@Charly83
Ce glissement de sens conduit à ne pas faire de gradation
entre les erreurs et les fautes de chaque camp, en tenant pour acquis de
manière implicite que puisque les torts sont partagés dans le discours, cela
veut dire qu’ils sont partagés, aussi, et de manière égale, dans la réalité.
------> Bonne remarque et si mon commentaire amène à une telle déduction,
c’est qu’il relève du fallacieux comme le disait plus haut Heptistika, ce n’était
pas du tout ce que je voulais dire. Mais tu as très bien compris que je me
borne à la communication pour parler de ces deux camps.
Si on sort de la dimension communication et
qu’on parle de la réalité, de ce qui se passe réellement sur zone, il y’a d’un
coté des personnes qui subvertissent une nation et de l’autre ceux qui s’opposent
à cette opération, il n’y a évidemment pas d’équivalence entre celui qui subverti et celui
qui tente de résister à la subversion.
Raison pour laquelle je suis de tout cœur avec
les Vénézuéliens qui défendent leur souveraineté et sans aucune nuance possible,
je croise les doigts pour qu’ils remportent cette bataille.
Il y a un pays qui fait des erreurs, le Vénézuela, et un pays
qui fout la merde, les USA. On a tellement l’habitude que les USA s’ingèrent et
foutent la merde dans d’autres pays qu’on a tendance à oublier que ce n’est pas
normal : on a intériorisé l’impérialisme et le capitalisme rapace comme
étant des lois naturelles. C’est ainsi, la loi du plus fort gouverne le monde.
Pour employer une image, c’est comme si celui qui se faisait agresser avait le
tort de ne pas avoir appris à se défendre. C’est bien ce que tu dis, si on
transpose ça du combat économique au combat de rue : il aurait dû se
construire un corps capable de résister à cette agression et aux agressions qui
lui seront livrées dans le futur. Coupable de négligence, de
naïveté, d’incompétence, d’un côté. Coupable d’agression de l’autre. Ce n’est
pas du manichéisme, c’est du factuel.
------> Là par
contre je serais moins en accord avec toi. Mais il y’a une raison : je pars
en effet du principe que c’est « la loi du plus fort » (tout
simplement la force en fait) qui structure
les relations internationales. Non pour des raisons « naturelles » (la
nature n’a rien à faire dans cette histoire) mais plutôt structurelles ( càd qu’il existe un fondement culturel
en deçà de la conscience et de la pensée générant certaines pratiques spontanées
prédéterminant partiellement les actions des acteurs ). Et cette
structure internationale implique que les entités qui le constituent sont en
compétition constante (ce qui n’exclut
pas la coopération qui est bien évidemment centrale et qui existent
puisque les intérêts convergents ne manquent pas).
Une fois qu’on a posé ce contexte, on
peut affirmer que le principal objectif poursuivi par un État est la recherche de la survie, et sa propre sécurité
est garantie par la Puissance. Cela implique que les États doivent augmenter
leur propre puissance pour assurer leur défense et leur propre survie face à
d’autres États potentiellement hostiles et plus puissants.
De cette perspective, la question n’est
pas de savoir qui est coupable d’agression puisque l’agression est une norme,
la question est plutôt de savoir si les responsables politiques mettent
tout en œuvre pour résister aux agressions. Nicolas Machiavel expliquait que le
gouvernement avisé ne doit avoir d’autres pensées que la guerre, et les
institutions et sciences de la guerre. Et quid de la paix ? C’est la violence en puissance, celle qui n’a
pas besoin de s’exercer sinon par les effets d’une menace insidieuse.
Autrement dit, qui veut la paix prépare la guerre.
C’est-à-dire que tous les domaines de la vie
sociale (économiques, politiques, culturel , diplomatique etc.), doivent pour le gouvernant avisé, être
orientés vers l’indépendance (qui ne doit pas être confondu avec l’autarcie) du
corps politique qu’il dirige et la Puissance est le moyen de cette indépendance.
Le Venezuela a depuis les années 20 une structure économique complètement
déséquilibré dont a hérité la révolution bolivarienne et qui rend ce pays très
fragile aux guerres économiques (cela nécessiterait un long développement). La
guerre économique actuelle engendre une crise politique qui elle-même dégénère
en crise sociale.
L’important à présent pour les chavistes est de faire une
autocritique intelligente de la révolution bolivarienne et en ce qui me concerne,
les points positifs sont supérieurs aux points négatifs mais nous sommes
arrivés au stade ou les points négatifs sont entrain de faire disparaitre les
acquis de cette révolution. Et de cette autocritique doit émerger une tactique
pour faire face à cette crise sociale mais surtout une doctrine stratégique qui
permettra de bâtir un Etat suffisamment puissant pour résister aux tentatives
de subversion.
C’est facile à dire mais extrêmement difficile à faire, j’en
suis conscient, ça demande un immense talent politique et je doute des
capacités de Maduro qui semble tenu par les militaires et les « bolibourgeois »
qui profitent du système actuel. Au lieu de faire cette autocritique indispensable,
le pouvoir en place se raidit (ce qui peut se comprendre dans ce contexte de
crise sociale mais tout de même) et s’enferme dans une rhétorique
anti-impérialiste tout en prenant des mesures qui aggravent la situation.
Je le redis , cette autocritique doit venir des chavistes eux-mêmes
( pas de ce conglomérat d’aventuriers compradores que les médias occidentaux se
plaisent à nommer « opposition » ) et beaucoup de chavistes la
demandent mais ils se font réprimer parfois aussi durement et là il y’a un problème …