-présenter la liberté d’expression ainsi laisse penser qu’il y a deux
catégories de libertés, deux espèces différentes... ce qui est faux...
------> La liberté d’expression stricto senso, je n’y crois
pas. On peut être d’ accord ou pas, mais je ne vois pas comment cela peut se
manifester dans le monde réel. C’est une utopie.
Donc je ne pense pas qu’il
existe deux catégories de libertés d’expressions … je pense que la liberté d’expression n’existe pas.
Ce qu’on appelle liberté
formelle n’est même pas une liberté en soi car il y’ a toujours des limites
juridiques à l’expression (on ne peut en général pas diffamer et heureusement).
Liberté d’expression
formelle est en réalité un mauvais terme, on devrait employer le nom d’intervalle
d’expression, çàd les limites de l’expression définies par la loi.
Cet intervalle peut être grand
ou petit.
Le point de vue libertaire
est le suivant : donner à l’expression la plus grande intervalle possible.
Le combat politique pour ce que l’on appelle faussement la « liberté d’expression »
s’arrête là.
-cette façon de prendre l’analyse marxiste à propos des droits réels
(non une opposition entre les droits réels et les droits formels) et les droits
formels est biaisée.
------> Ce n’est pas
marxiste mais socialiste. Ceci dit, vous avez le droit de le penser, je ne suis
pas d’ accord.
-je reformule l’idée autrement, supposons que l’on soit dans une société
orale, il n’y a pas de pratique de l’écriture, mais on reconnait la liberté
d’expression à tout le monde, par les us et la coutume.
------> Une telle société n’a jamais existé à ma connaissance
et surtout pas dans les sociétés orales qui sont par définition traditionaliste
(puisque le système juridique est encré
dans la mémoire des anciens qui s’évertuaient
à perpétuer un ordre, la censure s’impose d’elle-même).
Il existe toujours dans chaque société une censure qui peut
prendre es formes différentes mais qui découle simplement du fait que les
peuples ont des mœurs et des valeurs qu’ils
entendent préserver, ceux qui ne suivent pas les normes sont mit sur le ban d’
une façon ou d’ une autre.
Les sociétés dans lesquelles tout le monde peut dire tout et
n’ importe quoi n’ importe quand, cela n’a
jamais été rapporté. Ce serait une société qui s’empêcherait de fixer des normes, cela ne
peut pas exister.
-dans une société qui interdit explicitement la liberté d’expression,
peut on parler de distinction entre la liberté formelle et la liberté
réelle ?
------> A partir du moment où l’on pense que la liberté d’expression
n’existe pas, cela n’a plus aucune importance. Ce qui compte, ce sont les
limites juridiques de l’expression. Vous savez, tout ceux qui se battent pour « la
liberté d’expression » savent tous très bien qu’il lui faut une limite.
Et ce sont ces limites qui
font que le terme « liberté d’expression » qu’on utilise tout le
temps est faux. Personnellement je
continue de l’utiliser par commodité.
Tout le combat libertaire sur cette question de s’articule autour de cela : repousser le plus possible les
limites juridiques de l’expression.
On peut ne pas être d accord,
mais c’est en tous cas la façon dont on voit les choses.
-franchement je ne vois pas pourquoi je défendrai une liberté formelle
qui ne me sert pas dans mon réel...
------> Accepter que le fait d’exprimer certaines opinions soit interdit
pas la loi, c’est en accepter de même
pour ses propres opinion.
Si cela ne vous pose aucun
problème que la loi vous empêche d’exprimer
certaines opinions, alors effectivement, vous avez raison de vous en foutre.
Moi cela me pose un problème avec beaucoup d’autres,
c’est même une question politique centrale : comment poser une alternative
politique si le droit vous empêche même de la formuler ?
-la liberté formelle a son importance, et son importance réside dans sa
potentialité, tant que cette potentialité est illusoire, il ne sert à rien de
la défendre...
------> Mais quelle potentialité est illusoire ? C’est à
chacun de la construire, c’est la principale motivation de la démarche
autonomiste.
Il y’ a des gens qui ont été
viré des médias institutionnel qui ont
construit leur propre média dans lesquels ils s’expriment publiquement. Imaginez-vous
un peu qu’ils se soient dit « la potentialité est illusoire ».
-il faut plutôt consacrer son énergie pour rétablir les conditions pour
la rendre réelle...
------> Oui mais si la loi interdit de le faire, cela ne sert
à rien.
Si on interdit le média internet,
comment créer les conditions pour s’exprimer publiquement ?
-mais l’article parle de "la", "sa",
"leur" liberté d’expression... cette
critique est dénuée de sens,
------> Pourtant ca coule de source : Charlie Hebdo
selon l’auteur était contre l’abrogation de la loi gayssot, Charlie hebdo n’était
pas pour la liberté d’expression.
Je ne sais pas ce qu’il y’ a
de compliqué là dedans.