Tiens , c’est pour toi zobzob :
Jean Bricmont , « le
problème de nos sociétés n’est pas le complotisme mais le fidélism aux médias
dominants ».
Copié collé de certaines partie du texte :
« L’essence du « complotisme », c’est
la croyance en une force invisible qui manipule les acteurs des tragédies
humaines et qui tire les ficelles des grands événements. En réalité, la théorie
du complot la plus répandue, et qui est aussi ancienne que l’humanité, c’est
l’idée qu’il existe une ou plusieurs divinités invisibles qui s’occupent de nos
affaires et répondent à nos prières, autrement dit les croyances religieuses
que l’on nous demande par ailleurs régulièrement de « respecter ».
Mais le « complotisme » n’est en général qu’une réaction (maladroite
selon moi) de scepticisme par rapport à la propagande de l’Etat et des médias.
Pour autant, si l’on y réfléchit, toutes les allégations
concernant les mauvaises intentions (cachées) de Poutine ou d’Assad, ainsi que
de nos ennemis passés ou futurs, sont aussi du type « théorie du complot ». Simplement, quand ces théories visent
les adversaires de nos États, aussi farfelues soient-elles, elles deviennent
respectables.
D’autre part, je ne suis pas
sûr que des « complotistes » avaient imaginé, lors de la guerre en Libye en 2011,
le degré de cynisme et de manipulation de l’opinion de la part de Mme Clinton
qui est révélé par ses e-mails. La réalité dépasse parfois l’imagination la
plus débridée.
Par ailleurs, le reproche que
je ferais au « complotisme », c’est qu’en tentant de démontrer des crimes cachés,
il semble ignorer ce qui est évident : les crimes avérés et documentés de façon
indiscutable de l’impérialisme américain et de sa politique d’ingérence
universelle, qui sont tellement monstrueux qu’il est inutile de vouloir en
trouver de nouveaux, même cachés. De façon symétrique, les gens qui dénoncent
le « complotisme » ignorent souvent ces crimes évidents et font comme si la
réfutation des complots permettait d’absoudre la politique des Etats-Unis.
Si certains trouvent qu’il est essentiel de combattre le
complotisme, libre à eux de le faire. Mais qu’en est-il de la critique de la
propagande de guerre ? Et qu’en est-il de la défense de la liberté d’expression
?
Plus fondamentalement, je doute très
sérieusement que ce genre d’attaque unilatérale contre le « complotisme » ait un
quelconque effet positif. Si on veut
vraiment combattre le « complotisme », il faudrait commencer par reconnaître la
légitimité du scepticisme grandissant à l’égard de la propagande
médiatico-politique.
Il faudrait aussi reconnaître qu’il vaut mieux un excès de
scepticisme à l’égard du discours dominant qu’un excès de crédulité. Le
problème fondamental de nos sociétés n’est pas le « complotisme » mais la
fabrication du consentement et le fidéisme à l’égard des médias dominants ».
Très bon.