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NicoContagem NicoContagem 31 juillet 2015 16:02

En tant que paléontologiste, pouvez-vous dire si les découvertes effectuées dans ce domaine répondent aux attentes de la théorie darwinienne ?

Pr Fondi. - La théorie darwinienne, mais aussi la pensée évolutionniste initiée par Lamarck, repose sur trois postulats :

1. La vie a été générée de façon spontanée, par l’assemblage de différentes molécules ;

2. La vie a subi un processus de transformation graduelle qui a permis de passer de formes simples à des organismes toujours plus complexes ;

3. La génération de la vie et sa transformation ont été réalisées grâce à l’action de forces naturelles (électromagnétiques, chimiques, gravitationnelles, etc.), et non métaphysiques ou spirituelles. Pour montrer la fausseté des deux premiers postulats de cette mythologie moderne, la paléontologie suffit : les roches les plus anciennes sont âgées de 4 milliards d’années. Or les premiers êtres vivants (des algues bleues ou des bactéries) apparaissent il y a 3,5 milliards d’années. Il n’y a donc qu’un laps de temps de 500 millions d’années pour « produire « le premier être vivant, et cela est trop court pour que la vie ait pu être produite par hasard.

Trop court ?

Oui : la cellule la plus simple que l’on puisse envisager est déjà un objet d’une complexité inimaginable, avec sa fameuse double hélice d’ADN qui lui permet de se dupliquer. Quant au second postulat il est réfuté par la paléontologie du XXème siècle : elle montre que l’histoire de la vie est pleine de discontinuités, qu’elle n’entre pas dans les schémas darwiniens.

Quelles sont ces discontinuités ?

La première, comme je viens de le dire, c’est l’apparition de la vie elle-même. Les roches anciennes ne portent aucune trace du bouillon de molécules - » la soupe primitive « - d’où aurait surgi la vie. Ensuite, les plus anciennes formes de vie ont persisté pendant 3 milliards et 200 millions d’années en n’apportant aucune nouveauté remarquable à l’exception de « l’invention » du noyau de la cellule. Puis, trois faunes composées d’organismes pluricellulaires sont apparu à l’improviste : ces faunes sont si différentes l’une de l’autre et si rapprochées dans le temps qu’elles ne permettent pas de concevoir quelque lien plausible que ce soit de « descendance avec modification « entre elles. Le long de l’histoire de la vie, nous assisterons à des apparitions soudaines de formes nouvelles souvent radicalement différentes entre elles qui restent substantiellement inchangées pendant des millions d’années, et qui finissent ensuite par des extinctions tout aussi soudaines et immédiatement suivies de nouvelles apparitions. Ainsi, si on imagine un arbre généalogique de l’évolution, il n’existe que des feuilles et quelques branches, mais pas de nœuds ni de tronc : c’est un arbre qui ne tient pas debout ! C’est pourquoi, lorsqu’un paléontologiste prend publiquement parti pour les idées de Darwin, il n’est pas, selon moi, en paix avec sa conscience.

Que peut-on déduire de tout cela en ce qui concerne le troisième ?

Il peut être mis en cause. En effet, selon les points de vue darwiniens (même celui de Gould, qui admet les discontinuités mais ne veut pas recourir à d’autres explications que des mutations au hasard et des lois strictement mécanistes), il est impossible de montrer comment ces discontinuités, ces « sauts » peuvent être franchis.

Nous pouvons donc penser que la matière vivante n’est pas seulement ce que nous appelons matière, mais est une « matière informée ». C’est-à-dire que le développement des organismes n’est pas seulement déterminé par le hasard, la nécessité ou des lois mécaniques, mais aussi par une information, un programme, inscrits dans la matière vivante. Il s’agit là d’un point fondamental. Si nous admettons la nécessité de modes d’information autres que ceux, strictement matériels, connus jusqu’ici, pour expliquer le développement de la vie tel que nous le révèle la paléontologie, nous pouvons admettre l’existence de « formes « ou d’archétypes. Et alors tout peut être expliqué en remontant d’un phénomène aux archétypes qui le régulent.

Pour résumer je pourrais dire que je crois à une « évolution par archétypes « . Les espèces n’apparaissent pas à partir de rien, elles existent déjà dans la réalité sous formes potentielles, elles sont la manifestation d’archétypes. Chaque archétype peut s’exprimer de nombreuses façons - d’où les variations que nous constatons à l’intérieur d’un type - mais il n’y a pas d’intermédiaire possible entre les archétypes d’où les discontinuités que nous constatons dans l’évolution.

La majorité des biologistes ne partagera sans doute pas cette vision.

Pour moi c’est seulement une question de temps. Les évolutionnistes évoluent... Et je crois qu’il n’est pas exclu qu’à partir de la biologie on puisse demain, comme à partir de la physique aujourd’hui, arriver à la conclusion que la réalité physique n’est pas la réalité complète.





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