Cette vidéo m’a permis d’en savoir un peu plus sur quelqu’un que je
ne connaissais que de nom, merci beaucoup. Au passage, je l’ai trouvé
fort sympathique, cet Ivan Illitch. Sur le fond maintenant, je vais
juste me concentrer sur trois points que j’ai relevés.
1.
Illitch ne déroge pas à la règle des penseurs au grand cœur : il déteste
l’élément "nation" et le dit sans ambages. Ceci peut s’expliquer par
son parcours, et ce qui est intéressant, c’est qu’il y a un parallèle à
faire entre Illitch et le sage platonicien. En effet, pour Platon, le
philosophe sur le chemin de la sagesse est celui qui parvient à
s’extraire de la caverne. Et la caverne, c’est la cité, lieu des
déterminismes et de la contingence. À notre époque, la caverne, c’est la
nation. Seulement pour Platon, le sage a le devoir d’y replonger parce
que certains n’ont pas les capacités de s’extraire par eux-mêmes.
Illitch, lui, qui en est sorti, nous dit en gros "il n’y a qu’à faire
comme s’il n’y avait pas de caverne", et je pense qu’il est contraint à
raisonner comme ça. Pourquoi ? Parce qu’à la différence de Platon qui
assumait la diversité des caractères et des capacités, Illitch voit les
hommes rigoureusement égaux. Partant, il voit le monde à son image, et
si lui y est arrivé, il n’y a pas de raison que les autres n’y
parviennent pas. La nation - et ses institutions - deviennent donc dans
son esprit de simples artefacts asservissants... dont il aura su néanmoins profiter un minimum (sauf erreur).
2. Il s’en prend,
dans le même élan à l’École, lui reprochant en gros de préparer les
élèves au réflexe capitaliste en ne leur demandant que de "capitaliser"
des connaissances. Seulement Illitch oublie d’insister sur quelque chose
qu’il mentionne par ailleurs, à savoir que les connaissances sont des
"biens non tangibles". Ceci fait quand même toute la différence !
Effectivement, le capitalisme engendre la prédation du fait qu’il
concerne des bien tangibles : à partir du moment où j’accapare un bien
tangible, il ne peut appartenir en même temps à un autre. Avec la
connaissance, foin de tout ça ! Je peux très bien capitaliser le savoir,
puis en faire don à autrui sans le perdre...
3. Pour finir, et
c’est je pense la partie la plus intéressante de l’entretien, Illitch
insiste sur le besoin de "déprofessionnalisation". Là, je suis
parfaitement d’accord pour remettre à l’honneur l’"amateurisme", dans le
bon sens du terme, et ce dans tous les compartiments de la vie en
société (et en politique notamment). "Dans le bon sens du terme",
c’est-à-dire non en tant que professionnel appointé, mais en tant
que connaisseur bénévole (je n’ose dire "expert"). C’est l’une des pièces maîtresse de mon ouvrage, Le
Miroir des Peuples (un brin de pub ne fait pas de mal).
Sur ce, bonne journée à toutes et tous,
EG