@ gaijin
Sur le possible lien de parenté
entre les celtes et le concept de Mandat céleste —mis en place lors de la
fondation de la dynastie Zhou —, c’est évidemment une question
intéressante.
Mais forte ardue
Je n’arrive malheureusement pas
à voir les liens que vous mentionnez... c’est dommage. Je n’ai bien évidemment pas la réponse, mais je
peux vous donner des informations pêle-mêle, pour alimenter votre réflexion,
donner de l’eau à votre moulin.
Le concept de mandat céleste (tianming)
désigne, littéralement, un ordre, un décret, un mandat (signifiant aussi
cadeau, présent, c’est important de le souligner) qui aurait un jour été dicté du
Ciel à l’homme. Il faut savoir que le culte du Ciel, nouvellement instauré par
les Zhou, n’est autre que l’ancien culte dédié à Shangdi, "Le Souverain
d’en haut". Certains disent que c’est parce que le clan des Zhou avait
moins de lien de parenté que les Shang par rapport à cette entité divine, que
ceux-ci l’auraient remplacé par le Ciel... Mais qui sait... Le mandat céleste vient donc du Ciel au Roi, mais par effet de cascade, s’étant à tout la caste dirigeante, qui peuvent émettre des mandats aux échelons inférieurs. (la hiérarchie sociale est très marquée chez les Zhou)
Mais le mandat céleste,
ké-ke-sait ?
Je vous propose de mettre en
parallèle deux inscriptions gravées sur des ustensiles rituels fait en bronze,
daté du début de la dynastie Zhou. Le deuxième est sans doute plus ancien.
"
Très notables sont les rois Wen et Wu, qui ont reçu le mandat et étendus [leur
autorité] sur les quatre bornes [de l’univers] "
" Dans
l’antiquité, le Roi Wen apporta le premier l’harmonie dans le gouvernement. Shangdi
[lui] fit descendre le grand support de l’excellente vertu [ou pouvoir naturel]
"
Il y aurait
tellement à dire…
Restons
dans le domaine purement historique.
La fondation de la dynastie Zhou aurait
été marquée par un changement sensible de paradigme envers les pratiques
religieuses (de la caste dirigeante) jusque là en vigueur. Substituant les
nombreux sacrifices, notamment humains, envers des déités impersonnelles (le
fleuve jaune, la terre nourricière, les vents, certaines montagnes), ou au
demeurant semi-personnelles (le Shangdi, et les rois Shang), les pratiques
religieuses se seraient de plus en plus dirigées vers des personnages
réels : les ancêtres fondateurs de lignées dynastiques, à l’exception du
Ciel. Ces ancêtres fondateurs étant
sensés incarnés l’idéal du comportement à adopter pour tout à chacun. À cette transformation
concernant l’entité vers laquelle les cultes sont pratiqués, se serait
accompagnée une intériorisation des pratiques rituelles sacrificielles, se
soldant justement par l’arrêt presque complet des sacrifices humains. Les
pratiques divinatoires et sacrificielles des Shang auraient finalement été
intériorisées, et comprises à la manière de normes sociales — comportementales
— depuis la fondation de la dynastie Zhou.
Sur le De (la virtus) quand même, il peut être compris la manière d’un bienfait
ou d’une grâce, suggérant que celui-ci doit être perçu comme un attribut
ultimement détenu par le Shangdi, ou le Ciel. Ceci suggère que l’imitation de la grâce
céleste consistait, pour ceux qui le cherchait, en une tentative
d’appropriation du comportement bienfaisant du Ciel par l’individu. Le De serait alors compris, à l’échelle
humaine, comme le réceptacle par lequel l’individu canalise « l’énergie
morale » du Ciel. Cependant, il est important de le souligner, ceci ne
signifie pas que l’on ne puisse pas faire usage de la violence. Le De peut aussi sous-tendre une action
martiale…
Bref… On pourrait aller loin comme ça.
Jean Lévi remarque notamment que le
sacrifice au Ciel aurait été réalisé par le roi Wu directement à la suite de sa
victoire, dans les plaines de Muye, précisément à la décade suivant l’équinoxe
d’hiver. Réalisant un sacrifice solaire, le roi Wu a ainsi placé sa dynastie
sous le signe du soleil. Symbole pouvant désigner son caractère éternel, il
désigne surtout le triomphe « du principe de génération et de vie sur
les forces yin de déclin et de mort ». Le sacrifice au Ciel a
depuis lors toujours lieu à la même date, commémorant la victoire des Zhou sur
la dynastie décadente des Shang.