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Joe Chip Joe Chip 17 mars 2015 22:50

On ne peut pas passer trop de temps à produire des définitions, j’utilise donc le mot communauté au sens générique du terme ou, si vous voulez, au sens qui est généralement retenu par l’approche lexicologique ("groupes de personnes vivant ensemble ou ayant des intérêts communs"). 

Et enfin, dans mon paradigme, il n’existe pas des gentils d’ un coté parés de toutes les vertus, et de l’autre des réseaux malfaisants concentrant tous les vices.

C’est pourtant la conclusion à laquelle parviennent presque systématiquement les adeptes de ce mode de raisonnement en opposant la communauté (passive) à des réseaux (actifs) qui se substitueraient à elle (en imposant alors leur intérêt particulier de caste) ou l’instrumentaliseraient dans le but de s’opposer ensuite à l’intérêt général ou aux intérêts du groupe majoritaire.

------> Concernant les juifs, j’en connais très peu, je ne peux donc pas en parler. Mais considérant les musulmans, je constate qu’ils sont très différents les uns des autres, selon les nationalités, la classe sociale, les idiosyncrasies individuelles etc.

Je ne comprends pas. Personne ne dit (en tout cas pas moi) que les musulmans communautaires sont des clones indistincts et interchangeables même si, indiscutablement, la culture arabo-musulmane n’accorde pas à l’individu la même centralité que la culture chrétienne puis libérale qui en est issue. Les musulmans ne sont pas différents ou identiques, et ce qui les rapproche culturellement ou sociologiquement n’est pas forcément de même nature que ce qui les distingue sur le plan individuel et psychologique.

Je ne crois même pas en l’existence d’une communauté musulmane tellement la variabilité entre musulmans est grande.

Encore une fois je ne vois pas en quoi la variabilité individuelle à l’intérieur d’un groupe donné s’oppose avec le fait de ressentir - objectivement ou subjectivement - son appartenance à ce même groupe. Du reste, ce n’est pas à vous ou à moi de décréter ou infirmer l’existence de la communauté musulmane à partir du moment où une majorité de musulmans se sentent, d’une manière ou d’une autre, comme faisant partie de cette communauté musulmane et donc responsable de la continuation de cette communauté.

Et le réaliste qui est en moi vous répondra que de toute façon, même si cette communauté n’existait pas ou était trop complexe à définir, le fait qu’on en parle ou qu’on la désigne de cette manière revêt en soit plus d’importance et de signification que les critères retenus pour la définir - qui peuvent être toujours débattus, je suis d’accord sur ce point.

Je me rappelle une fois avoir eu - ou plutôt avoir tenté - une conversation sur le thème de la délinquance juvénile avec un éducateur "de gauche". Situant rapidement nos divergences politiques, il n’a pas cessé de m’attaquer sur l’emploi des mots qu’à ses yeux j’utilisais toujours à mauvais escient ou dans une intention mesquine ou réductrice : il ne faut pas dire "les banlieues", c’est péjoratif ; il ne faut pas dire "les quartiers" car les quartiers, ça n’existe pas, il y a simplement des gens comme tous les autres vivant leur vie quelque part ; merde, il ne fallait même pas dire le mot "jeune" porteur de connotations fantasmées. Avec cette approche, plus rien n’existe sinon des mots traduisant les préjugés ou l’idéologie de celui qui les emploie, par convention ou par conviction.

On ne peut pas toujours opposer le besoin de définir ou redéfinir les mots pour qualifier objectivement une réalité. Même une expression aussi banale que "les bras d’une chaise" montre que le langage est moins affaire de précision et d’exactitude que d’imagination et d’association.

Donc peu importe les mots, la "communauté musulmane" existe et il est vain à mon sens de vouloir le nier en se retranchant derrière des arguments nominalistes qui peuvent s’assimiler le cas échéant à du politiquement correct.

Je ne crois pas du tout que les réseaux prétendument communautaire musulman soient représentatif des musulmans.

Posons le problème de manière inverse : quelle forme d’organisation pourrait-être selon vous représentative du groupe qui se désigne comme "musulman" ou "communauté musulmane" ? ou de tout autre groupe ? Je pense que vous poussez parfois très loin votre intransigeance démocratique... 

------> Je crois que c’est le contraire : l’organisation de réseaux aboutit logiquement à l’organisation communautaire surtout dans un contexte de tension sociale.

Sur le plan logique, c’est impossible. Un réseau ou une organisation en réseaux ne peut pas exister de manière autonome puisqu’il met par définition en relation un ensemble de personnes ou d’institutions déjà existantes. La franc-maçonnerie dite "spéculative" ne s’est pas organisée spontanément mais est apparue au sein de la maçonnerie dite "opérative" parmi la communauté des architectes et ouvriers à laquelle réfère encore une grande partie des symboles utilisés par les francs-maçons (compas, équerre, etc.). Un réseau ne peut pas engendrer une organisation communautaire ex nihilo. Même dans le cas de la communauté homosexuelle qui, je vous l’accorde, est une communauté très subjective aux contours mal définis, le réseau s’est structuré à partir d’un maillage originel de petites communautés homosexuelles californiennes et new-yorkaises qui se sont peu à peu politisées pour sortir de la clandestinité. C’est la raison pour laquelle le militantisme gay a toujours cultivé cette façade festive, même si celle-ci est devenue progressivement une coquille vide dissimulant des revendications politiques.

Et on pourrait en dire tout autant du sionisme, du féminisme, de la Révolution, etc... il y a toujours à la base un substrat social ou communautaire. L’hypothèse inverse nous amène sur le terrain du complotisme puisque toute organisation collective ou toute rupture sociologique devient alors le produit d’une intelligence collective déterminée.

Plus la tension sociale est grande, plus la tendance des individus à se mettre sous l’aile des réseaux est grand, d’ où l’existence d’un communautarisme de réaction.

D’accord sur ce point, mais cela montre justement l’importance du fait communautaire. En période de tension, les individus se rapprochent de ceux qui leur ressemblent et qui appartiennent au même groupe sociologique.




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