issus de la même souche révolutionnaire "de gauche" : le premier auteur à parler de nationalisme pour le fustiger est l’abbé Barruel, un catholique conservateur réactionnaire à l’origine des théories du complot autour de la révolution française... en réalité nationalisme et libéralisme convergent durant une longue période :

- avant 1850, à travers le mouvement du printemps des peuples, les libéraux et les nationaux - souvent les mêmes - s’opposent au système Metternich, sorte de corporatisme continental des dynasties d’Ancien Régime. 
- après 1850, nationalisme et libéralisme divergent politiquement mais continuent de s’associer : on parle d’ailleurs de national-libéralisme dans le cas de l’Allemagne ou du second empire français, Napoléon III ayant mené à la fois une politique économique libérale et une politique étrangère nationaliste. En Angleterre, le libéralisme est porté par l’impérialisme le plus brutal, et réciproquement.

Ce n’est qu’à partir du moment où le nationalisme passe progressivement à droite (du boulangisme encore de gauche aux antidreyfusards) que les courants commencent à s’opposer radicalement. Parallèlement, les républicains de gauche rompent progressivement avec le socialisme (répression de la Commune) et s’associent aux libéraux pour mener des réformes.
Donc ta perception du libéralisme et du nationalisme comme idéologies opposées au XIXème siècle est subjective plus qu’historique.

Le libéralisme classique disparu complètement au tournant de 1914, détruit précisément par ces mouvements collectivistes (nationalistes, etc.).

Là c’est le problème de la poule et de l’oeuf. De mon point de vue, le libéralisme "disparaît" parce que les moyens de production capitalistes ont été concentré et centralisé dans les mains de l’Etat pour soutenir l’effort de guerre, mais ce n’est pas le cas partout.
Ensuite, tu exagères la force des nationalistes. En réalité, les crédits militaires diminuent jusqu’au début des années 1910. Chez les Républicains, comme chez les socialistes et les syndicalistes, l’antimilitarisme, le pacifisme, voire une certaine germanophilie internationaliste dominent, faisant hurler Maurras le germanophobe. Les socialistes ne votent pas la loi des trois ans. Nombre de "collectivistes" rejettent le concept même d’Etat-Nation qui est de leur point de vue un instrument entre les mains de la bourgeoisie libérale. Bref, c’est complexe. Mettre d’un côté des libéraux parés de toutes les vertus et de l’autre des "collectivistes" assoiffés de destruction et de nationalisme, c’est caricatural. Poincaré, qui dirige la France après la guerre, est tout sauf un collectiviste enragé, et Jacques Rueff est d’ailleurs un de ses proches conseillers durant la crise du franc. 

Comment croyez-vous que des Marx ennemi public par excellence pouvait s’en aucun problème se déplacer en Belgique puis à Londres ? Alors que de toute évidence c’est pas exactement la tasse de thé ou de bière des gouvernements en place ?
Si tu appelles le fait de fuir la censure ou d’être chassé d’un pays du "libéralisme", bon, certes... de toutes façons, ce cosmopolitisme concerne exclusivement l’élite financière et intellectuelle européenne, et existait déjà auparavant dans l’Europe des cours.

Pour le reste le libéralisme était prédominant mais il n’était en rien seul. Il était en compétition direct avec les mercantiliste et leur impérialisme. L’impérialisme était condamné par les libéraux sauf exception notable comme Gladstone, libéral britannique qui était historiquement contre mais défenda néanmoins l’intervention en Egypte en 1882.

C’est bien ce que je dis. Quand vous êtes confronté à un décalage entre votre vision idéaliste du libéralisme et la réalité, vous avez exactement le même réflexe que les communistes dogmatiques : ’’c’est pas du vrai libéralisme". Autrement dit, quand le libre-échange n’est pas si libre que ça et se décline à la pointe des cannons de la Royal Navy, c’est du "mercantilisme". C’est faux, encore une fois, les lois et les politiques mercantilistes sont toutes supprimées en Angleterre à mesure que son hégémonie sur les mers et les voies commerciales devient incontestable (défaite de la Hollande puis de la France). A partir du milieu du XIXème siècle, l’Angleterre pratique officiellement le "laissez-faire" qui est une doctrine totalement opposé au mercantilisme. Mais vous allez encore m’expliquer sans doute que ce n’était pas du "vrai" laissez-faire mais une variante paradoxale de "mercantilisme"... désolé mais c’est un tour de passe-passe purement rhétorique. 

Pour prendre une analogie, c’est comme si une entreprise détruisait toutes ses concurrentes grâce à des pratiques illégales et non concurrentielles, puis déclarait ensuite l’ouverture totale à la concurrence.




Ajouter une réaction

Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page

Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.


FAIRE UN DON