@yoananda
« Je suis contre les
explications 100% culturelles (mais pas contre les explications culturelles qui
complètent les explications biologiques/géographiques). »
Moi aussi, ma vision des peuples est
totalisante. Un peuple forme un tout et c’est ce tout qui est réceptif, ou non,
à quelque chose. Pourquoi alors que l’Italie adopte le fascisme, et
l’Allemagne, le national-socialisme, n’existe-t-il rien de semblable, fut-ce
sous une forme groupusculaire, en France et en Angleterre ?
La British Union of Fascists,
d’Oswald Mosley, fondée en 1932, n’obtiendra jamais de résultats électoraux
significatifs. Le Parti populaire français de Jacques Doriot, non plus.
Je serais tenté de dire, mais c’est
un constat pas une explication, que l’identité anglaise comme l’identité
française sont réfractaires à ce type de projets politiques. La vérité, c’est que le fonctionnement d’un
peuple est un processus plein de mystères.
A ma connaissance, la France est le
seul pays où, à la libération, on tond des femmes. Les Italiens pendent, par
les pieds, leur dictateur, sa maitresse et quelques-uns de ses hiérarques, en
Allemagne, je n’ai jamais entendu parler d’un seul cas de lynchage d’un chef
local de la Gestapo ou d’un petit responsable régional du parti, par exemple.
Ces différences de comportements ne
se satisfont pas d’une explication banalement culturelle.
« J’ai bien dit que les inuits pourraient… »
…et l’adoption simultanée du
fusil-harpon et de la motoneige pouvait aussi leur permettre de multiplier leur
PIB/hab par dix ou par vingt, en étendant les zones de chasse et en augmentant
la précision du tir…
« …des cultures plus ou moins rigides qui
expliqueraient une résistance plus ou moins grande à l’innovation. »
Pour ma part, je ne crois pas une
résistance à l’innovation, qui induirait peut-être une sorte de refus du
progrès -, mais à une non-perception de l’utilité. Les Indiens adoptent le
fusil, mais pas la roue. Or, nous avons tous vu, dans des films, des colonnes
d’Indiens emmenant avec eux, leurs vieux grabataires, leurs malades, leurs blessés,
leurs enfants et des marchandises, sur des travois qui leur tiennent lieu de
charrette. Il y a forcément, dans cette préférence, une raison autre que
culturelle
« Il n’en reste pas moins que
la révolution industrielle s’est passée en Europe et pas en Afrique ou le QI
est plus faible (mais ou la nécessité de ce QI n’est pas aussi vitale). »
Mais la révolution industrielle ne
pouvait pas se produire en Afrique. Et elle ne pouvait pas se produire ailleurs
que dans une partie de l’Europe de l’Ouest. Parce que c’est dans cette
partie-là de l’Europe de l’Ouest que les conditions se sont trouvées réunies pour
le « démarrage » de la révolution industrielle.
Or, la révolution industrielle,
c’est l’aboutissement d’un processus de plusieurs siècles. Gregory Clark,
professeur d’économie à l’Université de Californie à Davis, dans « Adieu
l’aumône » (jamais traduit en français !), énumère les quatre causes
qui expliquent la stagnation des pays sous-développés :
1. une
vie tournée vers le présent et l’incapacité à consentir des sacrifices
immédiats pour un mieux-être ultérieur
2 . une
maîtrise très approximative du calcul, de la lecture et de l’écriture. Et une
volonté insuffisante de développer ces compétences
3. la
résolution des conflits par la violence physique plutôt que par la négociation
4. une
quantité de travail insuffisante.
Pour Clark, il s’agit là d’un stade
que tous les pays ont connu, y compris l’Angleterre, où la marche vers la
révolution industrielle commence au XIIIe siècle, quand « Être économe,
prudent, travailleur et négocier sont devenus les valeurs de communautés qui
auparavant étaient dépensières, impulsives, violentes et paresseuses.
»
De ce fait, Clark ne croit pas à
l’utilité des politiques de développement et il va plus loin en observant que
les Africains n’ont pas d’autres vraies perspectives d’avenir que… l’émigration
vers l’Europe. Ça promet…