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Anthony Michel Anthony Michel 26 juin 2015 19:38

@gerfaut

Vous trouverez logique que, à l’intérieur d’une critique commençant par « n’importe quoi », j’attende particulièrement des arguments derrière... D’autant qu’il faudrait se mettre d’accord avec Auxi... Mon propos serait celui d’un gauchiste qui, en même temps, défendrait « l’ordre établi »... Quoique, selon moi, ce qu’on appelle en général la gauche aujourd’hui défend, en effet, l’ordre établi. Je peux vous assurer alors qu’elle n’est pas mon amie.

Le Prince des voleurs est, effectivement, une légende. Et alors ? De ce fait, on ne peut l’évoquer ? Les légendes, c’est pour les gogos ? Faut-il être à ce point matérialiste, de nos jours, pour être philosophiquement crédible ?

Il s’agit d’évoquer brièvement, dans mon article, la hiérarchisation de la délinquance selon sa capacité de nuisance, directe ou indirecte, sur le peuple. Directe ou indirecte selon comme le vit le peuple lui-même. Ainsi, si aujourd’hui on me vole mon porte-monnaie, je suis effectivement moins riche et je perds une petite partie de mon « pouvoir d’achat ». Mais, sur le long terme, à moins que je me trimbale avec des milliers d’euros sur moi, quel est l’effet de cet acte sur mon budget par rapport à une nouvelle loi antisociale validée par l’oligarchie libérale et malmenant mon droit au travail et/ou au chômage ? (En passant, cette loi peut constituer elle-même une forme de vol.)
Ainsi, s’il est compréhensible qu’un homme ordinaire se mette davantage en colère après qu’on lui ait piqué son porte-monnaie plutôt qu’après avoir lu la dernière nouvelle sur une mesure gouvernementale fort injuste, on peut quand même se dire que, pendant ce temps-là, le pouvoir économique et politique en place a encore de beaux jours devant lui.
Ainsi, si l’on s’intéresse à ce qu’on appelle en général la « petite délinquance » — toujours extrêmement regrettable car elle segmente la conscience de classe et fragilise donc le combat à mener contre la « grande délinquance » —, on peut se demander ce que signifie, pour l’oligarchie libérale actuelle, un individu qui « se comporte correctement », autrement dit un individu intégré.
Jean-Claude Michéa — dans L’Enseignement de l’ignorance (et c’est déjà ce livre que je cite dans l’article) — nous donne quelques pistes là-dessus. Il y a :
« l’intégration à une société » dans son sens profond (société décente), c’est-à-dire « la capacité pour un sujet de s’inscrire aux différentes places que prescrit l’échange symbolique » (ce qui nous ramène à l’esprit du don) ;
– « l’intégration au système capitaliste » (avec sa motricité libérale) qui n’attend pas particulièrement de ses sujets qu’ils partagent un certain corpus de valeurs reposant sur l’entente (telle la politesse) ou l’entraide. Car la délinquance sous-prolétarienne des banlieues modernes – donc ghettoïsées – « est infiniment mieux intégrée » à ce précédent système « (elle a parfaitement assimilé les éloges que le Spectacle en propose quotidiennement) que ne le sont les populations, indigènes et immigrées, dont elle assure le contrôle et l’exploitation à l’intérieur de ces quartiers expérimentaux que l’État lui a laissés en gérance ». Autrement dit, l’ambition de cette délinquance n’est pas « d’être la négation en acte de l’économie régnante ». Au contraire, en faisant notamment l’apologie de l’argent facile mais aussi des filles faciles – toute une culture rap y aidant –, ses membres aspirent à être « les golden boys des bas-fonds ». Donc si cette délinquance « est, visiblement, très peu disposée à s’intégrer à la société, c’est dans la mesure exacte où elle est déjà parfaitement intégrée au système qui détruit cette société »
D’où alors, sans une once d’ironie, mon article visant à dire qu’il valait mieux ce « hors-la-loi d’autrefois », plus respectueux de certaines coutumes entretenant l’entente et l’entraide dans la vie privée, tout en étant dans un rapport d’opposant plus consistant — et plus « anarchiste » mais là je mets des guillemets — à la coercition étatique.



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